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Culture - Opéra

« Nixon en Chine » : célébration opératique de l’histoire

Lorsque pour la première fois un chef d'État américain met les pieds sur le sol conflictuel de l'Empire du Milieu, cela s'inscrit dans l'histoire. Et cela a mérité une célébration lyrique, intitulée « Nixon en Chine ».

Rituel diplomatique sino-américain.

Cet opéra avait été créé en 1987, quinze ans après le déroulement de cet événement. La musique porte la signature du compositeur américain John Adams et le livret est d'Alice Goodman. Nixon en Chine est actuellement, et pour la première fois, sur la scène du Metropolitan Opera à New York, d'où il est également retransmis dans plusieurs salles de cinéma, dans le cadre d'une initiative destinée à populariser le genre. Dans ses précédentes œuvres lyriques, le compositeur Adams traitait, d'un point de vue psychologique, les grands moments américains. Il a fait de même pour la décision US de mettre fin au blocus du monde communiste et il dit : « La rencontre de Nixon et de Mao est un moment qui, dans l'histoire du monde et particulièrement des États-Unis, tient de la mythologie. » Dans cet esprit, le metteur en scène, Peter Sellars, a exploré les vérités humaines au-delà des manchettes de l'année 1972 clamant l'ouverture du pays de l'Oncle Sam sur Mao et les « Rouges ».
Lors de sa première à l'opéra de Houston, il y a 24 ans, le public avait trouvé Nixon en Chine provocant, audacieux et dérangeant. Aujourd'hui, il l'aborde comme un classique et l'applaudit. Il le voit comme une allégorie de l'aliénation, de la difficulté de communiquer puis d'enclencher un dialogue. L'action tourne autour de six personnes réelles : Richard Nixon (interprété par le baryton James Maddalena), son épouse Pat (Janis Kelly, soprano), Mao Zedong (Robert Brubaker, ténor), son épouse Jiang Qing (Kathleen Kim, soprano), et les conseillers des deus parties Henry Kissinger (Paul Fink, baryton), et Zhou Enlai (Russel Braun, baryton).

L'effet grand spectacle
Le rideau s'ouvre sur l'image de l'avion présidentiel, Air Force One se posant sur le tarmac de l'aéroport de Pékin. Un pont vient de s'établir entre deux mondes isolés chacun dans sa culture, sa langue et son système politique. Le nœud du drame est bien là. Ici, cette notion est atténuée par la vision des créateurs (le compositeur et le metteur en scène) qui mélangent savamment respect, ironie et scepticisme pour peindre un rituel diplomatique fait d'un entremêlement de cultures radicalement opposées. Il n'y a ni complots dramatiques ni dénouement tragique. Mais parce qu'il a fait date dans l'histoire et la mémoire des Américains, le périple de Nixon reste porteur de l'élément grand opéra contemporain. Vue sa proximité de réflexion, on a évité la distanciation tout en enrichissant l'effet grand spectacle : musique variée (du minimalisme au fox trot et aux crescendos propagandistes), livret aux accents poétiques laissant aussi pointer l'humour tout au long des trois actes, enrichis par une dynamique chorégraphique signée Mark Morris. Ce dernier a notamment revisité une œuvre créée par Mme Mao pour l'opéra de Pékin et intitulée Le détachement des femmes de l'Armée rouge, que l'on voit, fusil au poing, sauver héroïquement des paysans d'une île de la coupe du tyran. Le rideau tombera sur un image optimiste : les deux illustres leaders du monde se remettent en question.
Président des États-Unis jusqu'en 1974 et décédé en 1994, Richard Nixon n'avait jamais répondu à l'invitation de voir cet opéra. Néanmoins, on a vu, cette fois, sa fille Patricia, son époux Edward Cox et leur fils à la première du Met.
Cet opéra avait été créé en 1987, quinze ans après le déroulement de cet événement. La musique porte la signature du compositeur américain John Adams et le livret est d'Alice Goodman. Nixon en Chine est actuellement, et pour la première fois, sur la scène du Metropolitan Opera à New York, d'où il est également retransmis dans plusieurs salles de cinéma, dans le cadre...

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