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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Les travailleurs asiatiques, nouveau visage du catholicisme au Moyen-Orient

Attirés par l'offre de travail, les travailleurs immigrés asiatiques, principalement philippins et indiens, arrivent en masse dans les pays du Golfe et constituent le nouveau visage du catholicisme au Moyen-Orient.
En près de 30 ans, la présence catholique au Moyen-Orient a en effet connu un bouleversement de son équilibre interne qui a été évoqué à plusieurs reprises lors du synode sur le Moyen-Orient réuni par le pape Benoît XVI au Vatican jusqu'au 24 octobre. En 1980, les catholiques résidaient majoritairement dans les pays de tradition chrétienne ancienne avec un peu plus de 2 millions de fidèles, principalement au Liban, en Irak, en Syrie, en Égypte et en Israël. Et il n'y avait qu'un peu plus de 200 500 catholiques dans la région du Golfe, selon les chiffres de l'Église catholique.
Sous la pression du boom économique des pays du Golfe, qui a attiré de nombreux travailleurs immigrés asiatiques, la présence catholique dans le Golfe a explosé. D'autant plus que ces travailleurs, en majorité des femmes, traditionnellement plus pratiquantes, souffrent souvent d'exploitation et d'abus : « Le phénomène de la migration est parfois appelé le nouvel esclavage », note Mgr Orlando B Quevedo, archevêque de Cotabato (Philippines). Et « ils trouvent accueil et consolation dans la communauté chrétienne », affirme Mgr Camillo Ballin, vicaire apostolique du Koweït, un des deux seuls évêques de toute la région.
Mais ces nouveaux catholiques d'Orient ne sont pas mieux lotis que leurs coreligionnaires dans les pays de tradition ancienne lorsqu'il s'agit de vivre leur foi. « La liberté de religion, telle qu'elle est conçue par les droits de l'homme comme droit individuel de croire ou ne pas croire et de changer de religion, ne correspond pas à la conception du monde musulman », observe Mgr Paul Hinder, vicaire apostolique d'Arabie saoudite, l'autre évêque de la zone. Dans ce pays justement, le plus fermé aux religions autres que l'islam, douze Philippins et un prêtre ont été arrêtés pour prosélytisme au début du mois lors d'une messe célébrée en secret dans un hôtel.
« Dans la tradition musulmane, le Golfe est la terre sacrée du prophète de l'islam, Mohammad, et nulle autre religion ne devrait y exister », lui fait écho Mgr Ballin. Il raconte que sa cathédrale de 700 places déborde les vendredis et dimanches et qu'il a dû faire installer des micros dans la cour pour que les fidèles puissent suivre la messe. Face à l'affluence, il a ouvert un lieu de culte clandestin tandis que dans certaines parties du pays, les fidèles se rassemblent en « groupes de prières » et prient alternativement chez les uns et les autres. Pour lui, « le gouvernement, qui veut être modéré, est au courant » de ces réunions clandestines « mais il laisse faire ». « Le Koweït n'est pas un pays fanatique par rapport à l'Égypte ou l'Arabie saoudite », relève-t-il encore.
Le phénomène concerne aussi des Africains et Mgr Berhaneyesus Demerew Souraphiel, archevêque d'Addis-Abeba (Éthiopie), s'est montré préoccupé par le fait que « les chrétiens changent leur nom en nom musulman pour faciliter l'obtention de visa » et sont ainsi « indirectement forcés à nier leur héritage et leurs racines chrétiennes ».
Attirés par l'offre de travail, les travailleurs immigrés asiatiques, principalement philippins et indiens, arrivent en masse dans les pays du Golfe et constituent le nouveau visage du catholicisme au Moyen-Orient.En près de 30 ans, la présence catholique au Moyen-Orient a en effet connu un bouleversement de son équilibre interne qui a été...

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