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Culture - Exposition

« In the Trenches » à la galerie The Running Horse

Trois jeunes artistes exposent leurs œuvres à la galerie The Running Horse. Rasha Kahil, Alfred Tarazi et Hiba Kalache offrent à voir des talents confirmés ou en éclosion qui témoignent de la diversité des expressions artistiques libanaises.

Alfred Tarazi questionne l’histoire à travers la livre libanaise.

«In the Trenches»* pourrait donner allusion aux tranchées et, in extenso, à la guerre. Il n'en est rien. Si cet accrochage met en évidence de jeunes talents qui ont dû côtoyer la guerre et de près, l'exposition qui se déroule au Running Horse jusqu'au mois de mars voudrait néanmoins mettre l'accent sur leur parcours personnel, leur voie, singulière et particulière. «En effet, dit la galeriste Léa Sednaoui, il n'y a pas spécialement de thème à cette exposition, mais ces artistes représentent des talents émergents du pays, auxquels j'ai voulu rendre honneur tout en les faisant mieux connaître. » Et d'ajouter fièrement: «D'ailleurs, certains musées internationaux sont intéressés de venir voir de près leurs travaux, après que The Running Horse les ait exposés à la foire d'art contemporain "Slick", en octobre 2010.

« Le salaire de la peur »
Si le public a commencé à connaître et à mieux percevoir le travail d'Alfred Tarazi en 2010 à travers deux expositions, «Contemporabia» et «The Sea of Oblvion» au Dôme de Beyrouth, l'artiste est pourtant bien avant cette date un membre de l'atelier «Hapsitus», fondé par l'architecte Nadim Karam, et également du groupement «The Feel Collective», dont il a été l'instigateur. Après avoir obtenu son diplôme de graphic design à l'AUB en 2004, Alfred Tarazi construit petit à petit une œuvre où il essaye de se reconnecter avec l'univers spatio-temporel.
L'artiste aime à se positionner en témoin et enquêteur du temps, et invite le spectateur à se poser des questions tout comme lui.
Provocateur? Plutôt artiste averti et engagé dans la marche de l'histoire, car Alfred Tarazi ne fait que soulever un questionnement et incite le regard à ne pas occulter le passé.
Sur un canevas de collage digital de la livre libanaise (1 Lira, 5 Lira, jusqu'à 100000), Tarazi a articulé son travail sur le thème d'une nation en état d'inflation. Le Liban pourra-t-il survivre au centenaire de son indépendance avec une livre qui a été dévaluée au cours des années? De 1945 à 2045, devra-t-on encore assister à des bouleversements sociopolitiques? Quel est le coût de l'horreur? De la violence? Des armes, des balles achetées pour tuer? Sur fond donc de cette monnaie du pays, l'artiste a collé et reproduit tous les acteurs qui ont fait de cette histoire libanaise un bain de sang. L'œuvre d'Alfred Tarazi n'est pas un message de violence ni une prise à parti pour un groupement quelconque, mais une tentative de lever le voile qui obscurcit certains regards. Combien devrons-nous encore payer le prix des erreurs de nos dirigeants ? Une certaine ironie se profile à travers cette question et cette juxtaposition d'images du passé et du présent.

Deux travaux différents
Pour Rasha Kahil, établie à Londres après avoir poussé ses études en Communication Art et Design au Royal College of Art, c'est le corps (le nu) qui devient à la fois l'objet et le sujet de ses photographies. À travers six portraits de ses amies qui ont posé nu dans leur environnement intime, Kahil explore la dichotomie entre le privé et le public, l'intimité et le voyeurisme. Intimidées ou à l'aise, ces six femmes aux yeux bien dissimulés par un rectangle noir parlent pourtant de leur corps avec leur corps. Rasha Kahil a respecté ce coin d'intimité en ne dévoilant pas leur identité. À travers ces six nus (dont trois seulement sont exposés à la galerie), ce sont les grandes étapes du nu féminin dans l'art, l'histoire, mais aussi dans les magazines ou des panneaux publicitaires contemporains qui sont
retracées.
Quant à Hiba Kalache, longtemps installée aux États-Unis, où elle s'est imprégnée d'une culture pop, l'artiste rentre au pays pour explorer les nouvelles dimensions d'une expression artistique. Son Cotton Candy (barbe à papa), réalisé avec de l'encre et de l'acrylique sur papier, est un film fin entre le fictif et le réel où l'artiste essaye de repousser les limites de l'imaginaire. «Comment parler de sa propre œuvre?» demande-t-elle ; il suffit que celle-ci parle d'elle-même. Dans l'univers rouge déclinant vers le rose et dans les fils effilochés de sa peinture qui va dans tous les sens en dessinant au passage des vides et des pleins, des traits et des arrondis, l'abstrait, le narratif, la naissance, le simple, l'ordre, les espaces, le mystère, la tradition, le statique et le mouvement, la mémoire, les stéréotypes, le féminin et la contemplation, autant de concepts qui s'entremêlent dans ce travail raffiné et
élégant.

Jusqu'au 26 mars, à la galerie The Running Horse, Quarantaine. Tél. : 01/562778.
«In the Trenches»* pourrait donner allusion aux tranchées et, in extenso, à la guerre. Il n'en est rien. Si cet accrochage met en évidence de jeunes talents qui ont dû côtoyer la guerre et de près, l'exposition qui se déroule au Running Horse jusqu'au mois de mars voudrait néanmoins mettre l'accent sur leur parcours personnel, leur voie, singulière et particulière. «En...

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