Les attaques contre MM. Moussavi et Karoubi, placés de facto en résidence surveillée depuis plusieurs jours, ont pris une nouvelle dimension après la manifestation antigouvernementale de milliers de personnes lundi, la première depuis un an, en dépit de son interdiction et d'un déploiement policier massif.
Les appels se sont multipliés dans le camp conservateur pour un procès rapide et un « châtiment sévère » de l'ex-Premier ministre Mir Hossein Moussavi et de l'ex-chef du Parlement Mehdi Karoubi, principales figures de l'opposition depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009. Ces derniers jours, la télévision a montré des images de députés ou de manifestants demandant que « Moussavi et Karoubi soient pendus ». « Je demande à tout le monde de permettre à la justice d'agir dans le cadre de la loi, en tenant compte des intérêts du régime », a toutefois dit M. Larijani.
Mojtaba Vahedi, un des proches de M. Karoubi, a affirmé sur sa page Facebook qu'il avait « réussi avec difficulté à joindre » le leader de l'opposition. « M. Karoubi m'a dit qu'il est prêt à être jugé publiquement (...) pour se défendre » face aux accusations du pouvoir, a-t-il affirmé.
M. Larijani a annoncé que le pouvoir allait « empêcher les chefs de la sédition de publier des déclarations », les accusant à nouveau d'être « soutenus par les sionistes, les États-Unis et la Grande-Bretagne ».
Malgré les menaces et leur surveillance par les forces de sécurité, MM. Moussavi et Karoubi publient régulièrement des déclarations par le biais notamment de leurs sites Internet. « Ouvrez vos oreilles avant qu'il ne soit trop tard et entendez la voix du peuple », a lancé M. Karoubi mercredi au pouvoir.
Les sites Internet de MM. Karoubi et Moussavi, Sahamnews et Kaleme, ont publié un communiqué du « Conseil pour la coordination de la voie verte de l'espoir » annonçant une nouvelle manifestation dimanche en « mémoire » des deux jeunes tués lors des rassemblements antigouvernementaux de lundi.
Des responsables conservateurs modérés qui n'ont jamais caché leur hostilité au gouvernement de M. Ahmadinejad se sont joints aux appels lancés par le régime pour agir contre les chefs de l'opposition. L'actuel maire de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf, un conservateur modéré hostile à M. Ahmadinejad, a affirmé que « les chefs de la sédition n'ont ni religion ni cervelle », selon le quotidien Hamshahri. Le chef du petit parti réformateur Mardomsalari (Démocratie) a également condamné la manifestation de lundi. « Nous condamnons les actions contre-révolutionnaires et Moussavi et Karoubi ont eu tort de lancer un appel » à ces manifestations, a déclaré Mostapha Kavakebian cité par l'agence Mehr.
Depuis le début des mouvements d'émancipation populaire en Tunisie et en Égypte, le pouvoir iranien et l'opposition sont engagés dans une lutte sur la paternité de ces soulèvements. Pour le régime de la République islamique, il s'agit d'un « réveil islamique » et d'une reproduction de la révolution iranienne de 1979 ; pour l'opposition, ces mouvements sont comparables aux grandes manifestations démocratiques qu'elle a organisées au printemps 2009 après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence.
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