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Liban - Parcours

Roland Pringuey, une vie libanaise

Ancien directeur général de la Société nouvelle de la Banque de Syrie et du Liban, Roland Pringuey est arrivé à Beyrouth en 1954. Il livre à « L'Orient-Le Jour » ses souvenirs d'une vie passée au Liban.

Roland Pringuey.

En 1953, Roland Pringuey rentre de Madagascar. Il y a travaillé trois ans pour le Comptoir national d'escompte de Paris, après des études à l'Institut d'études politiques de Paris et en économie. Son voyage de retour s'effectue en bateau. « Nous passions par les Indes, et avons fait escale à Madras, dans le sud-ouest du pays », raconte-t-il, avec une lueur d'émerveillement dans les yeux. À côté de Madras se trouve l'ashram (monastère hindou) du gourou Sri Aurobindo : « J'y ai croisé Kamal Joumblatt ! » : cette rencontre sera son premier contact avec le Liban.
À peine rentré de Madagascar, la Banque nationale de Paris (BNP, aujourd'hui BNP Paribas) pour laquelle il travaille l'envoie tout de suite au Proche-Orient. Il est affecté au service de l'Inspection de la Banque de Syrie et du Liban (BSL), d'abord à Damas et Alep, puis à Beyrouth. L'aventure libanaise commence.
Au début de sa carrière, Roland Pringuey est témoin et acteur de la scission de la BSL en deux départements. En juillet 1961, Nasser nationalise la branche syrienne sous le régime de la République arabe unie. Mais au Liban, l'ancienne banque coloniale se divise en 1964. Deux départements sont créés : une banque d'émission, la Banque du Liban, et le département commercial qui prend le nom de Société nouvelle de la Banque de Syrie et du Liban (SNBSL). Roland Pringuey, encore inspecteur, devient directeur général de la SNBSL la même année. Il ne quittera plus le Liban, même durant les périodes les plus troublées. Il se remémore avec émotion le jour où le président Fouad Chéhab, avec qui il avait « des relations de confiance », lui a accordé la nationalité libanaise.
Il demeure à la tête de la banque pendant la guerre civile, jusqu'en 1990. Durant cette période de troubles, Roland Pringuey continue à venir à l'immeuble de la rue Riad el-Solh, malgré les balles et les obus. Au détour de notre conversation, il évoque deux frères chiites, originaires de Nabatiyeh : l'un travaillait comme employé de la banque, l'autre était son chauffeur. « Pendant la guerre, il me conduisait à l'immeuble de la rue Riad el-Solh alors que les obus pleuvaient », raconte-t-il. Les chambres fortes du bâtiment resteront intactes pendant toute la guerre, alors que d'autres banques ont vu leurs réserves d'or pillées. La guerre, « une très sale période » confie l'ancien directeur. Il se souvient des « années merveilleuses, prospères » d'avant-1975 : « Nous allions à Baalbeck le week-end explorer les hauteurs de la montagne alentour » où l'on trouve de nombreuses ruines de temples romains. Pendant quelques minutes, il parle avec nostalgie de sa villa à Raouché où lui et sa famille vivaient avant la guerre. Cette villa a ensuite été occupée par les Palestiniens « qui ont fait un trou dans le mur pour installer une mitrailleuse », ne manque-t-il pas de préciser.
Cette période heureuse d'avant la guerre a scellé son attachement au Liban. Certes, il revient plusieurs fois par an en France, mais il semble regretter que ses trois enfants aient quitté le Levant. Il dispose aussi d'une maison à Biot, dans le sud de la France : cependant, il n'a pas encore décidé s'il partirait du Liban de manière définitive. Comme si revenir dans sa terre natale était encore trop difficile.
Roland Pringuey est encore aujourd'hui administrateur de la SNBSL. En 1990, alors âgé de 65 ans, il a démissionné de son poste de directeur général. Nadia Abdallah el-Khoury « a eu le courage » de racheter les actions de la SNBSL à la BNP : « Elle est devenue président-directeur général : une femme remarquable, Nadia. Et puis comme personne ne voulait venir de Paris, je suis resté administrateur », précise-t-il, le sourire aux lèvres.

En 1953, Roland Pringuey rentre de Madagascar. Il y a travaillé trois ans pour le Comptoir national d'escompte de Paris, après des études à l'Institut d'études politiques de Paris et en économie. Son voyage de retour s'effectue en bateau. « Nous passions par les Indes, et avons fait escale à Madras, dans le sud-ouest du pays », raconte-t-il, avec une lueur d'émerveillement...

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