Rejettant toutes les pressions internationales, Laurent Gbagbo a réaffirmé hier soir dans un discours diffusé à la télévision d'État, qu'il était « le président de la République de Côte d'Ivoire ». « J'ai remporté le scrutin (présidentiel du 28 novembre) avec 51,45 % des suffrages », a-t-il dit, proposant un « comité d'évaluation sur la crise postélectorale » qui comprendrait notamment des représentants de l'ONU et de l'Union africaine. Il a en outre appelé le camp de son rival Alassane Ouattara à quitter l'hôtel d'Abidjan où il est actuellement retranché.
Parallèlement à ces événements, la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a annoncé la tenue d'un sommet extraordinaire sur la situation en Côte d'Ivoire, vendredi à Abuja. Lors d'un précédent sommet début décembre, elle avait suspendu le pays et demandé à M. Gbagbo de partir. Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU organisera également une session spéciale sur la situation en Côte d'Ivoire, demain, à la demande du Nigeria et des États-Unis, a indiqué hier une porte-parole de l'organisation.
Sanctions américaines
Le président sortant est de plus en plus isolé par la communauté internationale qui a reconnu la victoire de M. Ouattara à la présidentielle du 28 novembre. Washington a imposé hier un premier train de sanctions contre son régime en interdisant à une trentaine de ses proches de se rendre aux États-Unis. L'Union européenne a, elle, décidé de le sanctionner personellement, ainsi que ses deux épouses et 16 autres proches, interdits de séjour sur son territoire, et les États-Unis s'apprêtent à en faire autant. L'ONU a décidé lundi de prolonger de six mois le mandat de sa mission en Côte d'Ivoire, l'Onuci, et envisage de la renforcer, alors que le président sortant avait exigé son retrait « immédiat ». Les partisans de M. Gbagbo ont accusé l'Onuci d'avoir soutenu militairement les anciens rebelles. L'Onuci a dénoncé une augmentation des « actes hostiles » à l'encontre de ses personnels, commis par le camp Gbagbo. « La situation est à la fois très délicate, dangereuse, mais notre détermination est entière », a déclaré Alain Le Roy, chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU.
De son côté, Charles Blé Goudé, leader des « Jeunes patriotes », fer de lance des violentes manifestations antifrançaises de 2003 et 2004 à Abidjan, ne cesse de haranguer ses partisans, les appelant à être prêts à se battre pour « la souveraineté de la Côte d'Ivoire ». Amnesty International a dénoncé des exactions commises par les forces armées loyales à M. Gbagbo, mais aussi par des miliciens, contre des partisans réels ou supposés d'Alassane Ouattara.
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