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Liban - Initiative citoyenne

Éducation sexuelle pour tous !

O.S.E. est le pari de cinq jeunes Libanais qui aspirent à une société tolérante et libérée de ses tabous.

Des jeunes sur le campus d’une des universités de Beyrouth.  Photo Marwan Assaf

O.S.E. Ces trois lettres sonnent comme une provocation. Le jeu de mot est choisi. Le logo aussi. «Nous avons pris la feuille de figue en référence à la mythologie grecque, explique Élie Abou Merhi, à l'origine du projet. La feuille servait à recouvrir les parties intimes. Nous voulons ôter cette feuille.» Le message est clair: soulever la feuille, c'est lever les tabous autour de la sexualité. Des tabous encore trop présents pour les membres de l'association.
L'Organisation pour l'éducation sexuelle est une organisation non gouvernementale libanaise qui milite pour une meilleure connaissance du sujet au sein de la société. Les cinq membres qui la composent ont des profils divers. Juriste, professeur de théâtre ou psychologue, ils sont animés par la même urgence d'informer et après seulement deux mois et demi d'existence, le programme d'action de l'organisation est élaboré. Objectif: libérer la parole dans le domaine de la sexualité. Population ciblée: la communauté au sens large, à savoir les familles, le corps enseignant, mais aussi les travailleurs migrants, les réfugiés, les prisonniers. Mots d'ordre: communication, compréhension, tolérance. Première action: mettre en place des cours d'éducation sexuelle dans les établissements scolaires au même titre que le français ou la biologie.
L'aventure est partie d'un constat né de leurs expériences quotidiennes: «Dans le domaine de la sexualité, il n'y a pas d'éducation», fait remarquer Maya Bou Hamad, l'une des psychologues du groupe. «On n'aborde pas la question des rapports sexuels. Les gens ont des interrogations, mais n'ont nulle part où aller ni personne vers qui se tourner. Pourtant, l'information existe mais il faut la connaître », renchérit Mike Ayvazian, professeur de théâtre.
Ils ont donc choisi d'offrir une plateforme d'information accessible à tous. La colonne vertébrale du projet est un site Web qui comprendra une librairie en ligne et un centre de ressources constitué de différentes rubriques sur le thème de la sexualité en général. Les sujets en 5 langues (arabe, français, anglais, mais aussi arménien et philippin) seront mis à jour régulièrement par des professionnels et toucheront le vaste éventail des questions que peut soulever la sexualité: le respect du corps, les droits, la puberté, le couple. Il s'agit autant d'informer sur l'hygiène et les risques liés aux maladies sexuellement transmissibles que d'évoquer les droits de chacun afin de prévenir les agressions et les abus. Une rubrique sera consacrée aux témoignages et des liens avec d'autres organismes seront proposés.
Parallèlement, Élie explique: «On va regrouper les comités de parents d'élèves et mettre en place des ateliers pour les médecins, le personnel des cliniques et les professeurs afin de les sensibiliser sur le sujet.» L'objectif à terme est la mise en place de cours avec un enseignement adapté à chaque âge.

La persistance des idées reçues
«La sexualité est partout à la télé et sur Internet», constate l'initiateur du projet. Et c'est souvent avec une vision erronée que les jeunes s'initient et vivent leurs premiers émois. Le manque de connaissance et la mauvaise information sont les points critiques sur lesquels entendent insister les volontaires. Mais l'entreprise est délicate. Les crispations sur le sujet sont de deux ordres: des préjugés tenaces et la peur.
«Les écoles interprètent l'évocation de la sexualité comme une incitation et ont peur de la réaction des parents. Pourtant, les parents sont prêts à en parler mais ils ne savent pas comment. Ils ont besoin d'être encadrés», constate Maya. «Les idées reçues sont vivaces. Le seul sujet dont on parle un peu, c'est le sida, mais les données ne sont pas mises à jour», continue Élie.
La première étape du projet passe par l'aval des établissements scolaires. C'est ici que les choses se compliquent. «Dans l'école où j'enseigne, l'éducation sexuelle est reliée au cours de religion, d'où le problème de l'image et de l'interprétation. Il y a la vision de l'enseignement dans une école catholique, commente l'un des membres. Lorsque j'étais moi-même élève, on m'a très mal expliqué. Le professeur n'avait pas abordé le rapport sexuel en lui-même. Il faut faire sa propre expérience pour être au courant.»
«Là, on parle d'école privée, poursuit Maya. Approcher les écoles publiques sera un véritable challenge.» Les initiatives dans ce domaine sont rares, mais certains établissements ont amorcé le changement. C'est notamment le cas de l'AUB qui travaille en étroite collaboration avec le Fonds des Nations unies pour la population.
«Ce qu'on va proposer, c'est quelque chose d'efficace, de correct et qui sera adapté à chaque âge», résume Élie. Maya est sûre du projet: «Quand les écoles vont adopter notre site, on pourra véritablement aider. La confiance sera instaurée.»
Une initiative salutaire, espérons que les résultats seront présents.
O.S.E. Ces trois lettres sonnent comme une provocation. Le jeu de mot est choisi. Le logo aussi. «Nous avons pris la feuille de figue en référence à la mythologie grecque, explique Élie Abou Merhi, à l'origine du projet. La feuille servait à recouvrir les parties intimes. Nous voulons ôter cette feuille.» Le message est clair: soulever la feuille, c'est lever les tabous autour...

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