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Culture - Le Salon en livres et en rencontres

Il était une fois, le Moyen-Orient, selon Gilbert Sinoué

Le cerveau occidental et l'âme orientale. Descartes dans la tête et Oum Kalsoum dans le cœur. C'est ainsi que Gilbert Sinoué, l'Égyptien exilé à Paris, dresse son autoportrait robot. Une description qui colle bien, en fait, à son dernier opus, la vaste saga historico-romancée en deux tomes intitulée « Inch'Allah » et dans laquelle il raconte l'histoire bouillante du Moyen-Orient.

Gilbert Sinoué et Josyane Savigneau au cours de la conférence. (Nasser Traboulsi)

Gilbert Sinoué se définit comme un optimiste inquiet. La formule «Inch'Allah», qui renferme ce mélange tout oriental d'espoir et de fatalisme, ne pouvait que mieux coller à cette ample fresque historique, ce «docu-roman», comme on dit, présenté en deux volumes, sur le Moyen-Orient. La première partie, Le souffle du jasmin, couvre la période allant de 1916 à 1956. La seconde, Le cri des pierres, mène le lecteur jusqu'aux fameux attentats du 11-Septembre.
«C'est ce jour-là qu'est née, en fait, l'idée du livre», affirme l'auteur lors d'une rencontre avec le public du 17e Salon du livre francophone. Interrogé par l'écrivaine et journaliste française Josyane Savigneau, Sinoué se souvient qu'il avait été «effaré, comme tout le monde, par les images qui passaient à la télévision... Comment ont-ils réussi à faire cela, était la question sur toutes les lèvres. Et la plupart des doigts pointaient vers les Arabes.» Ce qui intriguait Sinoué n'était pas le comment, mais plutôt le pourquoi. «Le cheminement du livre est parti de là. J'ai essayé de remonter dans le temps pour essayer de comprendre pourquoi des hommes qui ont vécu aux États-Unis pendant quelques mois, qui ont connu l'American Way of Life et qui, agissant à un ordre, sont devenus des kamikazes tuant des milliers de personnes.»
«Comme les accidents d'avion, je ne crois pas que les grands événements de l'histoire soient dus à une cause unique. Mais plutôt à une suite de circonstances qui s'enchaînent.»
Il a alors observé ce qui s'est passé dans cette région. Ces deux tomes ont nécessité, l'on s'en doute, un travail de documentation de longue haleine. «Un travail de fourmi», confirme l'auteur qui aurait passé dix ans à amasser des informations, aidé, pour le deuxième tome, par «une amie syrienne» dont il a tu le nom. «Le vrai boulot est de remettre en place toutes les pièces du puzzle sans ennuyer le lecteur. Il s'agit de trouver un équilibre entre la documentation et le roman», ajoute-t-il.
Le premier tome commence donc en 1916, avec les accords de Sykes-Picot, qui «organisent le dépeçage de la région». Le lecteur suit, en filigrane, l'histoire de quatre familles de confessions différentes, de nationalités différentes (palestinienne, juive, irakienne et égyptienne). En plus des rouages politiques, il a voulu expliquer comment les êtres humains ont vécu sur le terrain les conséquences tragiques de ce jeu de Monopoly.
Et, en marge de l'histoire, un diplomate français, Jean-François Levent, auquel l'auteur s'identifie. «Levent, c'est un peu moi, dit-il. Je suis l'observateur de ce qui se passe, à l'instar de ce diplomate français en mission un peu partout dans la région. Il sera témoin de toutes les tragédies qui frappent le Moyen-Orient. Il n'est évidemment pas d'accord avec les politiques occidentales, mais c'est un diplomate soumis à un droit de réserve et d'obéissance. Sa rencontre avec une Irakienne symbolise le choc des civilisations, ils vont tenter de se comprendre, de s'aimer, malgré tout.»
Des héros plus ou moins fictionnels que l'écrivain mêle à des personnages historiques: Churchill, Nasser, Ben Gourion, Sadate...
Le titre du deuxième opus, Le cri des pierres, fait évidemment allusion à l'intifada, «ce mouvement palestinien de révolte qui n'a d'autre arme que la pierre face à l'assaut des chars et des fusils automatiques». L'auteur, ayant lui-même, à une autre échelle, connu l'expérience d'un déracinement (celle de son enfance et de son pays natal), indique qu'il n'est pas rongé par la nostalgie de l'exilé. «Mais il reste ce manque, que l'on arrive parfois à gérer mais difficilement... avec le recul, on se dit: pourquoi appartenir à une terre. Pour ne pas essayer d'appartenir à une unité universelle?» Mais il regrette que ses parents, francophones invétérés, ne l'aient pas poussé à apprendre mieux l'arabe, pour qu'il puisse lire les poèmes et les trésors de la littérature arabe dans le texte.
Voilà donc, en somme, la sanglante histoire de ce croissant fertile (en catastrophes?). Une trame serrée, étayée par des histoires d'amour, de joies et de peines. De destins qui se croisent. D'illusions qui s'écroulent. Et d'intégrismes qui montent. Le Moyen-Orient expliqué aux néophytes, mais avec des «inside stories» croustillantes dont pourra se régaler le connaisseur de la grande histoire.
Gilbert Sinoué se définit comme un optimiste inquiet. La formule «Inch'Allah», qui renferme ce mélange tout oriental d'espoir et de fatalisme, ne pouvait que mieux coller à cette ample fresque historique, ce «docu-roman», comme on dit, présenté en deux volumes, sur le Moyen-Orient. La première partie, Le souffle du jasmin,...

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