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Culture - Portrait d’artiste

Mauro Bigonzetti, ou la chorégraphie italienne nouvelle vague

Plus que danseur, Mauro Bigonzetti est surtout chorégraphe. Un chorégraphe italien nouvelle vague inspiré, à l'écoute de la musique et du langage des corps. De Bach à Prokofiev, en passant par Haendel, le ballet, grâce à lui, a des moments d'harmonie surprenants et surtout une légèreté aux couleurs alliant rigueur classique et fantaisie moderne.

Une chorégraphie signée Bigonzetti.

Fasciné par Cinacittà, un enfant de onze ans s'inscrit au Ballet de Rome (Rome, dont il est originaire) pour être au plus près de ses rêves, au plus près des ses aspirations les plus profondes, au plus près de ses désirs les plus secrets. Mauro Bigonzetti, arborant aujourd'hui lunettes d'intellectuel, tee-shirt moulant d'artiste bohème et cheveux coupés ultracourt, tout en conjuguant très cool tous les paradoxes de la génération qui fait fi des conventions et jongle avec des idées de génie, a déjà fermement les pieds dans les chaussons de satin pour entrechats et jeux d'équilibre entre pirouettes et bonds en l'air.
Né en 1960, le futur directeur d'Aterballetto de Florence découvre le plaisir, non seulement de l'exaltation et de la danse, mais aussi le labeur intense et valorisant des chorégraphies qui tirent des partitions aux mirifiques sortilèges sonores un monde visuel encore plus éblouissant, plus palpitant, plus tangible, plus vivant.
Et dès 1993 commence cette fulgurante carrière qui va le propulser au-devant de la scène internationale pour des productions de plus en plus audacieuses, de plus en plus somptueuses, de plus en plus avant-gardistes. Et à l'énergie décapante et débridée.
En revisitant la vie ou les partitions de certains grands compositeurs classiques, le ballet, grâce à lui, prend une dimension insoupçonnée, inédite, pour explorer en toute liberté, témérité et franchise, les thèmes de la violence et de l'amour. Avec une invention saisissante et une beauté inégalée dans sa tourmente, son raffinement et son désir de perfection.
Des pages de Serge Prokofiev, il tire un Roméo et Juliette aux transes amoureuses aussi tranchantes et irisées qu'un débris de verre brisé. Sans oublier les fatals bouleversements des élans passionnels aux couleurs boréales.
Bach sous sa férule a les ferveurs d'une Cantate tissée de tout l'humanisme et la piété de la Renaissance. Haendel lui inspire un Orlando Furioso que même Ludovico Arioso n'aurait pas imaginé...
La phrase de Rossini, pétillante, fluide et soyeuse dans son orchestration bel cantiste, se transforme sous sa houlette en une multitude d'images tourbillonnantes, telle une savoureuse pellicule de film projetant une joyeuse charge de cartes postales.
De même, les Quatre saisons de Vivaldi ont brusquement des frémissements et des trémolos aux tensions inattendues et au lyrisme encore plus chantant que celui des archets du Prêtre roux.
Les accents marqués et sinueux de Purcell ont aussi leur mot à dire dans ce prestigieux tableau de chasse. Sur un registre absolument différent dans sa rutilance, Stravinsky ne pouvait le laisser indifférent non plus ! Notamment la Petrouchka avec son expression de ballet contemporain au langage réinventé, mêlant légende, fiction et réalité.
Mais pour ce natif de la Ville Éternelle, la palme d'honneur revient à l'une de ses plus récentes productions avec le concours du Ballet de l'Opéra de Berlin.
La vie et l'œuvre, tout en pointes de dagues, du peintre Caravage (production programmée il y a à peine quelque jours par la chaîne télévisée Mezzo), avec la complicité de son musicien d'ami Bruno Moretti (tout en intégrant de larges extraits de la musique de Monteverdi), deviennent un fabuleux moment où la danse atteint une expression de témoignage, de résurrection, de parcours révélé. Et surtout d'une splendide reconstitution historique où s'imbriquent des toiles lumineuses et des personnages sombres, où se marient la part d'ombre de l'être et son besoin de transcendance. Une fresque grandiose pour un des plus grands artistes italiens, qui a célébré Dieu à travers ses créatures et dont l'existence aventureuse est loin d'être un exemple de vertu...
Pour ces festivals qui feront les délices des vacanciers, il serait bon d'inviter au pays du Cèdre Mauro Bigonzetti dont le style chorégraphique et les œuvres sont plus qu'attachants ou originaux. Juste pour ne pas être en reste de ce qui se produit de fort et de marquant en dehors d'un pays où gabegie politique, décadence de la chanson arabe, inflation démentielle et inqualifiables embouteillages des routes borgnes et éventrées sont à la pointe des préoccupations...
Fasciné par Cinacittà, un enfant de onze ans s'inscrit au Ballet de Rome (Rome, dont il est originaire) pour être au plus près de ses rêves, au plus près des ses aspirations les plus profondes, au plus près de ses désirs les plus secrets. Mauro Bigonzetti, arborant aujourd'hui lunettes d'intellectuel, tee-shirt moulant d'artiste bohème et cheveux coupés ultracourt, tout en conjuguant...

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