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Moyen Orient et Monde - analyse

L'armée égyptienne jalouse de son influence, mais pas exempte de tensions

L'armée égyptienne, dépositaire du pouvoir après la chute du président Hosni Moubarak, est une force conservatrice jalouse de son influence politique et économique mais traversée de tensions entre jeune et ancienne garde, selon experts et câbles diplomatiques publiés par WikiLeaks.

Le ministre de la Défense Mohammed Tantaoui et le Président Hosni Moubarak observent une éclipse solaire, le 29 mars 2006 à Sallum (nord).

Les chefs militaires actuels sont les héritiers des officiers qui ont mis fin à la monarchie en 1952 et établi les contours d'un régime dont l'armée est à la fois la garante et une grande bénéficiaire.
L'armée a donné au pays tous ses présidents -Mohamed Naguib, Gamal Abdel Nasser, Anouar al-Sadate et Hosni Moubarak- depuis près de 60 ans.
Loyale à un régime dont elle constitue l'épine dorsale, elle est aussi respectée par la population, mais elle reste l'institution la plus secrète d'Égypte.
Washington apporte une assistance de 1,3 milliard de dollars par an à cette armée qui compte plus de 400 000 hommes.
L'institution militaire, outre une influence politique majeure, a de gros intérêts économiques dans le pays. L'establishment militaire a non seulement la main sur l'industrie de défense mais est aussi présent dans le ciment, l'hôtellerie, la construction ou encore les eaux minérales et l'huile d'olive.
"Selon la plupart des analystes, les militaires estiment que les efforts de privatisation du gouvernement égyptien menacent leur position économique, et s'opposent de fait aux réformes économiques", mentionnait en 2008 un télégramme diplomatique américain publié par Wikileaks.
Ainsi, leur intérêt réside plus à "sauver le régime plutôt que de préparer le terrain à une transition démocratique" qui diminuerait son pouvoir, estime dans une récente note d'analyse Steven Cook, du Council on Foreign Relations (CFR), un centre d'études américain.
Le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, ministre de la Défense et chef du Conseil suprême des forces armées, auquel M. Moubarak a confié le pouvoir vendredi, est d'ailleurs réputé rétif au changement.
Âgé de 75 ans, le nouvel homme fort d'Égypte, qui dirige depuis vingt ans les forces armées, est "opposé aux réformes politiques et économiques qu'il perçoit comme une menace pour le gouvernement central", et pourtant au coeur des revendications des manifestants égyptiens, selon un câble américain de mars 2008.
Face à l'ancienne garde, de jeunes officiers pourraient vouloir jouer un rôle plus important.
Un câble diplomatique daté de 2008 décrit "des officiers de rang intermédiaire très critiques vis-à-vis d'un ministre de la défense (Tantaoui) qu'ils estiment incompétent, plus prompt à valoriser la loyauté que la compétence chez ses subordonnés", et qu'ils surnomment le "caniche" de Moubarak.
Parmi la nouvelle génération de militaires égyptiens, le chef d'état-major Sami Anan, interlocuteur régulier des Américains ces derniers temps, pourrait tirer son épingle du jeu.
Malgré tout, le conservatisme de l'armée risque d'avoir raison des velléités de changement dans ses rangs, estime Ellis Goldberg, professeur de sciences politiques à l'Université américaine du Caire.
"L'armée égyptienne est bien plus professionnelle et éduquée que dans les années 1950, et il est possible que nombre d'officiers reconnaissent les avantages d'une démocratie", estime-t-il.
Toutefois, "le scénario le plus probable reste celui d'un coup d'État au ralenti et le retour de l'autoritarisme militaire des décennies passées", conclut-il dans un article publié par la revue américaine Foreign Affairs.
Les chefs militaires actuels sont les héritiers des officiers qui ont mis fin à la monarchie en 1952 et établi les contours d'un régime dont l'armée est à la fois la garante et une grande bénéficiaire.L'armée a donné au pays tous ses présidents -Mohamed Naguib, Gamal Abdel Nasser, Anouar al-Sadate et Hosni Moubarak- depuis près de 60 ans.Loyale à un régime dont elle constitue...

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