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Liban - Le commentaire

Sous quel signe le nouveau patriarche est-il né ?

Par ce signe, tu vaincras. Et c'est ainsi (soit-il) que Constantin le Grand fonda l'Empire chrétien d'Orient, où naquit l'Église maronite. Les derniers de ses patriarches ont été des acteurs essentiels de l'histoire de ce pays. Le patriarche Hoayek a même fondé le Grand Liban. Le patriarche Arida a animé la première indépendance, le patriarche Sfeir la seconde. Et entre eux deux, le patriarche Méouchy s'était affirmé comme le symbole premier de la lutte contre toute discorde intérieure, pour la cœxistence pacifique des communautés. Sous quel label le règne du nouveau patriarche, Béchara Raï, va-t-il s'inscrire ? La situation de fond semble lui désigner, par elle-même, son affectation ou sa mission : l'avènement d'un État de droit fort, souverain, indépendant, maître des armes et du territoire dans son intégralité, après éviction des mini-États.
Mais le premier problème qui s'annonce est chronique : l'opposition à Bkerké d'une partie de ses ouailles. Quand le patriarche Hoayek, lors du démantèlement de l'Empire ottoman, au sortir de la Grande Guerre, soutenait l'idée d'un Grand Liban panaché, des voix chrétiennes jugeaient que ce serait là une erreur, une faute même, historique. Elles défendaient ce slogan : le rôle des chrétiens serait grand dans un petit Liban et petit dans un grand Liban. De même, quand le patriarche Arida a milité en 1943 pour l'indépendance et la fin du mandat français, il a été accusé de tourner le dos à « la tendre mère », sans même veiller à ce qu'elle continue à protéger les chrétiens à travers un traité avec elle. En 1958, quand le patriarche Méouchy s'est dressé contre la discorde, il s'est vu reporocher de favoriser un camp contre l'autre. Et même de trahir les vues, la ligne et les intérêts de la majorité des membres de sa communauté. Quant au patriarche Sfeir, c'est à deux reprises principales, sans parler donc des tiraillements quotidiens, qu'il a dû affronter des campagnes d'hostilité intérieure. D'abord lorsqu'il a milité pour l'accord de Taëf. Afin de faire taire le canon, de mettre un terme à la guerre civile, priorité des priorités, valant toutes les concessions.Il a été accusé de brader les droits des chrétiens et les prérogatives du président de la République. Cela sans tenir compte des positions de nombre de leaders maronites. Le prélat, on le sait, a dû à cette époque, et dans ses séquelles conséquentes, subir des insultes et même des molestations physiques. La plupart des coupables, il est vrai, se sont repentis par la suite et sont devenus des défenseurs de Taëf et de son application complète. La seconde fois, la plus longue, a été quand le patriarche Sfeir s'est dressé, dès 1992, pour réclamer le départ des troupes syriennes, conformément aux dispositions de Taëf fixant le délai de présence à deux ans. Le patriarche exigeait également, se référant toujours au pacte national, la dissolution et le désarmement de toutes les milices, libanaises et non libanaises, sans exception. Ainsi qu'un État de droit fort, souverain, indépendant, maître de tout le territoire, régisseur d'une loi appliquée à tous. Il a ravivé son action libératrice à travers le célèbre appel lancé par l'épiscopat maronite en 2000. Et à travers la mise en place du rassemblement de Kornet Chehwane, cellule politique de lutte. La victoire étant obtenue par la révolution du Cèdre consécutive à l'assassinat du président Rafic Hariri. Le combat n'était pas terminé et il ne l'est d'ailleurs toujours pas. Le patriarche Sfeir a dû ferrailler tant de fois, pour tant de causes aussi essentielles qu'inopinées. Comme lorsqu'il a combattu les parties pratiquant le blocage : blocage de l'élection d'un nouveau chef de l'État ; blocage des gouvernements en place ; blocage de la Chambre et d'autres institutions ; blocage du centre-ville ; blocage du comité de dialogue national et de l'exécution de ses résolutions antérieures etc.
Le patriarche Sfeir laisse à son successeur deux autres blocages en cours, extrêmement préjudiciables, sinon dangereux, pour le Liban. Il s'agit, on l'aura deviné, de l'interdiction de traiter le problème des armes hors légalité. Et du projet de rompre avec le TSL, de le renier, au mépris des engagements internationaux du Liban. Mission difficile et lourd fardeau certes, mais le patriarche Raï est connu pour avoir les épaules solides.
Par ce signe, tu vaincras. Et c'est ainsi (soit-il) que Constantin le Grand fonda l'Empire chrétien d'Orient, où naquit l'Église maronite. Les derniers de ses patriarches ont été des acteurs essentiels de l'histoire de ce pays. Le patriarche Hoayek a même fondé le Grand Liban. Le patriarche Arida a animé la première indépendance, le patriarche Sfeir la seconde. Et entre eux...

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