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Lifestyle - Exposition

Hymne à la beauté orientale

Les portraits, immenses, sont d'un autre temps, entre Renaissance et orientalisme. Les visages d'une beauté époustouflante et la scénographie étonnante. La nouvelle exposition de Roger Moukarzel, « Jamãl »*, jusqu'au 21 décembre, d'une belle maturité, va longtemps hanter les Souks de Beyrouth.

© Roger Moukarzel : Des visages hors du temps.

Impatient, même si apparemment froid, perfectionniste, professionnel et... fou, le très talentueux Roger Moukarzel, qui ne peut rester sans rien faire, fait toujours à sa tête.
Et sa tête est pleine d'idées, d'images, de projets différents qui le chatouillent sans arrêt. Après les portraits « sur commande » réunis dans le livre Creative Lives (éd. Turning Point), paru en décembre dernier, après l'exposition « Vents d'est, vents d'ouest », qui s'est tenue en mai à la galerie Alice Mogabgab, l'artiste revient à ses premiers amours, la photo en studio.
Dans cette exposition baptisée « Jamãl », pas de beautés artificielles, de regards hésitants, de maladresses, de photos qui dénoncent, qui interrogent, qui démontrent. Le modèle a de la présence, une personnalité, souligné par une lumière qui le caresse et l'illumine. Il comble l'image, puis le cadre, puis les murs de l'exposition, même dans un espace grandiose de 1 300 m2, comme c'est le cas de la « venue » des Souks de Beyrouth qui accueille l'événement. La maîtrise du photographe, elle, est flagrante.

Des portraits tels des toiles de maîtres
Vendredi 10 décembre, 18 heures. Le voile est levé sur l'exposition, dans une pénombre à la fois sensuelle et envoûtante. Très vite, le visiteur est happé par cet exercice de style. Par l'espace, immense, inachevé, sublimé par les photos de Moukarzel et la scénographie de Maia Tabet, jouant à l'extrême la carte de l'orientalisme, dans la décoration des niches, le choix des cadres et l'accrochage. « Ce projet, en collaboration avec Solidere, qui aurait eu besoin d'un an de préparation, a été fait dans l'urgence, confie Roger Moukarzel, épuisé par trois semaines de nuits blanches. Il a été possible uniquement grâce à l'équipe de Minime Production qui m'entoure et la société Print Works, investie à fond, qui s'est chargée de l'impression des photos, de la création des encadrements et des niches où seront placées ces derniers. J'avais envie, poursuit-il, de mettre en scène et de saisir des visages intéressants, avec un caractère déterminé, beaux ou moches, ce n'était pas important, et de les fondre dans une ambiance orientaliste. » Il décide des accessoires à utiliser, les fait exécuter par des professionnels, s'entoure de maquilleurs talentueux et se lance. « Je me suis un peu jeté dans le vide, poursuit-il. Mais le défi m'intéressait. » Les visages, des inconnu(e)s, des connaissances, se livrent au jeu. Le photographe improvise en fonction de la physionomie, de la pose et de sa propre inspiration. Créant une lumière traditionnelle ou d'ambiance, il a su tirer de chaque modèle le meilleur, ce qu'il voulait, dans le thème désiré. « Le délai était pourtant très serré entre le choix final des clichés et la mise en place. »
L'espace, immense, et pourtant étonnamment intime, est habité par cette quarantaine de personnages, inconnus, abandonnés à l'objectif de Moukarzel. Dans cette ambiance feutrée, presque ambiguë, la visite de l'exposition ressemble à une invitation personnelle à pénétrer le monde de l'artiste. Les photos, tant dans la composition que dans la pose et l'éclairage, sont autant de tableaux d'un classicisme à la fois austère et revisité.
Les Souks de Beyrouth, avec ce lieu inattendu à vocation culturelle et la présence de ces êtres venus d'un autre temps, risquent d'en perdre la tête. Du moins jusqu'au 21 décembre...

*L'exposition de Roger Moukarzel sera ouverte au public de 14 heures à 21 heures et sur rendez-vous, mettant en avant des ateliers, des séances de photos, des portraits et des démonstrations en direct. Les visiteurs de l'exposition pourront y accéder à travers la rue du Patriarche Hoyek ou le Souk Arwam.
Impatient, même si apparemment froid, perfectionniste, professionnel et... fou, le très talentueux Roger Moukarzel, qui ne peut rester sans rien faire, fait toujours à sa tête. Et sa tête est pleine d'idées, d'images, de projets différents qui le chatouillent sans arrêt. Après les portraits « sur commande »...

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