Khalil Moufarrij est né à Beyrouth en 1947. Fils unique parmi cinq sœurs, il a suivi ses études primaires au Broumana High School, et secondaires au Chouaifat National College. Ses activités de prédilection: le dessin et le scoutisme. Il a ensuite rejoint les bancs de l'Université américaine de Beyrouth d'où il a décroché un Bachelor of Arts en sciences politiques.
Son intérêt pour la politique l'a mené à organiser plusieurs manifestations et à fonder un parti politique estudiantin baptisé al-Aazm (la volonté). À l'AUB, il a été cofondateur d'un groupement politique intitulé As'hab el-ra'i (les détenteurs d'idée), devenu plus tard un grand mouvement estudiantin nommé as-Sana, après avoir établi une coop et un bureau d'emploi. Un semestre avant de dérocher son diplôme universitaire, Moufarrij est atteint de la sclérose en plaques. La maladie n'a pourtant pas empêché ce jeune diplômé dynamique et ambitieux de travailler ni de voyager. Mais lorsque les symptômes de sa maladie son devenus plus invalidants, il s'est établi dans sa maison à Broummana pour se lancer dans la découverte du monde des arts. Il s'est plongé dans les livres, s'est documenté sur l'histoire de l'art, sur les différents styles et techniques picturaux. Ses premières œuvres, des dessins au crayon, représentaient pour la plupart des portraits. «Des commentaires personnalisés, descriptifs et suggestifs, qui dénotent une sens de l'observation certain», écrit César Nammour. En 2001, l'artiste utilise le pastel, mais en 2003, son matériau de prédilection devient l'acrylique. «La figuration commence à s'estomper petit à petit. Son œuvre, après 2006, devient de plus en plus abstraite», explique l'auteur. «Il n'hésite pas à mélanger plusieurs techniques sur une même toile. Il déverse généreusement le contenu de ses tubes de couleur à l'aide d'une brosse, d'un couteau ou au pinceau, toujours de manière à sublimer les couleurs», écrit Nammour. Qui décrit l'acte de peindre de Moufarrij comme étant «un acte psychosocial, un réservoir de forces dynamiques». «Certaines toiles semblent très proches du «action painting» où l'on ne retrouve ni lignes droites ni formes géométriques. Seulement l'énergie dynamique des couleurs», dit-il encore.
Voilà donc les œuvres «émotionnelles et subjectives» d'un artiste caché, d'un homme que César Nammour décrit comme étant «intelligent, cultivé, un véritable gentleman, à l'esprit positif, prisonnier de son corps et pour qui l'acte de peindre est devenu aussi essentiel que celui de respirer».