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Économie - Liban - Éclairage

Les marchés financiers réagissent positivement à la désignation de Mikati

La crise politique qu'a connue le pays au cours des dernières semaines a engendré une tension sur le marché boursier ainsi que sur le marché des changes, sans toutefois provoquer un phénomène de conversions massives vers le billet vert. Selon des sources informées, un recul de la demande sur le dollar était observable hier après la désignation, la veille, de Nagib Mikati à la tête du gouvernement,
et le retour progressif au calme. La Bourse de Beyrouth, elle aussi, a repris son souffle.

Le marché des changes a connu hier une stabilité relative, après plusieurs semaines de conversions vers le billet vert. Celles-ci auraient porté sur plus d’un demi-milliard de dollars.


Les rumeurs sur des conversions massives de la livre vers le billet vert ainsi que sur une fuite de capitaux vers l'étranger se sont multipliées au cours des dernières semaines, à l'ombre de la crise politique que traversait le pays, désormais en voie de résorption.
Selon certaines sources, la Banque du Liban (BDL) aurait en effet injecté entre 500 millions et un milliard de dollars depuis la chute du gouvernement, le 12 janvier, pour maintenir la stabilité de la livre.
« Ces estimations sont à manipuler avec prudence (...). Certes, des conversions ont eu lieu, mais beaucoup de chiffres ont été lancés ici et là de manière hasardeuse (...). Certains médias ont affirmé la semaine dernière que la BDL aurait débloqué en un seul jour l'équivalent d'un demi-milliard de dollars, ce qui est totalement infondé », a souligné à L'Orient-Le Jour le directeur du département de recherche à la Bank Audi, Marwan Barakat.
« Nous disposons des chiffres sur le montant exact des conversions, mais celui-ci ne sera dévoilé qu'après la publication du bilan de la BDL à la fin du mois », a souligné de son côté une source informée à la Banque centrale, sous le couvert de l'anonymat. Le bilan en question inclut les réserves en devises, dont l'évolution reflète dans une large mesure les transactions ayant eu lieu entre les deux monnaies utilisées sur le marché. « Les observateurs seront étonnés de découvrir que le montant de ces réserves n'a pas largement varié », s'est contentée d'indiquer cette même source, ajoutant « qu'aucune fuite de capitaux vers l'étranger n'a eu lieu durant cette période ».
La Banque centrale, rappelons-le, intervient sur le marché des changes en tant que vendeur ou acquéreur de billets verts afin de préserver le système des taux de change fixe au Liban, instauré à la fin des années 90.
Avec des avoirs en devises de plus de 30 milliards de dollars, contre quelque 12 milliards en 2005, la BDL dispose désormais d'un important bouclier de protection lui permettant de maintenir les fluctuations du dollar à l'intérieur d'une fourchette variant entre 1 501 et 1 514 livres, même dans le cas d'un scénario extrême.

2005/2011 : des différences majeures
« Les réserves en devises de la BDL représentent d'ailleurs aujourd'hui 78 % de la masse monétaire en livre (...). En outre les liquidités primaires en devises des banques constituent désormais 48 % des dépôts en dollars - l'un des ratios les plus élevés au monde (...). Il s'agit de nos deux lignes de défense majeures », a souligné à cet égard le directeur du département de recherche à la Bank Audi. Selon lui, il n'y a donc aucun risque pour la stabilité monétaire dans le pays, d'autant qu'à l'heure actuelle « la tendance générale est à l'accalmie ». « D'ailleurs, le phénomène de conversions, qui s'est poursuivi jusqu'à mardi, a commencé à s'estomper à partir d'hier », a-t-il précisé.
Rappelons, à titre comparatif, qu'au cours des deux mois ayant suivi l'attentat du 14 février 2005, les conversions vers la monnaie américaine avaient totalisé quelque six milliards de dollars. Le taux de dollarisation des dépôts avait alors atteint un niveau record, à près de 80 %. « À l'époque, près d'un tiers des déposants en livres avaient converti leurs avoirs en dollars (...). Le même scénario s'était reproduit durant la guerre de juillet 2006 », indique Marwan Barakat.
Malgré des réserves en devises trois fois moins importantes qu'aujourd'hui et un contexte politique relativement plus grave, la Banque centrale avait néanmoins réussi à résister à ces chocs consécutifs, répondant aux besoins du marché tout en gardant intact les taux de change.
Le phénomène de dollarisation accru avait été suivi - avec le retour à la normale au lendemain de la signature des accords de Doha en mai 2008 - par un phénomène contraire, favorisé par la crise internationale.
Profitant d'une relative stabilité, sur le plan politique et sécuritaire, et faisant preuve de résilience financière face à la débâcle mondiale, le Liban s'était en effet transformé en terre de refuge pour les capitaux fuyant les eaux troubles. Le différentiel de taux d'intérêt étant largement en faveur de la monnaie locale, de nombreux investisseurs locaux et étrangers se sont alors retournés vers les produits en livre.
Les conversions vers la monnaie locale ont d'ailleurs totalisé quelque 20 milliards de dollars au cours de cette période, faisant chuter le taux de dollarisation des dépôts à 62,6 % en septembre dernier - un plus bas depuis dix ans.
Les rumeurs sur des conversions massives de la livre vers le billet vert ainsi que sur une fuite de capitaux vers l'étranger se sont multipliées au cours des dernières semaines, à l'ombre de la crise politique que traversait le pays, désormais en voie de résorption. Selon certaines sources, la Banque du Liban (BDL) aurait en effet injecté entre 500 millions et un milliard de dollars depuis...

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