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Économie - Liban - Polémique

« Affaire LCB » : la Banque centrale prend le contre-pied des accusations US

Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) a défendu hier la Lebanese Canadian Bank (LCB) contre des accusations américaines de blanchiment d'argent et de soutien financier au Hezbollah. Ces accusations, qui porteraient en elles un message politique, risquent de ternir l'image d'un des secteurs-clés de l'économie libanaise.

La LCB respecte les lois et règlements locaux et internationaux contre le blanchiment d’argent, a assuré hier le gouverneur de la BDL.

La mise au ban d'une banque libanaise, accusée par le Trésor américain de blanchir l'argent d'un réseau de trafiquants de drogue qui soutiendrait financièrement le Hezbollah, continue de susciter des remous dans les milieux libanais - l'affaire revêtant un double caractère, politique et économique. Selon certains observateurs, ces accusations constituent en effet un message aux autorités libanaises et pourraient influencer dans une certaine mesure le processus de formation du prochain cabinet, tandis que sur le plan économique, celles-ci risquent d'affecter la confiance des investisseurs et déposants étrangers, et de ternir l'image d'un secteur-clé de l'économie, dont les avoirs représentent plus de 300 % du PIB.
Dans une démarche visant donc à apporter des clarifications sur cette affaire, mais aussi d'en endiguer les répercussions négatives, le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a pris hier la défense de la Lebanese Canadian Bank (LCB), affirmant, dans un communiqué, que l'établissement se conformait aux lois antiblanchiment.
« La LCB respecte les lois et règlements locaux et internationaux contre le blanchiment d'argent (...). Cette banque est gérée de manière professionnelle et possède de fortes liquidités en réserves », a ainsi déclaré M. Salamé. « Nous voulons rassurer les clients que leurs opérations sont en sécurité », a-t-il ajouté.
Selon des sources proches de la BDL, la Banque centrale pourrait même entamer des contacts avec le Trésor américain afin de réclamer des preuves tangibles concernant les charges formulées à l'encontre de la banque libanaise, dont les dépôts s'élèvent à plus de 5,5 milliards de dollars.
Depuis le vote en 2001 d'une loi spéciale contre le blanchiment d'argent (n° 318) et l'instauration de la Commission spéciale d'investigation (CSI), chargée d'enquêter sur les cas suspects, la BDL s'est en effet largement investie pour lutter contre cette forme de délit, s'attirant au passage le satisfecit de plusieurs instances internationales. La CSI a traité plus de 800 cas depuis 2006, dont 202 cas en 2009.

« Des accusations totalement infondées »
En parallèle et dans un entretien avec L'Orient-Le Jour, le PDG de la Lebanese Canadian Bank (LCB), Georges Zard Abou Jaoudé, a démenti hier en bloc les accusations du Trésor américain, soulignant qu'elles « sont totalement infondées ». « Il n'y a eu aucun audit interne qui permet d'aboutir à ces conclusions (...). En outre, un des noms cités (dans le rapport), soupçonné d'appartenir au réseau de blanchiment, est celui d'un client de la banque dont le dépôt s'élève à moins de 500 000 dollars, et dont les transactions sur le compte n'ont totalisé que 100 000 dollars durant les quatre dernières années », a-t-il indiqué. Selon le département américain, le réseau de trafic de drogue présumé auquel il accuse la LCB de contribuer blanchirait 200 millions de dollars.
« Notre banque a en outre informé la Commission spéciale d'investigation il y a 10 jours de sa volonté de geler les avoirs de ce déposant, après avoir découvert que son nom figurait sur la liste de l'Office of Foreign Assets (OFAC) aux États-Unis », a ajouté le PDG de la LCB. Le réseau informatique de la banque est en effet directement lié à toutes les listes internationales de personnes soupçonnées de blanchiment d'argent, dont celle des États-Unis, lesquels considèrent le Hezbollah comme une organisation terroriste. « Quant au deuxième nom mentionné dans le rapport, il s'agit d'une institution financière locale dont le travail est conforme aux lois et règles mises en place par la BDL », a-t-il ajouté.
Rappelons que le Trésor américain avait accusé jeudi dans un communiqué la LCB de blanchir l'argent de la drogue d'un réseau international qui serait basé au Liban et contre lequel les autorités américaines ont pris récemment des sanctions.
Dans un communiqué, le Trésor américain a indiqué que cette mesure est destinée à « protéger le système financier des États-Unis des produits financiers illégaux découlant de la LCB, et à priver ce réseau international de trafic de drogue et de blanchiment d'argent de son point d'accès privilégié au système financier régulier ».
La mesure prise par le Trésor interdit à tous les établissements financiers américains de réaliser directement ou indirectement la moindre transaction financière avec la LCB ou pour la LCB, pour leur compte ou le compte de tiers.
La mise au ban d'une banque libanaise, accusée par le Trésor américain de blanchir l'argent d'un réseau de trafiquants de drogue qui soutiendrait financièrement le Hezbollah, continue de susciter des remous dans les milieux libanais - l'affaire revêtant un double caractère, politique et économique. Selon certains observateurs, ces accusations constituent en effet un message aux autorités...

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