L'économie canadienne a retrouvé une croissance dynamique au quatrième trimestre, grâce à la bonne tenue de ses exportations qui a effacé les souvenirs d'un été lymphatique et annoncé un début d'année optimiste.
Le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 3,3 % en rythme annuel par rapport au trimestre précédent, surtout grâce aux exportations de pétrole, a annoncé hier l'Institut national de la statistique. Les analystes tablaient sur 3 %.
La croissance du troisième trimestre a été révisée à la hausse, à 1,8 % contre 1,0 % estimé en novembre, a précisé Statistique Canada. En comparaison, le PIB réel des États-Unis a affiché une hausse de 2,8 % au quatrième trimestre. Au trimestre précédent, le Canada s'était fait dépasser par son voisin, la croissance américaine ayant atteint 2,5 %.
Sur l'ensemble de l'année 2010, le PIB réel du Canada a progressé de 3,1 %, après avoir reculé de 2,5 % en 2009. Les entreprises ont réduit la valeur de leurs stocks au quatrième trimestre, après d'importantes accumulations aux deux trimestres précédents. Selon un analyste de la banque CIBC, Avery Shenfeld, cela augure bien de la marche de l'économie au premier trimestre. Et les chiffres affichés par Statistique Canada préparent le terrain pour une position ferme de la Banque du Canada concernant son taux directeur. La Banque centrale, dont on attend le communiqué aujourd'hui, devrait encore le laisser inchangé à 1 %, mais « planter le décor » pour une hausse au deuxième trimestre, prévoit l'analyste de la CIBC.
Économiste de la division des valeurs mobilières de la banque TD, Pascal Gauthier est plus prudent et s'attend plutôt à une hausse du taux en juillet. « La Banque centrale souhaite éviter une situation où elle augmenterait son taux pour devoir le réduire par la suite », a-t-il dit à l'AFP. Selon lui, « compte tenu de la politique monétaire très accommodante » de Washington jusqu'en juillet, la Banque du Canada doit attendre la confirmation de la reprise aux États-Unis où « l'emploi est encore l'élément manquant ». M. Gauthier cite aussi des risques liés à l'économie mondiale, dont le Canada, fortement dépendant des exportations, est tributaire : la faiblesse du marché immobilier américain, la dette publique en Europe ou encore les turbulences dans le monde arabe.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, qui avait dit en janvier s'attendre à une croissance de 2,4 % en 2011, pourrait revoir rapidement ce chiffre en hausse.
M. Gauthier, au vu des chiffres publiés hier, situe sa prévision à 3 %.
En fin d'année, l'accélération de la croissance a été due en premier lieu au bond des exportations (4,0 % au quatrième trimestre, en rythme trimestriel), et notamment de celles de produits énergétiques (+17 %, alors que les ventes de pétrole à l'étranger ont crû de 30 % en volume). La balance commerciale avait affiché un excédent en décembre pour la première fois depuis dix mois.
La croissance du volume des importations a en revanche ralenti, à 0,1 %, le taux le plus faible en six trimestres. Celles d'automobiles et de pièces détachées ont ainsi baissé de 5,2 %, tout comme leurs exportations d'ailleurs (-5,8 %).
La demande intérieure finale s'est accrue à la suite de l'augmentation de 1,2 % des dépenses des consommateurs, indique par ailleurs Statistique Canada. En particulier, les achats de biens durables ont progressé de 2,9 %, après 0,6 % au troisième trimestre. Du côté des entreprises, les investissements en usines et en matériel ont progressé pour le quatrième trimestre d'affilée, tandis que l'investissement dans le logement est resté en baisse.
©AFP
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