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Culture - Exposition

Beirut Past & Present, ou quand les artistes se mobilisent pour le patrimoine*

Jusqu'au 25 février à Beyrouth puis l'Université Saint-Esprit de Kaslik, l'association AsILE présente 7 artistes qui questionnent patrimoine et identité.

Yasmine Chemali, cofondatrice d’AsILE. (Michel Sayegh)

La Libano-Française Yasmine Chemali et la Française Camille des Guerrots se sont rencontrées à l'École du Louvre, où elles se sont toutes les deux spécialisées en arts de l'islam. «Nous avons toujours fonctionné en binôme et nous sommes devenues proches, voyageant souvent ensemble», raconte Yasmine Chemali. Durant l'été 2010, Camille des Guerrots prépare à Damas son master de recherches sur la céramique ottomane dans la capitale syrienne. Son amie, arrivée à Beyrouth quelques mois plus tard, constate que «Camille était prête à vivre au Levant».
Elles créent leur association en juillet 2010. AsILE (Artists Support and Impulse to Levant hEritage), avec un s et un h minuscules qui ne sont pas un simple effet graphique, comme la cofondatrice libanaise Yasmine Chemali l'explique: «Pas de s majuscule pour rappeler que nous n'avons pas de prétention politique, comme pourrait le suggérer "asile". Et puis, le s en retrait permet de lire "aile", qui est le sigle de notre projet. Ensuite, l'h minuscule pour dire que nous sommes des artistes qui nous intéressons à la question du patrimoine, pas au même titre que des archéologues par exemple.» Pas de militantisme donc - ce qui n'empêche pas AsILE de soutenir Save Beirut Heritage -, mais plutôt une «sensibilité à l'art»: «Nous voulons faire passer cette conscience du patrimoine par la création artistique et l'identité, poursuit la jeune femme. L'identité que nous avons par rapport à notre corps, à notre ville, à notre patrimoine immatériel.» Beirut Past & Present engage une vraie réflexion autour de ces deux thèmes-clés de l'association, avec la participation de sept artistes qui ont été rassemblés autour de trois thèmes: d'abord, Beyrouth comme environnement personnel, comme le traitent Marie Saliba, avec son enquête sur les objets et les symboles d'identité des taxis-service, et Maral der Boghossian et l'immatérialité de son identité arménienne au cœur de la capitale libanaise.
Ensuite, Beyrouth comme partie intégrante de l'identité collective: des créatrices comme Rima Saab et Mari Meen Halsøy se sont résolument connectées à un passé et une histoire spécifiques qui ont enclenché une réflexion plastique sur la mémoire, tandis qu'Élie Abou Merhi s'est concentré sur cet héritage immatériel que représentent la musique, la gestuelle ou la langue. Enfin, Beyrouth comme théâtre de transformations, où l'individu est soit intégré, soit hors du champ de ces évolutions est le point focal du collectif de photographes dont font partie Elsie Haddad et Chafa Ghaddar, qui présentent ici une partie de la réflexion en cours.

Identité et métissage
«Ce n'est pas une simple exposition décorative, poursuit Yasmine Chemali. Nous espérons mener l'exposition en Syrie en juillet prochain, puis en Jordanie, où nous serons installées, Camille et moi, dès mars prochain, pour nous occuper du patrimoine irakien depuis le bureau Irak de l'Unesco, installé à Amman. Dans cette ville, il y aura aussi des ateliers pour enfants sur l'identité et le patrimoine par le biais de créations artistiques. Sur le sol libanais, les œuvres seront ensuite installées au Conservatoire du patrimoine oriental (CPO), placé récemment sous l'égide du Centre Phoenix pour les études libanaises de l'USEK. C'est un défi que de placer cette exposition dans deux lieux à identités totalement différentes », constate en souriant l'organisatrice. Pour prolonger la découverte de ces sept talents, AsILE, en collaboration avec le Centre Phoenix, a organisé une table ronde à l'USEK le 16 février, date de l'inauguration, et qui s'articulera autour de l'identité, qui unit patrimoine et art contemporain.
Troisième volet de Beirut Past & Present: la présence de Delphine Chevalme, cofondatrice avec sa sœur Élodie du Quartier général, lors du vernissage à Art Lounge. Le duo d'artistes a la particularité de ne créer qu'aux feutres de coloriage, ceux des enfants. «Nous travaillons sur de grands formats, explique la dessinatrice, ce qui fait qu'on perd l'échelle du classique format A4, donc on sort des frontières. C'est comme le métissage, qui nous intéresse en premier lieu: on y dépasse les frontières de son identité.» Le Quartier général a donc choisi de travailler au Liban sur le thème de la mariée, «en réinventant les motifs des textiles libanais». Rendez-vous, probablement, à l'USEK pour découvrir l'œuvre terminée...

* Jusqu'au 13 février à Art Lounge et du 16 au 25 février à l'USEK.
La Libano-Française Yasmine Chemali et la Française Camille des Guerrots se sont rencontrées à l'École du Louvre, où elles se sont toutes les deux spécialisées en arts de l'islam. «Nous avons toujours fonctionné en binôme et nous sommes devenues proches, voyageant souvent ensemble», raconte Yasmine Chemali. Durant l'été 2010, Camille des Guerrots prépare à Damas son master de...
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