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Nos Lecteurs ont la Parole

Mission impossible


Par Anthony Ronald SARKIS
Je répète souvent que la peur de la solitude est l'élément déterminant de la condition humaine. Ce sont ces craintes qui font naître ce besoin de faire partir d'un groupe, d'avoir une appartenance. La vie en société est un « bal masqué, chacun y cache sa véritable nature et la révèle par le choix de son masque » (Ralph Waldo Emerson).    
Dans ce contexte, la religion a souvent servi d'élément fédérateur pour les âmes en quête de semblables. Les guerres, les conflits, les morts, les divisions ont renforcé ces sentiments d'appartenance et de préférence qui varient selon qu'on soit membre d'une société conservatrice ou pas.     Dans la quasi-totalité des pays, le confessionnalisme est omniprésent, mais nous décidons de le voir ou pas. Même la Turquie, dont les dirigeants sont fiers de leur système aconfessionnel, ne peut nier l'existence d'un fort sentiment promusulman. 
Comme l'a dit le pape Jean-Paul II lors de sa visite en 1997, le Liban est un « pays message ». Notre pays a pour vocation d'être un exemple de bonne entente entre les dix-huit confessions qui y résident. Nous sommes une famille de dix-huit enfants. Aujourd'hui, certains réclament l'annulation de ce qu'ils appellent le système politique confessionnel. Ils l'accusent d'être la racine de tous les maux. Je ne vais sûrement pas m'imposer en défenseur d'un système qui, finalement et dans le meilleur des cas, n'a pu empêcher notre pays de crouler sous des dettes colossales. Mais il faut savoir que ce n'est pas parce que le système est mauvais que la classe politique est corrompue. C'est plutôt parce que la classe politique est corrompue que le système est mauvais. Encore faudrait-il essayer au moins une autre équipe politique que celle que nous avons depuis plus de trente ans, qui s'est livrée à une guerre intestine, pour réellement juger de l'efficacité de notre système. Annuler le système politique confessionnel serait annuler la garantie des droits de chacun. Dans une société où la confiance est déjà infime (pour ne pas dire inexistante), ce serait catastrophique. Les membres d'une famille sont comme les maillons d'une chaîne : soit ils résistent tous ensemble, soit ils s'écroulent tous ensemble.    
Pour annuler ce système confessionnel, il faudrait diviser le pays (est-ce d'ailleurs un hasard si les pays arabes sont divisés, officiellement ou pas, les uns après les autres ? ) à défaut de pouvoir retourner en arrière et effacer les erreurs et les guerres du passé. Comme le disait le patriarche maronite Mar Nasrallah Sfeir, il faudrait « supprimer le confessionnalisme des esprits avant de le supprimer des écrits ».
 Autant dire que c'est mission impossible.
Je répète souvent que la peur de la solitude est l'élément déterminant de la condition humaine. Ce sont ces craintes qui font naître ce besoin de faire partir d'un groupe, d'avoir une appartenance. La vie en société est un « bal masqué, chacun y cache sa véritable nature et la révèle par le choix de son masque » (Ralph Waldo Emerson).    
Dans ce contexte, la religion a...

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