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Culture - Concert

Une musique-fusion mêlant Poulenc, Piazzolla et Oum Kalsoum

Sous le label de musique de chambre, l'ensemble Ateek a donné à l'Assembly Hall (AUB) un mélange de mélodies orientalo-occidentales qu'on qualifierait volontiers de musique-fusion. Qanun, percussions, piano et violoncelle pour confirmer que la musique a des incursions inattendues et demeure sans conteste un langage universel.

Un jeune ensemble qui propose une musique expérimentale. (Marwan Assaf)

Un concert plus expérimental et exploratoire que sérieusement convaincant, malgré quelques attraits sonores.
Un public relativement restreint pour des musiciens qui ne s'embarrassent pas de conventions et mêlent en toute audace Poulenc à Haytham Sukkarieh, Ravel à Iyad Mohammad, Brahms et Piazzolla à Oum Kalsoum.
Joli bouquet de notes où Orient et Occident ont des correspondances savoureuses, où qanun et piano riment en toutes cordes accordées, où violoncelle et percussions (tabla) ont des résonances tissées de coquines et tendres
complicités.
Au-devant de la scène, à l'archet du violoncelle Cag Ercag, Halim el-Khatib pour pincer les notes cristallines du qanun, pour les accords et cadences du clavier Zina Asfor et, pour des bras battant dextrement la mesure, les percussions de Mohammad Taha.
Seule note peu convaincante au tableau, la présence, à l'autre bout de la flaque de lumière, d'une danseuse (Lana Nassar) aux circonvolutions compassées et peu inventives, malgré le mouvement giratoire des derviches tourneurs ou une écharpe rouge balayant l'air pour le cri de la liberté de Piazzolla. De toute façon, la danse est de trop (ou pas assez) quand une musique si résolument anticonformiste est offerte à l'audience, toute ouïe, pour une expression musicale se voulant hors des sentiers battus. Les deux expressions se bouffent littéralement et inutilement l'espace.
Un menu ébouriffé, mais guère ébouriffant, avec des partitions de tous crins. De toute évidence, il y a là une volonté et un désir de jeter un pont entre deux cultures, deux prosodies, deux mondes. Et l'idée est plutôt sympathique.
On retient d'abord ce flamboyant solo de violoncelle de Cag Ercag où archet et derbouka, par-delà dissonances harmoniques et stridente narration moderne, ont des rythmes époustouflants et une impétueuse célérité. Telle une cavalcade infernale.
Pour prendre le relais, un air de blues intitulé Horses (Chevaux) de Tarek Younis. Il flotte sous le chapiteau à travers la voix chaloupée et aux intonations douces de la soprano Hala Hachem. Modulations nostalgiques et tendres pour une complainte qui vient de loin.
Des accents anglais, on passe aux murmures de la poésie arabe avec Mawlawi Ruhi d'Iyad Mohammad, un envol lyrique, éthéré comme un souffle et empreint de
spiritualité.
Trémolos d'amour avec le solo de violoncelle de Dia al-Sukkari. Un opus porté au rêve, à la langueur, à une certaine mélancolie.
Toujours sous l'ombrelle de l'amour avec la chanson culte Enta Oumri de Oum Kalsoum (arrangée par Iyad Mohammad). Bien sûr, il est impensable de rivaliser avec la voix envoûtante de la plus grande diva du monde arabe. Avec beaucoup de réserve, mais on se laisse quand même emporter (pour ne pas dire on se laisse aller...).
Curieux de retrouver les célébrissimes sémillantes Danses hongroises de Brahms avec une pluie de notes jaillies du qanun. On savoure et on sourit à la nouveauté.
Les chemins de l'amour de Poulenc sont ici très praticables... Une bonne version avec la voix de Hala Hachem, de loin plus à l'aise que dans les autres partitions.
Bref mais brillant, flamboyant avec son panache ibérique, presque au plus près d'un âpre « vocero », est ce Tripatos de Ravel.
Pour conclure, un morceau hissé au niveau d'un classique du genre et qui a fait le tour du monde. Voilà le merveilleux Libertango de Piazzolla, mais où le bandonéon est remplacé par le qanun qui se rue dans la précipitation des rythmes et des cadences, de toute la fraîcheur de ses notes fluettes, graciles et délicates.
Petite trombe d'applaudissements d'un public plutôt blasé et pressé de quitter les lieux. Révérence des artistes, mais pas de bis. Et, pourtant, la prestation et l'originalité de l'entreprise, malgré quelques maladresses et certaines incohérences, valaient bien un encouragement plus substantiel.
Un concert plus expérimental et exploratoire que sérieusement convaincant, malgré quelques attraits sonores.Un public relativement restreint pour des musiciens qui ne s'embarrassent pas de conventions et mêlent en toute audace Poulenc à Haytham Sukkarieh, Ravel à Iyad Mohammad, Brahms et Piazzolla à Oum Kalsoum.Joli bouquet de notes où Orient et Occident ont des correspondances...

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