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Moyen Orient et Monde - Reportage

Les femmes déchues de Gaza emprisonnées pour « conduite immorale »

Les détenues accusées de délits « moraux » purgent de quatre à huit mois de prison - moins si elles se marient et plus si elles récidivent.
Détenue dans la prison de Gaza pour prostitution, Najwa Abou Amra, une mère de deux enfants, ne peut retenir ses larmes en faisant le récit de sa déchéance. Poussée par la misère, des enfants en bas âge entièrement à sa charge, dont un sourd, elle s'est finalement résignée à coucher avec un homme comme le lui conseillait son époux toxicomane. « Mon mari n'est pas normal. Il m'a dit de coucher avec des hommes pour qu'ils lui donnent de l'argent », confie-t-elle à l'AFP. En fin de compte, elle a fini par passer à l'acte pour 200 shekels (50 dollars) et s'est retrouvée en prison. Un juge lui a infligé trente jours de détention préventive au Centre de rééducation pour femmes de Gaza, la seule prison pour femmes de la bande de Gaza.
L'établissement est géré par le Hamas qui a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007. Depuis, la chape de conservatisme qui pèse sur ce territoire misérable où vivent un million et demi de Palestiniens s'est encore alourdie. La prison consiste en deux cellules où s'entassent 19 femmes et une poignée d'enfants. Les autres ailes en cours de construction sont destinées aux hommes et abritent les services administratifs. Dans la première des salles, 11 femmes sont assises sur des coussins et des tapis épais, leurs couvertures pliées dans un coin. Une d'entre elles berce son enfant dans la petite pièce à peine éclairée par une lucarne. Dans l'autre pièce sont assises huit prisonnières, l'une avec un nouveau-né dans les bras. Elle est soupçonnée d'avoir couché avec le père de son enfant pour de l'argent, ce qu'elle nie, affirmant qu'ils ont régularisé la situation en se mariant après son incarcération. Sa sœur enceinte de huit mois est également détenue au centre pour le même motif.
Selon le directeur de la prison, Nasser Dib Souleïmane, les femmes sont séparées dans l'une des deux cellules selon le degré de gravité des faits qui leur sont reprochés. Pourtant, des détenues pour « conduite immorale » cohabitent avec des condamnées pour vol et même une jeune femme de 21 ans condamnée pour meurtre.
Contrairement à d'autres détenues qui veulent garder l'anonymat, Rihab, 34 ans, aux bras couverts de cicatrices de coupures qu'elle s'est infligées, parle ouvertement de ce qui l'a conduite en prison. Son crime est d'avoir couché avec deux hommes. Pas pour l'argent, elle travaillait dans un hôpital. Tous deux ont été arrêtés, mais sont sortis grâce aux services d'un avocat. Elle est restée en prison. « Oui, je l'ai fait, je ne vais pas raconter d'histoires. Je l'ai fait à deux reprises » dit-elle. Sa famille, d'abord furieuse, lui a pardonné. « Mon père a dit aux voisins que j'étais en Égypte, il va me trouver un avocat », assure-t-elle.
D'autres, comme Khouloud, 18 ans, et sa mère qui refuse de donner son nom, se montrent plus pudiques, affirmant être là à cause d'une dispute familiale. La gardienne, Oum Ahmad, explique en aparté que toutes deux appartenaient à une entreprise de prostitution familiale. « Toute la famille était pourrie. Le père commandait et l'homme qui était avec la fille était aussi avec la mère, crache-t-elle avec dégoût. Ne croyez pas un mot de ce qu'elles racontent. »
Les détenues accusées de délits « moraux » sont rarement condamnées, assure le directeur. Elles sont maintenues en détention préventive de 30 jours par décision judiciaire, renouvelée à plusieurs reprises.
Selon lui, ces femmes purgent de quatre à huit mois de prison - moins si elles se marient et plus si elles récidivent.
Détenue dans la prison de Gaza pour prostitution, Najwa Abou Amra, une mère de deux enfants, ne peut retenir ses larmes en faisant le récit de sa déchéance. Poussée par la misère, des enfants en bas âge entièrement à sa charge, dont un sourd, elle s'est finalement résignée à coucher avec un homme comme le lui conseillait son époux toxicomane. « Mon mari n'est pas normal. Il m'a...

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