Sur un même ton, toutefois plus nuancé, l'économiste Lahcen Achy du Carnegie Middle East Centre a critiqué certains aspects du rapport du FMI, réitérant la nécessité d'un passage à un nouveau modèle de développement économique, qui serait plus inclusif et participatif. « Il ne s'agit pas uniquement de mettre en place des politiques sociales (...). L'inclusivité implique l'adoption d'un schéma global dont l'objectif serait d'assurer une plus grande participation à la vie politique, une meilleure intégration au marché du travail ainsi qu'une redistribution plus équitable des richesses (...) », a-t-il expliqué à cet égard. « L'exclusion de certains segments sociaux, mais également la corruption et l'absence de bonne gouvernance constituent en effet un obstacle majeur à la création de nouveaux emplois et au développement durable », a-t-il déploré, soulignant la nécessité de dynamiser les économies du Moyen-Orient et de renforcer les atouts de la région.
Parmi ces atouts, figurent une population active jeune - qui souffre aujourd'hui d'un niveau de chômage avoisinant les 30 % dans certains pays - et une situation géographique privilégiée à la croisée des chemins entre les grands marchés en Europe et les économies émergentes en Asie et en Afrique.
Rapport mitigé du FMI
De son côté, le représentant permanent du FMI au Liban, Éric Mottu, a brossé un tableau plutôt mitigé de la situation économique dans la région dans le contexte actuel, indiquant que la croissance dans la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (Moanap) devrait atteindre 3,9 % en 2011. « Ce chiffre masque cependant des écarts entre les divers pays de la région (...). La croissance devrait ainsi s'élever à 4,9 % dans les pays exportateurs de pétrole, contre 2,3 % pour les pays importateurs », a-t-il indiqué.
Outre l'inflation, due largement à la flambée des prix du pétrole, les économies importatrices risquent, selon lui, de subir à court terme une détérioration de la confiance des investisseurs, un recul marqué de l'activité touristique, un creusement du déficit public et des difficultés à financer la dette.
Quant aux pays exportateurs de pétrole, ils devraient en revanche largement profiter de la hausse des cours mondiaux, avec un solde global des balances courantes, qui devrait plus que doubler pour atteindre 380 milliards de dollars en 2011 (Libye non incluse), a-t-il ajouté, mettant toutefois en garde contre les problèmes structurels propres à ces pays, auxquels la conjoncture actuelle ne pourra remédier.
Notons que, selon le FMI, les évolutions politiques dans le monde arabe dues au mouvement de révoltes pourraient stimuler l'économie des pays à long terme, malgré l'impact négatif à court terme sur les pays importateurs de pétrole.
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