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Liban - Sinistre

Après l’incendie et la panique, la colère s’empare des habitants

De la fumée se dégageait encore de l'immeuble dont le dépôt rempli de produits chimiques a été à l'origine du grave incendie de mardi soir, à Aïn el-Remmaneh.

Du chlore et de la peinture se trouvaient dans le dépôt qui a pris feu. Photo Ibrahim Tawil


Une désagréable odeur de chlore flotte encore rue de La Sagesse à Aïn el-Remmaneh après l'incendie qui s'est déclenché mardi soir vers 19h30, dans le dépôt bourré de produits chimiques d'un immeuble résidentiel. Les deux premiers étages du bâtiment touché ont totalement brûlé et les flammes ont léché la façade de cet immeuble résidentiel de six étages. Vers 13h, les pompiers et l'armée sont encore sur place pour tenter d'éteindre définitivement l'incendie, et la rue toujours bouclée. Devant les décombres encore fumants, des camions évacuent de la ferraille et on peut encore entendre de petites explosions dues aux restes de produits chimiques. Lorsqu'on lève les yeux, on remarque que les fils électriques ont été endommagés. Une voiture garée devant l'immeuble a également brûlé.
L'incendie est parti d'un dépôt où étaient entreposés des matières plastiques et des produits chimiques, notamment du chlore. Parmi les habitants du quartier, tous masqués à cause des vapeurs toxiques, l'incompréhension et la colère dominent. « C'est scandaleux d'installer ce genre de dépôt en plein quartier résidentiel » s'exclame Maha, une habitante du quartier. « Il n'y a aucune surveillance de la part des gens qui travaillent là, c'est dangereux pour la population ! » Mais « tout le monde s'en fiche » qu'un tel entrepôt soit présent autour d'habitations, renchérit Toufic, un graphiste qui travaille dans un immeuble voisin.
Les habitants de l'immeuble ont été évacués après le déclenchement de l'incendie. Ceux des bâtiments voisins également et certains ont commencé à revenir ce matin, malgré la fumée. « C'était la panique, les gens étaient terrifiés », raconte Toufic. « Nous avons eu peur et nous avions du mal à respirer », relate de son côté Maha, dont la terrasse donne directement sur le lieu du sinistre. « C'était un véritable état d'apocalypse », ajoute-t-elle. Chez Maha, on est resté éveillé toute la nuit « pour voir si nous devions partir ou pas : à 5h30, il y avait encore de la fumée et les braves pompiers n'arrivaient pas à éteindre l'incendie ». En plus de la fumée, des explosions dues aux produits toxiques se sont fait entendre dans la nuit.
Les riverains sont encore sous le choc. Mais il n'y a pas de blessés graves à déplorer, à part un membre de la Défense civile qui se trouve encore à l'hôpital. Néanmoins, quelques personnes ont été affectées par les fumées toxiques. Elles ont eu des problèmes respiratoires, comme la mère de Christelle et Julie, Denise, âgée de 50 ans. Denise a été placée sous assistance respiratoire et emmenée à l'hôpital vers 22h mardi soir : « Nous sommes sorties pour voir ce qui se passait », explique Julie, qui vit avec sa mère et sa grand-mère. « Quand nous sommes rentrées à la maison, maman a commencé à tousser ; elle ne pouvait plus respirer. On l'a allongée, mais son état s'est aggravé. » Julie a alors appelé la Croix-Rouge, puis sa sœur Christelle et son père qui vivent à Achrafieh. « Elle entendait tout, mais ne pouvait plus parler », précise Christelle. Denise allait mieux hier et devrait sortir de l'hôpital aujourd'hui.
Aux abords de l'immeuble, on s'interroge sur la présence d'un tel dépôt dans un quartier résidentiel. « C'est normal de trouver des dépôts comme celui-ci », réplique Charles Karam, le frère du propriétaire, « il y en a partout dans Beyrouth ». Et selon lui, c'est parfaitement légal.
Les écoliers s'accommodent quant à eux très bien de la situation. Le Collège La Sagesse, situé juste en face, était fermé hier et le sera encore aujourd'hui.

Une désagréable odeur de chlore flotte encore rue de La Sagesse à Aïn el-Remmaneh après l'incendie qui s'est déclenché mardi soir vers 19h30, dans le dépôt bourré de produits chimiques d'un immeuble résidentiel. Les deux premiers étages du bâtiment touché ont totalement brûlé et les flammes...
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