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Culture - 9e art

Les guerres sur planches BD de Zapico et Kerbaj

C'est un intéressant échange d'idées sur le roman graphique et la BD en tant qu'ouvrages d'histoire et témoignages de guerres qu'a animé Michèle Standjovski au cours d'une table ronde à l'ALBA, initiée par l'institut Cervantès de Beyrouth et réunissant deux auteurs-dessinateurs aux univers différents : le Libanais Mazen Kerbaj et l'Espagnol Alfonso Zapico.

De gauche à droite: Michèle Standjovski, Alfonso Zapico et Mazen Kerbaje. (DR)

L'un raconte des guerres «historiques» à travers les tribulations de personnages fictifs. L'autre a reconstitué son quotidien de guerre, en l'occurrence celle de juillet 2006, à travers des strips journaliers postés sur son blog.
Alfonso Zapico et Mazen Kerbaj sont deux bédéistes qui, quelque part, font œuvre d'historiens. Le premier parce qu'il s'intéresse «à l'histoire et aux messages qu'elle nous livre sur la nature humaine», dit-il. Le second, de manière absolument spontanée et, au départ, tout a fait involontaire. Car Mazen Kerbaj, qui, un peu par la force des choses - se retrouvant désœuvré, bloqué sous les bombes - a consigné sur son blog son vécu, au jour le jour, de la guerre de juillet 2006, s'est longtemps défendu d'aborder le thème de la guerre, selon lui trop exploité par les artistes contemporains libanais de tous bords.

Dessiner l'histoire
Dans sa première BD, parue en 2006, récompensée du prix «auteur-révélation» du Salon de la BD de Barcelone 2010 et intitulée La guerre du professeur Bertenev (éditions - françaises - Paquet), Alfonso Zapico racontait, à travers les aventures imaginaires de son héros, la guerre de Crimée.
Puis, dans Café Budapest, publié en 2008, il mettait en scène des personnages fictifs évoluant dans les communautés arabe, juive et occidentale de la Palestine des années 40.
Dans ce roman graphique, mélange de documentaire et de fiction, il dit avoir voulu revenir aux sources du conflit palestino-israélien. «Un travail dans lequel je pose beaucoup de questions sans, évidemment, apporter d'éléments de réponse», affirme le scénariste-illustrateur espagnol. Qui assure, par ailleurs, se préoccuper bien plus «du message et de l'atmosphère» rendus dans ses planches « que de la perspective ou de
l'anatomie».
Quant à Mazen Kerbaj, «c'est sans en avoir conscience» qu'il a livré, à travers l'édition papier de son blog intitulée Beyrouth juillet-août 2006 (éd. L'Association), une tranche d'histoire contemporaine libanaise!
Partant de son quotidien sous les bombes, «semblable à celui de bon nombre de mes concitoyens», dit-il, Mazen va raconter au final deux mois d'histoire de vie à l'ombre de la guerre. Et cela à travers la compilation de dessins «totalement libres» qu'il a réalisés durant cette période. Libéré des carcans et codes imposés à son travail de « caricaturiste et dessinateur de presse », et préoccupé uniquement à «essayer de dessiner le bruit, la fureur et le fracas des bombes», il va donner libre cours à cette figure humaine récurrente chez lui, ce fameux personnage cubique à corps-tronc d'une noire expressivité, qui signe la facture de son travail.
Ainsi, distanciée ou, au contraire, vécue de l'intérieur, l'approche de la guerre de ces deux illustrateurs est, essentiellement, dénonciatrice de son implacable absurdité. Et même si leurs ouvrages sont très différents tant au niveau de la démarche, du ton ou encore du style graphique, ces deux-là se rejoignent dans une même sensibilité pour les petites histoires dans l'histoire.
Autre point commun entre Zapico et Kerbaj, relevé au cours de cette rencontre: le rendu émotionnel. L'émotion est présente autant dans le travail documenté et le «dessin à la fois virtuose et modeste» de Zapico, que dans les incisives réactions à chaud de Kerbaj tracées avec une grande économie de moyens.
Une gageure, selon Michèle Standjovski, «pour qui l'émotion est l'une des choses les plus difficiles à faire passer en bande dessinée». Sans doute encore plus quand il s'agit de «dessiner l'histoire»!
L'un raconte des guerres «historiques» à travers les tribulations de personnages fictifs. L'autre a reconstitué son quotidien de guerre, en l'occurrence celle de juillet 2006, à travers des strips journaliers postés sur son blog. Alfonso Zapico et Mazen Kerbaj sont deux bédéistes qui, quelque part, font œuvre d'historiens. Le premier parce qu'il s'intéresse «à l'histoire et aux...

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