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Lifestyle - Objets et histoire

Un bain noir !

La première baignoire (du latin « balneum » ou établissement de bain) est apparue en Crète au XVIe siècle avant J-C dans les gymnases où les athlètes qui s'entraînaient nus devaient se laver. Elle a subi différentes modifications de formes et de tailles. En forme de sabot chez les Grecs, bassin rond en marbre, en argent, en grès chez les Romains. Puis, quand elle arrive au Moyen Âge en France par l'intermédiaire des croisés, qui en ramènent le concept, elle est remplacée par une grosse cuve en bois, le plus souvent réalisée dans un simple tonneau et finit même par être délaissée. En effet, les gens allaient souvent aux étuves pour prendre des bains publics, mais ces endroits finissaient par devenir des lieux de débauche. Véritables nids à microbes et à maladies, ces bains publics ont été par la suite fermés. Et Louis XIV, s'il est célèbre pour avoir été un grand roi, l'est tout aussi pour n'avoir jamais pris de bain. Il faut dire que l'époque le voulait ainsi : on ne s'essuyait les parties visibles du corps qu'avec un linge sec.
Ouf ! Louis XV remit à la mode les bains et les baignoires en cuivre. Il fait installer des cabinets de bains à Versailles. Chez les riches, les bains faisaient salon. On transportait les baignoires au salon. On mettait madame dans sa baignoire. On poudrait l'eau d'un produit sombre pour cacher sa nudité et il y avait souvent un couvercle cané. On offrait même des bains privés aux invités et on en faisait un cérémonial des sens à grand renfort d'huiles et d'encens ! Le peuple, lui, se baignait encore dans les rivières.
Les bains publics ouvrent à nouveau et les bains médicamenteux se développent en même temps que les stations thermales. Le bain n'est devenu à usage courant que lorsque les frères Périer ont construit une pompe en bas de La Samaritaine, ce qui a permis de pomper l'eau de la Seine, et petit à petit, grâce à Haussmann, de faire des adductions. L'eau est montée dans les étages. Les salles de bains et baignoires se démocratisent et les maisons commencent à en abriter...
Parmi les baignoires, il y a celle d'Archimède. C'est en prenant son bain qu'Archimède découvrit le principe de l'hydrostatique, selon lequel tout corps plongé dans l'eau déplace un volume d'eau correspondant. Enthousiasmé par sa découverte, il s'écria « eurêka » et courut dans la rue en tenue d'Adam...
Mais la baignoire la plus célèbre est incontestablement celle de Marat. Jean-Paul Marat, lui, est né en 1743. Il fait des études de médecine en France et s'installe à Londres. Praticien réputé dans toute l'Europe, il est nommé en 1777 médecin des gardes du comte d'Artois, frère de Louis XVI. Ses Mémoires sur l'optique et l'électricité sont reconnus mais l'académie des sciences lui ferme ses portes à cause de ces attaques contre Newton. Persuadé qu'il est un génie incompris, tourmenté par la passion de l'égalité, il se lance corps et âme dans la révolution. En septembre 1789, il fonde son journal l'Ami du peuple où il pourfend tous ceux qu'il accuse de détourner le mouvement révolutionnaire. Son intransigeance le conduit à plusieurs reprises en prison et même en exil à Londres. De retour en France, en 1792 il déclenche par ses articles le massacre de septembre, au cours duquel les sans-culottes exécutent plus de 1 300 prisonniers. Cet événement conduit à la chute de la monarchie.
Marat est la bête noire des contre-révolutionnaires parmi lesquels une certaine Charlotte Corday, une jeune aristocrate. Au matin du 13 juillet 1793, elle achète un couteau et se fait conduire à la maison de Marat. Souffrant atrocement d'une sorte d'eczéma aggravé, il est assis dans sa baignoire remplie d'un bain à la tourbe et au vinaigre, afin de soulager ses terribles démangeaisons, Charlotte s'avance sous prétexte de lui donner la liste des rebelles de Caën. « Je les ferai tous guillotiner », fut sa dernière phrase car elle le poignarde pour « sauver le monde ». Aussitôt arrêtée, elle est condamnée à mort et devient l'héroïne des contre-révolutionnaire qui la surnommèrent l'ange. Quant à Marat, des funérailles grandioses lui sont organisées. Ses restes seront déposés au Panthéon comme le plus grand des martyrs de la liberté et le peintre David lui consacre un Marat assassiné avec, comme maxime : « Ils n'ont pu me corrompre alors ils m'ont assassiné. »
Du déjà-vu chez nous, hélas !
La première baignoire (du latin « balneum » ou établissement de bain) est apparue en Crète au XVIe siècle avant J-C dans les gymnases où les athlètes qui s'entraînaient nus devaient se laver. Elle a subi différentes modifications de formes et de tailles. En forme de sabot chez les Grecs, bassin rond en marbre, en argent, en grès chez les Romains. Puis, quand elle arrive au Moyen Âge...

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