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Liban - Un été à Beyrouth

Sardines et borosilicate

Le marteau piqueur comme réveil matin : Achrafieh est un chantier à ciel ouvert.
Les ouvriers en casques bleus, jaunes ou verts sont majoritairement syriens : les enfants des militaires de l’ex-armée de tutelle? Les petits-enfants des ouvriers agricoles des années d’avant-guerre ? Quoi qu’il en soit, il est doux de penser que ceux qui ont contribué à détruire le pays participent activement à sa reconstruction.
La lumière du matin est crue. Nul besoin au Liban de soigner les dépressions par la luminothérapie. Le ciel s’en charge. La journée s’annonce belle. À défaut de vivre un printemps politique, Beyrouth profite d’un climat d’une douceur exceptionnelle.
Un jour de congé en cours de semaine décuple le sentiment de liberté. Cap sur le Sud : les plages de Jiyeh. Autoroute rapide vers le soleil. La circulation est ralentie au niveau de l’Escwa, là où des branches de bougainvillée épousent les circonvolutions du fil de fer barbelé. Par la fenêtre, le gendarme renseigne sur le motif du rassemblement : des femmes revendiquent leurs droits. Alors il faudrait se garer en deuxième file et aller pousser le refrain avec elles ?
Chacune ses droits, et d’abord celui de profiter d’une journée de plage.
Sur les panneaux qui rythment l’autoroute de l’aéroport, alternent communications politiques du Hezbollah et promotions d’immeubles divers. Avec, ça et là, une incitation à fumer et une incitation à cesser de le faire. Une incitation à investir. Une incitation à acheter un bikini ou un burkini.
Les murs qui limitent cette voie rapide creusée sous les pistes de l’aéroport s’ornent de graffitis. Beaucoup de messages d’amour. Délicieux celui d’Abou Brahim à Oum Brahim : « Enté el sabe3 bharate bé hayété »! Ou celui de cet anonyme confessant un peu plus loin son addiction à sa bien-aimée : « You made me you-holic ». Le rêve.
Au grand dam de certains Kesrouanais qui pensent que leur territoire s’arrête à Naher el-Kalb et de certains Metniotes qui pensent que le leur s’arrête aux limites du Grand-Beyrouth, les seules frontières réelles sont celles reconnues internationalement. Et encore.
Le Liban a plus de deux cents kilomètres de côtes. Deux cents kilomètres d’une frontière pacifique, pour se saouler d’horizon, pour tourner le dos aux tracasseries et jacasseries, pour se faire un peeling de sable fin, déjeuner de sardines péchées le matin même par les plagistes et pour lire et finir un roman par jour. Exemple : « Achever Clausewitz » ? Oui mais au borosilicate !
Un shift sur la chaise longue, les orteils en éventail, et se reposer de la position allongé en se laissant flotter sur les vagues, l’esprit à la dérive. Oubliés les soucis du boulot, les examens de fin d’année des enfants et le narcissisme de la petite différence de nos politiciens.
La journée avance au rythme du voyage du soleil. Sans montre, on peut évaluer le temps qui passe aux changements de la lumière, bercés par l’incessant clapotis des vagues. Flux. Reflux. Jusqu’au moment où le disque magique se couche.
Il y eut un soir. Il y eut un matin. Premier jour, et retour.
Le marteau piqueur comme réveil matin : Achrafieh est un chantier à ciel ouvert. Les ouvriers en casques bleus, jaunes ou verts sont majoritairement syriens : les enfants des militaires de l’ex-armée de tutelle? Les petits-enfants des ouvriers agricoles des années d’avant-guerre ? Quoi qu’il en soit, il est doux de penser que ceux qui ont contribué à détruire le pays participent...
commentaires (6)

Alors qu'il y a des internautes qui vantent le texte agréable de Carla et le plaisir imagé de la baignade ,il reste un zozo qui en profite pour semer son venin...tel Iznogoud qui au milieu de geants se met sur la pointe des pieds en criant 'et moi, et moi ' Mathieu Chams

chams mathieu

11 h 31, le 02 juillet 2011

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Commentaires (6)

  • Alors qu'il y a des internautes qui vantent le texte agréable de Carla et le plaisir imagé de la baignade ,il reste un zozo qui en profite pour semer son venin...tel Iznogoud qui au milieu de geants se met sur la pointe des pieds en criant 'et moi, et moi ' Mathieu Chams

    chams mathieu

    11 h 31, le 02 juillet 2011

  • MJT: Veni, Vidi, Vécu.

    Daniel LANGE

    07 h 22, le 02 juillet 2011

  • - Les vraies barrières sont celles qui bordent les esprits et les âmes. Si on peut s'en débarrasser, les 10452 km2 sont tout un monde. Tasso Tsiris

    Tasso Tsiris

    07 h 12, le 02 juillet 2011

  • Rafraichissant! Roy ALLAM

    roy ALLAM

    05 h 56, le 02 juillet 2011

  • Tres jolie description d'une journee de vacances dans un pays de reve sauf que vous oubliez qu'a cote de la pub de boubrahim il y en a quelques centaines d'autres, a cote des hymnes au Hezbollah il y a aussi les quelques autres milliers du Amal et du PSNS, etc..... et pour finir vous nagiez dans la mer la plus deguelasse et polue de la Mediterranee! Sinon le Liban reste le plus beau pays au monde "Wel 2erd bi 3eymn 2emmo ghazel"!

    Petrossou

    00 h 32, le 02 juillet 2011

  • Tellement vrai et tellement reel...Le reve! mais le vrai reve serait qu'on nous foute la paix et qu'on nous laisse vivre et profiter de notre beau pays et de nos 10.452 km2. Carla ton texte est a ton image : Clair, net et precis!. Je ne l'ai pas seulement lu, je l'ai vaicu!

    Marie-joe Taleb

    00 h 05, le 02 juillet 2011

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