Arrestations massives à Hama, théâtre d'une grève générale

Les forces de l’ordre ont poursuivi, aujourd'hui, leur entreprise visant à reprendre Hama, alors que la ville est le théâtre d'une grève générale de protestation au limogeage du gouverneur de la région. Le gouverneur avait été limogé samedi, au lendemain de la manifestation record de plus de 500 000 personnes qui a eu lieu à Hama. Vendredi, aucune présence des services de sécurité n'avait été signalée et aucun protestataire n'avait été tué dans cette immense manifestation, selon des militants. Mais « il semble que certains aient conseillé au régime d'opter pour une solution militaire à Hama après la manifestation monstre de vendredi », a déclaré à l'AFP un opposant sous couvert d'anonymat.

Alors que les chars qui étaient postés à l'est et au nord-est de Hama avaient disparu dimanche, selon le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane, les forces armées auraient de nouveau investi la ville aujourd'hui et procédé à une campagne d'arrestations massives. « Entre 200 et 300 personnes ont été arrêtées à Hama ce lundi », a affirmé un militant des droits de l'Homme qui a requis l'anonymat. Des tirs ont également été entendus en plusieurs endroits de la ville d’après Al-Arabiya. Selon un habitant de la ville, contacté par l'AFP depuis Nicosie, un enfant de 12 ans a été tué dans un quartier à la périphérie nord-ouest de Hama, et 20 à 25 personnes ont été blessées par balles, dont deux grièvement ». « Les voitures des hommes de main du régime circulent dans les rues et tirent en l'air pour terroriser les habitants, dont certains ont commencé à quitter la ville pour Alep (nord) », a-t-il précisé.

La répression opérée par le régime baasiste se poursuit également dans d'autres villes de Syrie. Deux civils ont été tués et huit autres blessés, dimanche soir, par des tirs des forces de sécurité qui dispersaient une manifestation à Hajar Assouad dans la province de Damas, a indiqué M. Abdel Rahmane. Huit personnes ont également été blessées lundi à l'aube au cours d'une opération militaire dans le gouvernorat d'Idlib, à la frontière turque. « L'armée a pris d'assaut lundi à l'aube le village de Hass et est arrivée aux abords de Kfar Noubel. L'armée a contrôlé la localité voisine de Kafr Roma et les soldats sont déployés entre Hass et Kfar Noubel », ont indiqué des militants. « Des chars de l'armée ont investi la ville de Maaret al-Nouman (nord-ouest), par plusieurs côtés après avoir pilonné la ville de façon intensive », ont-ils précisé. D'autre part, les forces de sécurité ont procédé à une campagne de perquisitions dans le village de Nassib dans le gouvernorat de Deraa (sud), où est née la contestation contre le régime du président Bachar el-Assad le 15 mars, selon des militants des droits de l'Homme. « 14 personnes ont été arrêtées dans ce village à la frontière avec la Jordanie, lors d'une campagne lancée tôt lundi par la sécurité syrienne », a indiqué un militant.

Le régime syrien, malgré son isolement et les sanctions internationales adoptées contre lui, continue de réprimer le mouvement de contestation en accusant des « groupes terroristes armés » de vouloir semer le chaos dans le pays. Malgré cette répression violente, le nombre de réfugiés syriens en Turquie ne cesse de diminuer, d’après les autorités turques. Des centaines de réfugiés auraient quitté la Turquie ces deux derniers jours pour rentrer dans leurs villages. 9 909 personnes vivent aujourd’hui dans six camps de réfugiés dans la province du Hatay alors que le nombre de réfugiés avait dépassé les 11 000 à la fin du mois dernier.