Rechercher
Rechercher

Actualités

Le discours de Bachar el-Assad mal accueilli par les Etats-Unis la France et la Turquie

Le président Bachar el-Assad a promis lundi des réformes susceptibles de mettre fin à l'hégémonie de son parti en Syrie tout en se disant déterminé à faire cesser le "chaos", mais les opposants, loin d'être satisfaits, ont appelé à poursuivre la révolte jusqu'à la chute du régime.

Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a jugé que Bachar el-Assad avait atteint

Des manifestations hostiles au régime ont éclaté dans différentes régions de Syrie après le discours de M. Assad, notamment à Alep (nord) et à Homs (centre), selon des militants des droits de l'Homme.
Dans un discours à l'Université de Damas, sa troisième intervention publique depuis le début le 15 mars du mouvement de contestation, M. Assad n'a pas annoncé de mesures concrètes immédiates.
Devant une salle comble qui l'a accueilli avec des applaudissements et slogans à sa gloire, il a expliqué que les réformes envisagées ne pouvaient être décidées dans la précipitation, proposant d'attendre l'élection d'un nouveau Parlement prévu en août.
"Pas de réformes à travers le sabotage et le chaos", a-t-il lancé tout en appelant à un "dialogue national qui pourrait aboutir à des amendements à la Constitution ou à une nouvelle Constitution".
Il a aussi évoqué la possibilité "d'amender (...) la clause 8", qui fait du Baas le "parti dirigeant de l'Etat et de la société" en Syrie depuis 1963. Son annulation est l'une des revendications principales de l'opposition.
"Il y a certainement un complot" contre la Syrie, a-t-il par ailleurs affirmé.
Les manifestants syriens réclament aujourd'hui la chute du régime et des élections libres, en plus de l'annulation de la clause 8.
"Nous jugeons inutile tout dialogue qui n'aboutirait pas à tourner la page du régime actuel", ont répété les Comités locaux de Coordination, qui chapeautent les militants organisant les manifestations, après le discours de M. Assad.
Ils ont appelé à poursuivre "la révolution jusqu'à la réalisation de tous ses objectifs", estimant que le discours "consacre la crise".
L'avocat des droits de l'Homme Anouar Bounni, qui vient de purger une peine de cinq ans de prison, l'a jugé de son côté "décevant". "Une véritable solution politique est basée sur des conditions qui n'ont pas été évoquées comme le retrait de l'armée des villes et le respect du droit à manifester pacifiquement".
M. Assad a fait la distinction entre les manifestants qui, a-t-il admis, ont des revendications légitimes et les "saboteurs".
"Les responsables de l'effusion de sang rendront des comptes", a-t-il dit. Selon des ONG syriennes, la répression a fait plus de 1.300 morts parmi les civils.
"Il est du devoir de l'Etat de poursuivre les saboteurs, il n'y a pas de solution politique avec ceux qui ont porté les armes", a lancé le président, 45 ans, arrivé au pouvoir en juillet 2000, un mois après la mort de son père, l'ex-président Hafez al-Assad.
Lundi, les autorités ont montré à des diplomates et journalistes une "nouvelle fosse commune" près de Jisr al-Choughour (nord-ouest) désertée par ses 50.000 habitants à la suite de violences meurtrières au début du mois. L'armée s'est déployée dans la ville le 12 juin.
Un photographe de l'AFP a pu constater le retrait de huit cadavres et une source militaire a ensuite indiqué que 29 corps avaient été retirés de la fosse. Selon l'agence officielle Sana, il s'agit des corps de policiers tués par des "groupes armés".
Le président Assad Il a d'autre part brandi le risque d'un "effondrement de l'économie syrienne", jugeant nécessaire de lui "redonner confiance".
Son régime, cible de sanctions des Etats-Unis et de l'Union européenne, est resté sourd aux appels à cesser la répression et à entreprendre des réformes immédiates, notamment de son allié turc.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a jugé lundi que Bachar al-Assad avait atteint "un point de non-retour" et il n'y avait "aucune raison de le prendre aujourd'hui au sérieux".
"Ce n'est pas la déclaration d'aujourd'hui qui change le contexte", a-t-il dit, se disant convaincu que le président syrien n'est pas en mesure de s'amender après la répression "d'une violence inouïe" imposée à son peuple.
Son homologue allemand Guido Westerwelle a pour sa part évoqué "le discours d'un incorrigible, qui n'a apparemment pas compris les signes des temps".
"Je pense qu'il est urgent et nécessaire pour le régime d'Assad de faire un demi-tour de 180 degrés en Syrie et de retourner à un dialogue", a précisé M. Westerwelle.
Washington demande "des actes, pas des mots", a pour sa part indiqué le département d'Etat, après le discours d'Assad.
L'Union européenne a annoncé de son côté un renforcement de ses sanctions à l'encontre du régime syrien, avertissant que la "crédibilité" du président Assad pour rester au pouvoir dépendrait des réformes promises.
Le discours de M. Assad a coïncidé avec la visite à Damas du président de la Croix-Rouge internationale, Jakob Kellenberger, venu réclamer l'accès aux personnes affectées par les violences. Il a été reçu par le Premier ministre Adel Safar qui a affirmé "le soutien du gouvernement syrien aux efforts du CICR", selon Sana.
Des manifestations hostiles au régime ont éclaté dans différentes régions de Syrie après le discours de M. Assad, notamment à Alep (nord) et à Homs (centre), selon des militants des droits de l'Homme.Dans un discours à l'Université de Damas, sa troisième intervention publique depuis le début le 15 mars du mouvement de contestation, M. Assad n'a pas annoncé de mesures...