Recherchons hommes d’État

Voilà déjà quatre mois dans l'année nouvelle, quatre mois durant lesquels le monde a connu des événements divers de manière intense.
Au Japon, pour parler certainement du plus grand désastre de la décennie, plus de 20 000 personnes sont mortes ou portées disparues après le séisme qui a touché le pays. L'accident nucléaire y va laisser des séquelles indélébiles.
L'histoire a avancé à la vitesse grand V dans le monde arabe, rattrapant une période de glaciation incompréhensible depuis vingt ans et plus particulièrement depuis la chute du mur de Berlin.
Cette accélération de l'histoire s'étend à la Syrie, contrairement à ce que pouvaient parier les spécialistes politiques. Au Liban, nous avons fêté le 13 avril dernier le 37e anniversaire du début de la guerre civile. Trente-sept ans déjà !
Ce même 13 avril, le président Moubarak et ses fils étaient convoqués par la police égyptienne pour un interrogatoire sur leurs agissements passés. Un message à tous les politiciens de notre pays ?... L'ont-ils entendu ?
Dans un autre registre, une semaine plus tard, la note AAA des États-Unis était mise sous surveillance négative par l'agence S&P, elle-même, suite à l'explosion de l'endettement du pays et à l'incapacité des politiques en place à se mettre d'accord sur un programme économique. Un séisme économique en prévision.
Pour revenir au Liban, tous ces événements n'ont pas entamé le cours des choses et la médiocrité du comportement de nos hommes politiques. Pas un brin d'espoir de voir dans notre pays une vie quotidienne, un cours normal alors que la situation exige de nos dirigeants politiques un sursaut digne d'hommes d État.
Certains s'indignent, dans la plus pure tradition stalinienne, d'un complot visant la Syrie sœur. D'autres se réjouissent de la situation de notre voisin et attendent les consignes de leurs sponsors.
De part et d'autre les rodomontades quotidiennes au sujet de l'insurmontable naissance d'un gouvernement fusent, avec commentaires et autres opinions inappropriés. Les chefs donnent le la... Les seconds couteaux relaient le message.
Sans aucune compassion pour la population, les dirigeants continuent à débiter leurs inepties, alors que le peuple aspire non seulement à un nouveau discours politique mais aussi à une action déterminée pour régler des problèmes qui s'accumulent et nous conduisent tout droit à l'abîme. De la crise économique à la guerre religieuse qui germe dans l'esprit des gens, notamment avec ce qu'on voit apparaître à Tripoli depuis quelques jours.
Mais le roi est nu. Nos dirigeants sont en retard d'un discours, du seul discours nécessaire par ces temps de changements : une opportunité en or pour profiter de la dynamique et du grand coup de balai que l'histoire est en train d'inscrire. L'histoire regarde nos hommes politiques et les juge.
Se rassembler, s'asseoir à une table et avancer vers le changement et la reconstruction en s'accordant sur la route à tracer. Les Libanais attendent avec impatience que nos politiciens se transforment en hommes d'État courageux et travaillent ensemble à l'avènement d'un pays enfin souverain et soucieux du sort de son peuple.
Est-ce trop leur demander ?