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CD, DVD - Un peu plus de...

Open space

Je n'avais jamais travaillé dans un bureau. J'ai toujours fonctionné en solitaire, en free style. Jamais personne pour me dire quoi faire ni comment faire. Quelques conseils donnés ici et là, des consignes aussi, mais rien de vraiment « bossy ». C'est juste que ma rigueur a toujours été de rigueur. Il y a un début à tout. Et, depuis un an, je travaille ou plutôt je vis avec d'autres personnes. Un an dans un open space. Un an, du lundi au vendredi; un an, six heures par jour, parfois 12 ; un an de partage, de rencontres, de séparations, de joies, de peines, de contrariétés et de reconnaissance aussi. Un bureau, c'est un lieu de vie. Une sorte de laboratoire de tout ce qui se passe à l'extérieur de ses murs. Un lieu de travail, quel qu'il soit, est un concentré de tout ce que l'existence peut nous offrir comme sentiments et ressentiments. Que ce soit une banque, la rédaction d'un magazine, une usine de matériel électrique, une société de conseil, un service hospitalier, une école, une boutique de fringues, un supermarché... ce sont tous notre deuxième chez-soi. Même si on ne s'implique pas, même si on essaye de fonctionner en solitaire, même si on reste dans son aquarium loin de tous, même si on ne partage pas son repas avec les autres à la cantine ou à la cuisine, le bureau c'est, qu'on le veuille ou pas, le grand théâtre de notre vie. Donc, le plus représentatif de ce que nous sommes. Ne dit-on pas, tu ne connais jamais vraiment les gens avant d'avoir travaillé avec eux? Et c'est comme la roulette russe, une bonne ou une très mauvaise surprise. Ne dit-on pas également, ne travaille jamais avec des amis ou la famille? Vaut mieux éviter. Mais vraiment éviter. Mais un bureau, ce n'est pas qu'un ring. Ou une scène de combat. Ce n'est pas seulement un lieu de conflits, de frustrations ou de susceptibilités. C'est aussi (et surtout) une grande aventure dont il faut savoir se distancier pour mieux en comprendre les rouages. Mieux comprendre que vivre avec quelqu'un tous les jours, qu'il fasse beau ou qu'il pleuve, n'est aisé pour personne. Déjà qu'on doit gérer sa propre individualité, ses propres interrogations, ses propres problèmes, il faut aussi avoir à composer avec ceux des autres. Avec leurs vibes, leurs karmas. La méchanceté des uns, la faiblesse des autres. Leurs hormones, leurs variations d'humeur, leurs complexes et leur ego surdimensionné. Alors, évidemment, ça pète, ça explose, ça pleure, ça fait la gueule, ça crie. Et c'est magnifique. Parce que ça se réconcilie, ça repleure, ça s'excuse, ça grandit. Et même si ça épuise, ça irrite, ça fait mal, ça forge. Ça apprend surtout que la vie, c'est aussi et surtout, surtout les autres... Ce microcosme dans lequel on évolue réunit tout ce que la nature humaine peut compter comme espèces. L'hystérique, la maniaco-dépressive, le jaloux, le pingre, la complexée, la boulotte, la frenchie coucou, l'anglais snobinard, la vieille peau, le prétentieux, le solitaire, le vieux schnoque, l'arriviste, le «shit stirrer», le narquois, l'orgueilleuse, la bigote, le moralisateur, le génie, la délurée... Bref un zoo, une sorte de cirque où tout le monde essaye de trouver sa place. Et au final, cela donne une immense famille où des clans se forment, s'affrontent, où l'ont vit, bon gré, malgré tout. En un an, j'aurais vu énormément de choses : des portes qui claquent, des cris qui fusent, des larmes couler, des démissions, des départs, des arrivées, des retours. Des cadeaux d'anniversaires, des «farewell parties», des accouchements, des interventions chirurgicales, des ruptures, des chagrins d'amour, des coups bas, des fous rires, des brushings, des nuits blanches, des naissances, des fiançailles, des deuils, des promotions, des fêtes, des engueulades, des pardons, des trahisons et de nouvelles belles amitiés. Voilà ce qu'il faut retenir de ce chemin pas vraiment tranquille, tortueux et tortillé que l'on emprunte sciemment ou pas, chacun un jour. Retenir que même s'il ne restera qu'une personne avec qui on gardera contact, retenir que même si on oublie tout le monde, même si le départ s'est fait avec fracas, dans la rancœur ou l'amertume, même si cela aura été une expérience, un moment de notre histoire, une partie de nos fondations, un fragment de ce que nous sommes. Merci pour ces 365 jours passés ensemble, merci pour ce que vous m'offrez chaque jour : oublier très souvent ce qui se passe à l'extérieur.
Je n'avais jamais travaillé dans un bureau. J'ai toujours fonctionné en solitaire, en free style. Jamais personne pour me dire quoi faire ni comment faire. Quelques conseils donnés ici et là, des consignes aussi, mais rien de vraiment « bossy ». C'est juste que ma rigueur a toujours été de rigueur. Il y a un début...

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