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Culture - Photos

Cassandra Mathie n’est plus « Lost in Translation »

D'habitude, lorsqu'on déjeune, l'œil est rivé sur les plats ou sur le voisin de table. À « La Tawlé », à Mar Mikhaël, le regard est attiré par des photographies encadrées, sortes de collages ludiques. Dans « Arabic Translated », Cassandra Mathie, jeune photographe australienne, relate sa relation avec la langue arabe.

Lorsque le langage est impuissant.(Michel Sayegh)

Elle parcourt le monde depuis l'âge de vingt ans. Du Cambodge au Yémen, en passant par l'Inde, caméra au poing, elle ponctue par images des moments qu'elle vole au quotidien monotone et triste des populations déshéritées de la terre. Cassandra Mathie est l'une de ces photographes qui respirent la gaieté de vivre à pleins poumons. Ses rencontres avec l'autre, tous les autres, ne sont jamais banales. EIles sont même uniques. C'est pourquoi, elle les assemble dans ces documentaires, sortes de fragments de vie.
Le Liban a été un jour parmi ses destinations choisies pour y travailler sauf, qu'avec le temps, il est devenu l'un de ses coins favoris puisqu'elle y a construit une relation personnelle. D'abord avec la langue arabe, qu'elle a appris à chérir. Ensuite avec son époux, avec qui elle s'est installée depuis quelques années. On peut dire que la jeune Australienne n'est plus «Lost in translation», à l'instar de ce film de Sofia Coppola qui évoque la solitude de celui exclus du cadre d'une langue.
Le travail photographique de Cassandra Mathie n'est donc pas anodin, ni fortuit. Il rassemble des instants de ce voyage initiatique sur le terrain du langage, qu'elle va conquérir petit à petit.

Langage muet et parlant...
«Cette série de clichés plonge dans ma vie personnelle et retrace les étapes de mon apprentissage de la langue arabe.» En images, collées côte à côte, multipliées, fragmentées et également en textes, Mathie reproduit un canevas visuel et intime.
Pour la première fois, l'artiste dit avoir tourné l'objectif vers elle-même pour exprimer ce qu'elle avait à dire. «La photo est un langage muet, dit-elle, mais c'est par ce seul langage que je parviens à communiquer. Le défi dans ce travail était de traduire cette expression silencieuse en un vocabulaire plus loquace.»
Dans Labelled où elle a accroché des étiquettes sur tous les objets de la maison, Mathie reproduit son plus proche environnement, tandis que dans Bil Arabi, plus d'une cinquantaine de petites photos illustrent les gestes effectués lorsque l'artiste essaye de se faire comprendre en arabe. Une autre œuvre plus personnelle, qu'elle a surnommée Bala Wala Shi (à la Ziad Rahbani), retrace des moments intimistes de la photographe avec son mari où elle essaye de lui faire comprendre son amour par des expressions usitées au quotidien. D'autres clichés évoquent des rencontres, comme la Soubhié avec Hoda ou encore Street. D'autre part, il y a ce sentiment d'isolement qui traverse une conversation que Cassandra Mathie a réussi à reproduire d'une manière très amusante. Ou cet autre sentiment qui domine lorsque le langage est impuissant, comme dans la photo Jiddo.
En parlant de cette succession d'images réalisées comme un film, où découpage et montage interviennent, Cassandra Mathie avoue n'avoir jamais travaillé de la sorte dans ses documentaires: «Je n'ai jamais manipulé mes photos, ni collé, ni même effectué des trucages. Mais pour ce travail, il était nécessaire que j'emploie ces effets visuels.»
Les photos sont vendues en tirage limité et sont exposées au restaurant «La Tawlé» à Mar Mikhaël jusqu'à la mi-mars.
Elle parcourt le monde depuis l'âge de vingt ans. Du Cambodge au Yémen, en passant par l'Inde, caméra au poing, elle ponctue par images des moments qu'elle vole au quotidien monotone et triste des populations déshéritées de la terre. Cassandra Mathie est l'une de ces photographes qui respirent la gaieté de vivre à pleins poumons. Ses rencontres avec l'autre, tous les autres, ne sont...
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