Regroupées sous l'intitulé «Histrionic», la vingtaine de photos, grand format, que Nour el-Khazen expose à la galerie Marc Hachem* jusqu'au 8 janvier, sont d'une sophistication extrême.
Traitées en procédé diasec sur aluminium - qui met en valeur les détails et accentue les contrastes - elles revisitent, façon rock et glamour, des scènes de Crucifixion, de Piéta, évoquent des images «originelles», réactualisent des œuvres antiques célèbres, tel le Discobole... Chez Nour el-Khazen, le Crucifié (Absolutely Flawless) porte des Ray Ban, la silhouette en mouvement du lanceur de disque (The Magnificent) joue la réflexion inversée sur papier glacé, et l'homme abandonné entre les bras d'une femme fait allusion, de manière profane - d'ailleurs baptisée Like A Virgin Madonna - à la descente de la Croix...
Ferveur des mains
Et puis il y a les silhouettes enlacées d'intemporels, Adam et Ève semblant émerger des profondeurs obscures d'un jardin d'Éden; la «Symbiose» entre l'éternel féminin et les cycles de la nature, et d'autres compositions d'un bel
esthétisme.
Sauf que l'œuvre magistrale de cette exposition reste celle immortalisant la ferveur de deux mains, l'une féminine, l'autre masculine, qui se rejoignent comme dans une prière ardente. Comme en des retrouvailles immémoriales, ou encore comme en une gestuelle dansante et passionnée... Une photo d'une magnifique expressivité qui n'est pas sans rappeler les fameuses Mains-Cathédrales de Rodin.
On retrouve là les influences diverses de Nour el-Khazen qui, de l'audiovisuel à Beyrouth à la photographie à Montréal, en passant par le graphic design à Los Angeles, la peinture à New York et la mode à Milan, nourrit son travail créatif d'une formation artistique multidisciplinaire.
* Mina el-Hosn, rue Salloum, imm. Capital Gardens, bloc B. Tél. : 01/999313.