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Lifestyle - Allemagne

Berlin n’a pas de Lorelei, mais un opéra sous l’eau

Les sons mélodieux que Claudia Herr émet ressemblent un peu au chant des baleines.

Les entraînements dans la piscine Art nouveau de Neukölln, où est joué l’opéra.Photos AFP

Elle saute en robe de bal verte dans la piscine et se met à chanter sous l'eau, respirant grâce à une bouteille de plongée : Berlin n'a pas de Lorelei, mais une soprano, héroïne d'un des premiers opéras de ce genre au monde.
Les sons mélodieux que Claudia Herr émet ressemblent un peu au chant des baleines : des messages lents, répétitifs et sans parole, puisque l'on ne peut pas articuler de mots sous l'eau.
Des micros étanches - qu'on appelle « hydrophones » capables de transformer, dans les liquides, des oscillations acoustiques en oscillations électriques - permettent de capter sa voix et de la renvoyer dans les haut-parleurs placés tout autour du bassin. Seul le son de cymbales frappées par un plongeur ponctue son aria.
Nageuse de haut niveau dans sa jeunesse, cette sirène des temps modernes a eu l'idée de cet opéra Aquaria Palaoa, présenté à Berlin à partir du 1er mai et jusqu'en septembre, en entrant pour la première fois il y a dix ans dans la piscine Art nouveau de Neukölln, un quartier de Berlin où est joué l'opéra.
Ses colonnes ioniques encadrant le bassin, son plafond voûté comme une nef d'église et sa niche à l'image d'un chœur décoré d'une fresque de gracieux motifs floraux ont bouleversé Claudia Herr. « J'avais l'impression d'être dans un opéra », explique-t-elle. Une émotion qui conduit cette cantatrice de 40 ans à imaginer cette technique. Les autres chanteurs, membres d'un chœur berlinois, chantent brièvement sous l'eau, mais sans bouteille d'oxygène.
En Grande-Bretagne, la soprano Juliana Snapper avait présenté un spectacle du même genre il y a deux ans.
Presque sans parole, Aquaria Palaoa raconte l'histoire d'une jeune femme qui refuse de vieillir et recherche l'élixir de jouvence. Dans sa quête, elle rejoint les fonds marins, symboliquement le bout du monde. Et y rencontre une orque, représentée par un acteur en costume noir, et le chœur des phoques, jeunes et vieux, revêtus d'une chemise blanche et d'un pantalon noir. Une parabole pour illustrer la brièveté de la vie de l'homme sur terre par rapport à l'éternité de la glace des pôles. Et pour illustrer le propos de Claudia Herr défilent au plafond tout le long du spectacle des images de la banquise de l'Antarctique à toutes les heures et toutes les saisons. Un film fourni par le renommé institut allemand Alfred Wegener, qui effectue des recherches polaires et marines, et soutient ce projet. Il a également aidé la compositrice berlinoise Susanne Stelzen, lui faisant partager les enregistrements du bruit des vagues, des baleines et des phoques, dont elle s'est inspirée pour écrire la musique.
À ces sons, elle a mêlé ceux des percussions, d'une trompette, d'un cornet à piston, d'un tuba et d'un violoncelle. Mais les musiciens restent au sec et jouent tout autour de la piscine.
« Avant d'accepter le projet, j'ai écouté des mélodies dans une baignoire, raconte-t-elle. Le son sous l'eau est beaucoup plus faible, atténué, mais cela lui donne un caractère un peu mystique. » Et elle a retravaillé plusieurs fois sa composition au fil des répétitions, adaptant sa partition à ce nouvel élément, pour lequel l'oreille de l'homme n'est pas totalement adaptée.

© AFP
Elle saute en robe de bal verte dans la piscine et se met à chanter sous l'eau, respirant grâce à une bouteille de plongée : Berlin n'a pas de Lorelei, mais une soprano, héroïne d'un des premiers opéras de ce genre au monde.Les sons mélodieux que Claudia Herr émet ressemblent un peu au chant des baleines : des messages lents, répétitifs et sans parole, puisque l'on ne peut pas...

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