Hier également, l'équipe Gbagbo a affirmé avoir « accepté » une « offre de dialogue entre les deux camps » faite par l'émissaire. Le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello, a renvoyé la balle dans le camp adverse, assurant à l'AFP qu'une rencontre « dépend de la réponse du camp Ouattara ». Chez ce dernier, une porte-parole, Anne Ouloto, a répété la position affichée depuis le début de la crise : « Nous sommes tous pour le dialogue (...) S'ils (le camp Gbagbo) sont prêts à reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara, alors le dialogue serait constructif. »
Cinquante jours après le second tour de la présidentielle, l'impasse reste totale entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. L'Union européenne et les États-Unis ont imposé des sanctions à M. Gbagbo et à ses proches, et les efforts se poursuivent pour lui couper l'accès à des financements. Hier, le vice-Premier ministre britannique, Nick Clegg, a durci le ton en réclamant le départ immédiat de Laurent Gbagbo. « La position du gouvernement britannique est que l'ancien président Gbagbo, qui a perdu l'élection, doit partir, et partir maintenant », a-t-il dit.
La Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a menacé Laurent Gbagbo d'un recours à la force s'il ne cède pas le pouvoir. Hier, les chefs d'état-major de la Cédéao se sont réunis dans la capitale malienne, Bamako, pour débattre des préparatifs d'une éventuelle intervention militaire visant à chasser Laurent Gbagbo du pouvoir. Le général Mahamane Touré, responsable des questions de paix et de sécurité au sein de la commission de la Cédéao, a indiqué que toutes les méthodes possibles seraient étudiées avant un recours à la force. « Nous espérons qu'avec tous les efforts de médiation en cours, une intervention militaire ne se révélera pas nécessaire, parce que nous en connaissons tous les conséquences », a estimé de son côté la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf. En visite à Paris, le président burkinabé Blaise Compaoré a répété que la Cédéao préférait une solution pacifique à la crise. La Grande-Bretagne a fait savoir qu'elle apporterait son soutien aux Nations unies en faveur d'un recours à la force si la Cédéao sollicite le soutien à une intervention militaire. Toutefois, le secrétaire au Foreign Office, William Hague, a exclu une intervention militaire britannique directe.
En outre, le Premier ministre d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro, a lancé un appel à la grève générale après deux précédents appels restés sans effet. Par ailleurs, l'opération « pays mort » lancée à l'appel du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition pro-
Ouattara), pour inciter M. Gbagbo à partir, semblait bien suivie dans les bastions pro-Ouattara mais très peu ailleurs, a constaté l'AFP. Fin décembre, le RHDP avait lancé un appel « à la désobéissance », puis à la grève, peu suivis.
Enfin, signe de la tension à Abidjan, l'opération de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) a accusé hier « des forces du camp du président Gbagbo » d'avoir tiré la veille contre une de ses patrouilles. M. Gbagbo demande le départ de l'Onuci (9 500 hommes). Hier, un vote du Conseil de sécurité de l'ONU sur une augmentation de ses effectifs a été repoussé du fait d'un désaccord de la Russie. Le report de ce vote a été perçu par le camp Gbagbo comme une « victoire de la raison ».
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