Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde

« L’offensive militaire de l’ONU en Côte d’Ivoire est une dérive dangereuse »

Trois questions à Michel Galy, chercheur au « Centre sur les conflits » à Paris et spécialiste
de la Côte d'Ivoire.
Q. Quelles exactions ont été commises contre les populations civiles durant cette dernière offensive, et où ?
R. « Dans les grandes villes de l'ouest de la Côte d'Ivoire comme à Gagnoa, Soubré et Daloa, à moitié Bété (l'ethnie de Laurent Gbagbo) et à moitié Dioula, des meurtres et des exactions ont été commis. Abus sur lesquels on n'a pas beaucoup d'informations. Toujours à l'ouest, c'est particulièrement dans la petite ville de Duékoué (75 000 habitants) que les atrocités ont été commises avec environ un millier de morts, surtout des hommes, mais aussi des femmes et des enfants, ainsi que des pasteurs assassinés, au lendemain de la conquête par les forces pro-Ouattara. On pense que c'est surtout les Dozos, des sortes de chasseurs traditionnels venant des savanes du Nord, contrôlés par Alassane Ouattara, qui en sont responsables. »

Quelque 130 000 Ivoiriens ont fui au Liberia voisin depuis le début de la crise, et des milliers d'autres se sont déplacés à l'intérieur du pays. À quel point la question des déplacés est-elle grave en Côte d'Ivoire ?
« Il faut distinguer les Ivoiriens qui ont fui au Liberia de ceux qui se sont déplacés à l'intérieur du pays. Ces derniers, à l'instar des Baoulés, ont souvent trouvé refuge dans la brousse, dans les villages éloignés, ou même dans la zone rebelle où la situation est relativement plus calme.
Mais les déplacés à l'ouest du Liberia, en très grande majorité de l'ethnie Guéré et favorables à Laurent Gbagbo, ont fui les Dioulas - favorables à Ouattara - qui convoitent leurs terres. Dans cette partie du pays, on est en présence d'un problème foncier, qui date de plusieurs années, et la crise actuelle a accentué le conflit, les allogènes et les migrants dioulas profitant des tensions pour chasser les propriétaires.
Entre ce déplacement de population et le massacre de Duékoué, on est proche non seulement de crimes de guerre, mais également de génocide, s'il est prouvé que l'on veut les éliminer en tant que groupe. »

En Côte d'Ivoire, l'ONU a lancé une offensive militaire pour protéger les civils. Quels sont les précédents ? L'offensive onusienne en Côte d'Ivoire marque-t-elle une nouvelle tendance dans la protection des populations civiles ?
« Cette offensive militaire de l'ONU ne relève pas de la protection des civils. Il n'y a pas de précédent à une telle opération. Et, à mon sens, ni les Nations unies ni la Force de la Licorne n'ont de mandat pour tirer sur les forces gouvernementales dans les quartiers centraux d'une capitale africaine. Cela ne s'est jamais vu et s'inscrit, d'après moi, en dehors de toute légalité internationale, les Nations unies n'étant pas une institution supranationale qui aurait une armée et qui réprimerait une autre armée nationale.
Tout cela est vraiment incroyable. En décembre, j'étais sur place, à l'hôtel du Golf (QG d'Alassane Ouattara). Le représentant onusien, M. Choï, et les ambassadeurs français et américain ont littéralement nommé et imposé Alassane Ouattara. À partir de là, à mon sens, il y a une dérive onusienne qui culmine dans le bombardement de la capitale ivoirienne. »
Q. Quelles exactions ont été commises contre les populations civiles durant cette dernière offensive, et où ? R. « Dans les grandes villes de l'ouest de la Côte d'Ivoire comme à Gagnoa, Soubré et Daloa, à moitié Bété (l'ethnie de Laurent Gbagbo) et à moitié Dioula, des meurtres et des exactions ont été commis. Abus sur lesquels on n'a pas beaucoup d'informations. Toujours à...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut