Rechercher
Rechercher

Culture - Exposition

À la manière de Warhol

Trente artistes internationaux plutôt qu'un seul à l'espace Kettaneh Kunigk explorent l'art de reproduire des images uniques et multiples à la manière de l'immortel Andy Warhol.

Une copie des copies de la « Joconde » réalisées par Andy Warhol.

Pour Andy Warhol, trente Monna Lisa en valent mieux qu'une! Et pour prouver qu'il adhère parfaitement à la fameuse philosophie de «désacralisation de l'œuvre d'art», le maître du pop art réalise, en 1963, à l'occasion de la venue de la Joconde au Metropolitan Museum, une œuvre ou il juxtapose trente images de la célèbre Monna Lisa laquelle est sérigraphiée en noir sur fond blanc. Et, tout esprit batailleur et abrasif qu'il était, il y appose l'intitulé péremptoire «Thirty are better than one». Multiplication quand tu nous tiens... S'inspirant de cette démarche artistique, l'espace Nayla Kettaneh Kunigk présente trente œuvres réalisées dans le même esprit de reproduction et de répétition que cette fameuse œuvre représentée ici en copie.
Cette exposition introduit ainsi, au public, certains artistes de renommée internationale mais jamais exposés au Liban, tout en explorant ce modèle d'expression inhabituel qu'est le «leporello» (bande de papier pliée en zigzag) auquel se sont essayés ces fabricants d'images d'un genre nouveau.
Sont exposées donc des reproductions des œuvres d'artistes décédés comme Joseph Beuys, Dan Flavin, Donald Judd, Keith Haring, Sol LeWitt, Nam June Paik et Andy Warhol. Et 27 autres tableaux (imprimés aux encres pigmentaires) réalisés par autant d'artistes étrangers auxquels il a été demandé de s'inspirer «de l'impression, de l'image sérielle et de la multitude d'images que nous absorbons d'une manière presque cinématographique aujourd'hui», comme l'indique le mot d'intention de la galerie.
Qu'elles soient porteuses d'un cachet littéraire, poétique, psychédélique, futuriste, nostalgique, géométrique ou design, les œuvres sont toutes présentées de la même manière, dans des cadres rectangulaires en aluminium brossé.
Beuys, artiste culte en Allemagne, représente sur son «leporello» un autre symbole de la culture de son pays, Goethe, en faisant un montage de texte tiré de l' Iphigénie goethien et du Titus shakespearien.
Puis défilent sous les yeux du visiteur les fluorescences de Dan Flavin, les personnages typiques de Keith Haring, les «Color blocks» de Donald Judd, un «Wall drawing» ou deux mots tracés en gris sur blanc par la belle écriture de Sol LeWitt, des variations psychédéliques et images rock and roll tirées d'une vidéo de Nam June Paik.
Si le maître du pop art a réduit un chef-d'œuvre à un pochoir monochromatique, il a été le seul à présenter trente versions copies conformes. D'autres artistes se sont inspirés du médium pour faire une sorte de suivi d'images comme on ferait un dessin animé. Comme Tony Oursler dans son Fool ou Robin Rhode dans Spade for Spade. Christo et Jeanne Claude signent des photographies aériennes d'une installation immense (sans doute la plus spectaculaire du couple) réalisée sur onze îles de la baie de Biscayne à Miami qui ont été encerclées par une ceinture en polypropylène rose fuchsia pour deux semaines en 1983.
Le «leporello» à dix plis de John Baldessari, intitulé «Give me a B, give me an A... & etc.», présente un imagier d'objets ou d'animaux représentant les 10 lettres de son nom.
Peter Halley a reproduit digitalement, en cinq versions différentes, des taches d'encre multicolores.
Tout en minimalisme linéaire, l'œuvre de Daniel Buren représente deux bandes longilignes d'un beau rose éclatant sur fond blanc.
Côté clichés, on retrouve également les photos graineuses et floues de l'artiste belge Luc Tuymans tirées d'un film en super huit Harbour and Refribell qu'il a réalisé dans les années 80. Bernd et Hilla Becher, surnommés «les entomologistes du patrimoine industriel», ont pour leur part immortalisé une tour d'extraction d'une mine de charbon à Waltrop (Allemagne), présentée en cinq scènes répétitives, mais prises d'un angle différent.
Sous l'intitulé «Essentials», l'artiste-peintre et sculpteur américain Robert Longo juxtapose sept scènes de nature dramatisées ou surréalistes: coussin en lévitation, vague déferlante, typhon grandissime...
Mais la palme de l'œuvre la plus mathématique et à visée sociale reviendrait sans aucun doute à Santiago Sierra et son étude économique sur la peau des habitants de Caracas. L'artiste a photographié le dos d'une trentaine d'individus et a placé en vis-à-vis la somme d'argent que chacun gagne par an. Ses calculs ont abouti à une conclusion: ceux qui ont une peau foncée gagnent moins d'argent que ceux qui ont la peau blanche. Une œuvre polémique, certes, mais emblématique du rôle social que peut jouer un artiste dans un contexte déterminé. Et qui offre une certaine lecture de son époque. Un peu à la manière de Warhol, mais dans un autre pays, à une autre époque.

* «Thirty are better than one» à l'espace Kettaneh Kunigk, centre Gefinor, bloc E, du lundi au vendredi de 13h00 à 19h00 et samedi de 12h00 à 17h00. Tél. : 01/738706.
Pour Andy Warhol, trente Monna Lisa en valent mieux qu'une! Et pour prouver qu'il adhère parfaitement à la fameuse philosophie de «désacralisation de l'œuvre d'art», le maître du pop art réalise, en 1963, à l'occasion de la venue de la Joconde au Metropolitan Museum, une œuvre ou il juxtapose trente images de la célèbre Monna Lisa laquelle est sérigraphiée en noir sur fond blanc....

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut