Née en 1913 dans le Gujarat dans une famille parsie - une confession dérivée du zoroastrisme où la coutume veut que le corps des défunts soit exposé aux vautours pour ne pas être souillé par la crémation -, Homai signe ses premiers clichés en 1938 sous le nom de son mari, société d'hommes oblige.
Diplômée d'art à la JJ School of Arts de Bombay, cette femme iconoclaste en sari et cheveux courts est d'abord publiée dans des magazines comme le Bombay Chronicle ou le Illustrated Weekly of India, dont les couvertures sont coloriées à la main, pour des photos de la vie quotidienne à Bombay. C'est en 1941, lorsqu'elle s'installe à Delhi comme employée du bureau d'Extrême-Orient du service d'information britannique, qu'elle découvre avec fascination la politique. Elle devient alors un témoin-clé des dernières heures des Indes britanniques et de sa partition en deux nations, Inde et Pakistan. À une époque où les dirigeants n'étaient entourés d'aucune sécurité et où les photographes ne tentaient pas de violer leur intimité, Homai a aisément instauré un climat de confiance avec les grands hommes de l'histoire, une forme de respect et de complicité que l'on retrouve dans ses clichés. Elle immortalise aussi l'arrivée en Inde du jeune dalaï-lama, en costume traditionnel, qui vient de traverser les montagnes du Sikkim, en 1956. Mais au fil du temps, la déception s'installe, notamment envers la politique avec la corruption et les problèmes qui ont vite surgi, comme la guerre en 1962 avec la Chine. C'est aussi un changement de style : la concurrence accrue et les méthodes « gros bras » des photojournalistes ont alors raison de la motivation de Homai, alors que la sécurité autour des dirigeants s'est accrue. Son seul regret professionnel : avoir dû faire demi-tour le 30 janvier 1948, appelée par son mari pour un problème domestique, alors qu'elle se rendait à une réunion de Gandhi... au cours de laquelle il sera assassiné.
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