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Liban - Éclairage

Gouvernement : comme un provisoire qui s’éternise, le compte à rebours n’en finit pas...

Sur les monitors de la NASA, ou pour sonner le Nouvel An, un compte à rebours, cela va de dix à zéro. Nous venons juste de dépasser les bornes. En effet, Hassan Nasrallah s'est servi de cette expression chrono à l'avant-veille du rassemblement du 13 mars. Pour décréter, après le communiqué publié par le 14 Mars à l'issue de son congrès au Bristol, que le président du Conseil désigné devrait dorénavant suivre la course des aiguilles du temps. Afin de former son cabinet avant que de finir de compter de dix à zéro, le coup d'envoi se justifiant par la décision du 14 Mars, confirmée dans le communiqué susdit, de ne pas participer à l'aventure. Plus de dix jours après l'ordre du starter, c'est le surplace qui règne.
Dans sa déclaration à l'occasion de la journée de solidarité avec les peuples arabes, le secrétaire général du Hezbollah a reconnu que les forces du 8 Mars se trouvent maintenant confrontées à un grand défi. Mais, délai dépassé ou pas, il affirme que c'est bien le président Nagib Mikati, dont la majorité a assuré la désignation, et lui seul, qui va former le cabinet. Précisant que c'est là que réside le défi qu'il évoque et que la majorité va relever sans faute.
Malgré la fermeté de cet engagement, le Hezbollah n'a jusqu'à présent pris aucune mesure pour aider le président Nagib Mikati à surmonter les obstacles qui l'empêchent de conclure. Ainsi, sayyed Nasrallah n'a effectué aucune tentative d'amener le général Michel Aoun à composition. Le chef du CPL maintient dès lors ses conditions maximales, pour ne pas dire exorbitantes : 12 ministres sur 30 (!) et l'Intérieur. Sans compter un droit de regard sur le choix de chaque ministre chrétien. Ou encore le refus que la majorité se heurte à un tiers de blocage. Et l'on sait qu'au départ, le général Aoun affirmait que le président de la République ne devrait avoir droit à aucun ministre.

Désaccords
Mais il n'y a pas que Aoun. Les ténors du 8 Mars, et leurs alliés, accordent bien mal leurs violons. Le président Nabih Berry et le député Walid Joumblatt plaident pour une formation accélérée. Mais leurs partenaires, grands ou petits, intérieurs ou extérieurs, ne sont pas du tout pressés. Ils préfèrent attendre de voir ce que le tableau régional, en pleine agitation, va donner. De plus, il y a des dissonances entre l'Iran et ses partisans du 8 Mars, et la Syrie et les siens propres, au sujet de Bahreïn et de la Libye. Le président Bachar el-Assad a donc dû envoyer son ministre des Affaires étrangères, Walid Moallem, à Téhéran pour des entretiens permettant aux deux alliés d'arrondir les angles dans leurs différends actuels. Auparavant, le chef de l'État syrien avait reçu un message pressant du roi Abdallah d'Arabie saoudite transmis par le fils du souverain, l'émir Abdel Aziz. Le but étant de voir la Syrie proclamer son approbation de l'entrée des forces du CCG, dirigé par l'Arabie saoudite, à Bahreïn. Une approbation que la Syrie a dû communiquer aux Iraniens, violemment hostiles à l'intervention saoudienne. En leur expliquant que dans le contexte arabe, et dans la période de secousses dangereuses présentes, elle ne peut faire autrement que de répondre favorablement aux sollicitations de soutien saoudiennes. De plus, l'Iran se trouve en butte aux vexations d'une autre puissance sunnite, la Turquie. On sait en effet que les Turcs ont obligé deux appareils iraniens de transport se dirigeant vers Damas à atterrir chez eux, pour les fouiller, en quête de cargaison d'armes interdite qu'ils ont fini par trouver.
Parallèlement, il y a divergence sur la Libye entre l'Iran et la Syrie. Soutenant à fond les chiites libanais, déchaînés contre Kadhafi à cause de l'imam Sadr, l'Iran milite pour la chute du dictateur, mais en réprouvant l'intervention occidentale. La Syrie, pour sa part, n'a pas voulu désavouer le dictateur, et certains l'accusent même de lui avoir envoyé des aviateurs. Ce litige se répercute, évidemment, sur les rangs du 8 Mars dont la majorité cependant, force d'attraction du Hezbollah oblige, se prononce aux côtés de l'Iran plutôt que de la Syrie, pour proche qu'elle reste géographiquement et du côté des SR.
Toujours est-il que les responsables syriens avouent à leurs visiteurs libanais que la situation régionale et arabe les préoccupe trop, actuellement, pour qu'ils puissent se consacrer, ou s'intéresser, à la crise libanaise. Ils ajoutent qu'il s'agit là, en tout cas, d'une affaire intérieure libanaise dans laquelle ils ne doivent pas s'immiscer. Restant donc dans les généralités et les vœux pieux amicaux, Walid Moallem a appelé, il y a quelques semaines, à la formation d'un gouvernement libanais d'union nationale englobant toutes les forces actives du pays.
Cette formule a été rejetée. Mais le président Mikati ne parvient pas encore à trouver le substitut adéquat. Car les entraves subsistent. On apprend de la sorte que le dîner qui a groupé à Rabieh Michel Aoun et Walid Joumblatt, en présence de leurs bras droits, n'a rien donné. Leurs proches indiquent que leurs relations ne sont pas assez étendues pour leur permettre de négocier des détails entre eux. En fait, des aounistes précisent que leur chef place la barre très haut. C'est-à-dire qu'il ne négocierait, le cas échéant, qu'avec le chef le plus en vue du 8 Mars, sayyed Hassan Nasrallah. Au cas où ce dernier voudrait rendre service à Mikati et servir de trait d'union...
Du côté du président du Conseil désigné, il reste d'accord avec le chef de l'État pour une équipe de technocrates panachée de politiciens. Un gouvernement où le président de la République et lui disposeraient d'une part consistante pouvant faire pencher la balance, en cas de vote.
Les proches de Baabda comme de Verdun indiquent qu'il n'y a toujours pas de progrès, mais que les efforts se poursuivent inlassablement. Le but étant d'éviter un gouvernement monochrome, ou encore trop politisé pour s'occuper de la vraie priorité nationale : les problèmes socio-économiques des Libanais.
Sur les monitors de la NASA, ou pour sonner le Nouvel An, un compte à rebours, cela va de dix à zéro. Nous venons juste de dépasser les bornes. En effet, Hassan Nasrallah s'est servi de cette expression chrono à l'avant-veille du rassemblement du 13 mars. Pour décréter, après le communiqué publié par le 14 Mars à l'issue de son congrès au Bristol, que le président du...

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