Les insurgés talibans ont de leur côté affirmé être parvenus à faire sortir de la prison 541 des leurs, dont 106 « commandants », grâce à un tunnel long de 320 mètres, creusé pendant cinq mois, débouchant à l'intérieur du quartier des « prisonniers politiques » de la prison. « Le tunnel a touché au but la nuit dernière. Les moujahidine prisonniers ont été conduits à l'extérieur par cette voie, par trois détenus préalablement informés », ont expliqué les talibans dans un communiqué. Selon eux, l'opération a duré quatre heures et les détenus ont été récupérés par des véhicules. Les talibans affirment en outre qu'un commando-suicide avait été posté à proximité de la prison, mais qu'il n'a pas eu besoin d'entrer en action.
À l'intérieur de la prison, les autorités ont montré l'entrée du tunnel, un trou d'un peu moins d'un mètre de diamètre et trois de profondeur creusé dans le sol en béton de la cellule n° 7. Des vêtements et autres effets personnels étaient visibles à côté du trou, visiblement abandonnés par les détenus avant de s'introduire dans le tunnel. Le bloc des « politiques » compte une trentaine de cellules, ouvertes, entre lesquelles chacun d'eux pouvait circuler librement.
La prison, censée être l'une des plus sûres du pays, est située en périphérie de la ville de Kandahar et abrite à la fois des insurgés et des prisonniers de droit commun. Il s'agit d'un nouveau camouflet embarrassant pour le gouvernement de Kaboul et ses alliés de l'OTAN, qui ont multiplié les opérations ces deux dernières années dans cette région du Sud afghan, bastion des talibans et considérée comme cruciale pour stabiliser le pays. Le porte-parole du président afghan Hamid Karzaï a qualifié l'évasion de « désastre » qui « n'aurait pas dû se produire ». M. Wesa a admis que cette évasion était un échec pour les forces de sécurité. Seuls 26 évadés ont été repris et deux ont été tués par les forces de sécurité qui tentaient de les capturer, a-t-il précisé. Les autorités afghanes n'ont pas fourni de précisions dans l'immédiat sur l'identité des évadés. De vastes opérations sont en cours pour retrouver les prisonniers, dont les données biométriques sont enregistrées, ce qui les rend facilement identifiables, a indiqué M. Wesa.
La prison de Kandahar avait déjà été le théâtre d'une spectaculaire évasion le 13 juin 2008. Un commando de talibans l'avait prise d'assaut, et près de mille prisonniers, dont une moitié de talibans, avaient pris la fuite. Plusieurs jours après cette évasion, les insurgés islamistes s'étaient emparés de nombreux villages dans les régions proches de Kandahar, allant jusqu'à menacer la ville où le gouvernement avait envoyé un millier d'hommes en renfort. Kandahar est le berceau de l'ancien régime des talibans (1996-2001), chassés du pouvoir par une coalition internationale fin 2001, et qui ont déclenché depuis une sanglante insurrection contre le fragile gouvernement de Kaboul et l'OTAN.
(Source : agences)
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