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Culture - Livre

Pour Philip Mansel, Beyrouth est toujours le phare du « Levant »

Un écrivain britannique revisite les beaux jours des pays du Levant. Époque révolue de tolérance et de cosmopolitisme. Reste une seule trace difficile à déliter : Beyrouth

Un grand connaisseur de la région.

«Avec ses conflits et sa multiplicité - universités et camps de réfugiés, lignes de faille entre l'Est et l'Ouest, sunnites et chiites, ville et État, côte et arrière-pays, vulnérabilité et résilience -, Beyrouth demeure un laboratoire expérimental pour le futur du Moyen-Orient.» C'est là un extrait du chapitre consacré à Beyrouth, faisant partie d'un ouvrage que vient de publier Philip Mansel sous le titre Levant: splendeur et catastrophe sur la Méditerranée. Pour cet écrivain anglais, grand spécialiste des monarchies françaises du XIXe siècle et de l'Empire ottoman, le Levant est plus qu'une délimitation géographique. C'est une appellation créée par l'Occident pour désigner un espace de l'Orient, «devenu espace de dialogue entre ces deux mondes» à travers des Européens venus là, d'abord pour traiter des affaires et qui, ensuite, ont constitué un genre de melting pot. Leurs points de chute ont été Smyrne, Alexandrie et Beyrouth, dont Mansel fait un brillant récit. Trois villes à vocation cosmopolite que perdront les deux premières. Seule Beyrouth, lacérée aussi par les conflits, arrive à développer une extraordinaire capacité de se réinventer.
L'auteur, qui connaît bien la région et qui a rédigé cet ouvrage pendant ses séjours à Beyrouth et à Istanbul, en fait des portraits hauts en couleur et en vérité. Dans son introduction, il précise que dans cet ouvrage il cherche à savoir «si ces villes, comme le clament leurs habitants, sont réellement cosmopolites et si elles possèdent cet élixir de coexistence entre chrétiens, musulmans et juifs auquel l'on aspire partout; étaient-elles réellement mondiales avant la mondialisation? Et si elles l'étaient, pourquoi deux d'entre elles ont fini en champs de bataille?»

Smyrne, Alexandrie et Beyrouth
Quand elles faisaient partie de l'Empire ottoman, Smyrne, Alexandrie et Beyrouth étaient d'une telle tolérance qu'elles avaient accueilli des étrangers d'une trentaine de nationalités qui s'y étaient établis. Smyrne a été la première à suivre cette voie avec, en plus de sa population turque, arménienne et grecque, un afflux de citoyens de tous les pays européens qui, tout en faisant fortune, se sont bien intégrés. Son essor, sa splendeur et sa mixité seront sapés par la montée du nationalisme turc qui, après pillage, incendie et massacre de sa population grecque, prendra le nom d'Izmir.
De par son mélange de races, Alexandrie ressemblait à Smyrne. Mais alors que cette dernière reposait sur les négociants, l'ascension d'Alexandrie était le fait d'un seul homme, le dynamique pacha d'Égypte Mohammad Ali, qui a transformé cette ville délabrée en un port aux activités élargies. De 6000 habitants, sa population est passée à 100000. Elle a pu conserver cette dynamique fusionnelle jusqu'en 1956, époque de la nationalisation des banques et des industries, qui avait paralysé la vie et les affaires des étrangers. On les a vu partir, laissant tout derrière eux.
Reste Beyrouth, qui n'a pas baissé les bras malgré guerre, occupations et autres crises et qui, selon l'auteur, rebondit à tous les coups. Lui-même a peine à comprendre « comment » ses habitants s'extirpent de la spirale de l'anarchie. Ce qu'il sait, c'est que la ville présente la caractéristique suivante: «En cette époque de mondialisation accrue, elle demeure un modèle d'expérience pour le monde entier.» Son esprit d'ouverture reste difficile à déliter.
«Avec ses conflits et sa multiplicité - universités et camps de réfugiés, lignes de faille entre l'Est et l'Ouest, sunnites et chiites, ville et État, côte et arrière-pays, vulnérabilité et résilience -, Beyrouth demeure un laboratoire expérimental pour le futur du Moyen-Orient.» C'est là un extrait du chapitre consacré à Beyrouth, faisant partie d'un ouvrage que vient de publier...

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