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Économie - Mise au point

Les déficits commerciaux vis-à-vis de la Chine ne sont pas dus à la monnaie chinoise, mais à d’autres facteurs

Ces derniers jours, la Chine était sous les feux de l'actualité, concernant, notamment, sa position sur le taux de change de la monnaie chinoise, mais aussi à propos du changement climatique et sur la capacité militaire chinoise. L'ambassadeur de Chine au Liban, Liu Zhiming, a tenu à faire une mise au point sur ces 3 sujets, au nom de son droit de réponse :
En Occident, on fait récemment souvent 3 reproches à la Chine. Le premier, c'est que la Chine exporte trop à la faveur de sa monnaie sous-évaluée, et que cela aurait déséquilibré l'économie mondiale. Le deuxième, c'est que la Chine serait devenue le plus grand émetteur de gaz à effet de serre et qu'elle refuserait de remplir les mêmes obligations que les pays industrialisés. Le troisième, c'est que la Chine serait en train de développer en grand sa capacité militaire sans faire suffisamment preuve de transparence.
Quelle en est la réalité ?
D'abord, à propos des produits chinois exportés et du taux de change de la monnaie chinoise. Oui, la Chine est maintenant le plus grand exportateur et le deuxième plus grand importateur du monde. Mais il faut savoir que presque la moitié des produits qu'elle exporte sont des produits qu'elle sous-traite pour les autres, surtout pour des Américains, Européens et Japonais. Par exemple, le 11 décembre 2009, le président Obama a autorisé la perception d'un droit de douane punitif de 25 %-35 % sur les pneus importés de Chine. Mais les 2/3 de ces pneus sont fabriqués par des entreprises américaines installées en Chine. La sous-traitance de ces produits a certes procuré du travail à des millions de Chinois, mais elle a également épuisé beaucoup de nos ressources et pollué notre environnement, alors que la majeure partie des profits de ces produits sont entrés dans la poche des investisseurs étrangers. Bien sûr, ces derniers sont toujours bienvenus en Chine. Mais s'ils viennent investir en Chine, c'est parce que la main-d'œuvre y est bon marché, que les Chinois sont travailleurs, endurants et disciplinés, et que la Chine a mis en place les infrastructures nécessaires. En un mot, c'est profitable pour eux. Les États-Unis produisent trois fois plus à l'étranger que sur leur propre territoire. Les Américains tirent beaucoup de profits des produits qu'ils font sous-traiter en Chine, tout en considérant ces produits fabriqués en Chine, puis exportés aux États-Unis, comme des exportations chinoises. Le comble des absurdités, c'est que selon certains, si aujourd'hui, aux État-Unis, le chômage est à près de 10 %, c'est la faute de ces produits chinois, et surtout la faute de la monnaie chinoise qui serait sous-évaluée et qui aurait été à l'origine de la compétitivité chinoise. Donc, on fait beaucoup de pressions sur la Chine pour que la monnaie chinoise s'apprécie dans de grandes proportions, par exemple de 40 %. Mais de juillet 2005 où la Chine a commencé la réforme du taux de change de sa monnaie au mois de septembre 2008 où a éclaté la crise financière internationale, la monnaie chinoise s'est appréciée de 21 % vis-à-vis du dollar, par contre, nos excédents commerciaux avec les États-Unis ont continué d'accroître. Alors qu'après l'éclatement de la crise financière jusqu'à récemment, la monnaie chinoise s'est arrêtée de se réévaluer, le déficit commercial américain a diminué (à partir du 19 juin dernier, la monnaie chinoise se remet à se réévaluer). Les faits ont prouvé que si les États-Unis et l'Europe ont des déficits commerciaux vis-à-vis de la Chine, ce n'est pas dû à la monnaie chinoise, mais à d'autres facteurs, par exemple, à la division du travail internationale apparue dans le processus de la globalisation. Même si les États-Unis n'importent plus les produits qu'ils importent de Chine, ils doivent les importer d'ailleurs, parce qu'ils n'en produisent plus. S'il y a tant de chômeurs aux États-Unis, ce n'est pas la faute des produits chinois, encore moins celle de la monnaie chinoise.
Sur le problème du changement climatique, la Chine n'a fait moins que personne. De 1990 à 2005, la Chine a réduit son émission de gaz à effet de serre de 46 % par unité de PIB. Et à la Conférence de Copenhague, elle a annoncé qu'elle réduirait encore, de 2005 à 2020, l'émission de ces gaz de 40 % à 45 %, toujours par unité de PIB. En plus, la Chine fera de sorte que les énergies renouvelables représenteront en 2020 15 % de la totalité de l'énergie qu'elle consommera à ce moment-là. Et elle accroîtra, d'ici à 2020, ses forêts de 40 millions d'hectares, de manière que le bois de ces forêts augmentera de 1,3 milliard de mètres cubes. Mais les Occidentaux demandent toujours plus à la Chine, en disant que la Chine serait déjà devenue le plus grand émetteur du monde de gaz à effet de serre. Nous ne sommes pas convaincus de cette affirmation. Même si c'est vrai, les Chinois sont plus nombreux que les Américains, Européens et Japonais réunis, ils ont bien le droit d'émettre collectivement un peu plus que chacun des autres pays. Ce qui est plus important, c'est que la conventions cadre des Nations unies sur le changement climatique, le protocole de Kyoto et la feuille de route de Bali ont tous clairement défini le principe de la « responsabilité commune mais différenciée ». Selon ce principe, les pays industrialisés doivent non seulement réduire, en premier et dans de grandes proportions, leur émission de gaz à effet de serre, mais également fournir des fonds et techniques nécessaires aux pays en voie de développement dont ces derniers ont besoin pour faire face au changement climatique. Cela, parce que les pays industrialisés doivent assumer 80 % de la responsabilité historique du réchauffement planétaire. Et jusqu'à ce jour, l'énergie que chaque Américain consomme tous les jours reste toujours 5 fois ce que consomme chaque Chinois. La Chine comme les autres pays en développement n'ont pas encore achevé leur industrialisation. Leur demander à eux de remplir les mêmes obligations en matière de réduction de gaz à effet de serre, au nom de la lutte contre le changement climatique, c'est non seulement injuste, contraire à l'esprit des documents internationaux, mais c'est carrément une manière de chercher à perpétuer l'écart entre le Nord et le Sud. C'est cela que nous refusons.
Accuser la Chine de développer à outrance ses capacités militaires en opacité, c'est une autre manière de faire de la Chine un épouvantail. La Chine est un pays de presque 10 millions de km2 avec plusieurs millions de km2 d'eaux territoriales. Rien n'est plus légitime qu'un aussi grand pays développe des capacités militaires pour se défendre et défendre ses intérêts, par exemple pour protéger ses bateaux commerciaux au large de la côte somalienne. Mais, en 2009, le budget militaire de la Chine ne s'est chiffré qu'à un peu plus de 70 milliards de dollars, soit environ un dixième seulement des dépenses militaires américaines. Jusqu'à ce jour, la Chine ne possède même pas un porte-avions. Et tous les pays occidentaux maintiennent toujours l'embargo sur la vente d'armes à la Chine. Donc, en ce qui concerne les équipements militaires, même si la Chine a fait des progrès, elle est toujours en retard. Accuser la Chine de ne pas être transparente, c'est accuser pour accuser, pour faire peur aux peuples des pays voisins de la Chine, pour obtenir plus de budget militaire. La Chine a une politique tout à fait défensive. À part les soldats qu'elle a envoyées pour le maintien de la paix et deux bâtiments de guerre le long de la côte somalienne, elle n'a ni soldat ni base militaire à l'extérieur. La Chine a été longtemps le pays le plus puissant du monde. Mais, elle avait construit une Grande Muraille de 6 000 km pour se défendre. En 1405, la Chine a envoyé la plus grande flotte du monde de 10 mille personnes au Sud-Est asiatique et en Afrique de l'Est, mais elle n'a pas occupé un seul pouce de territoire d'autrui. L'Empire du milieu de l'époque avait des pays vassaux, mais pas une seule colonie. La culture traditionnelle chinoise confucéenne prônait la modération, le juste milieu et non la conquête, ni la loi de la jungle. Et surtout, après 1840, des puissances étrangères ont envahi on ne sait plus combien de fois la Chine, lui ont fait subir les pires souffrances et humiliations. C'est la raison pour laquelle, même si la Chine redeviendra puissante un jour, elle ne prétendra pas à l'hégémonie, ni ne donnera aux autres ce qu'elle avait dû subir. À l'heure qu'il est, tout ce à quoi la Chine aspire, c'est un environnement international de paix et de stabilité qui lui permettra de s'industrialiser et de se moderniser. Pour atteindre cet objectif, elle poursuit invariablement une politique de développement pacifique. Elle a toujours milité et elle militera toujours pour la paix et la stabilité dans le monde et pour la coexistence pacifique entre les différents pays, cultures et systèmes sociaux. Je crois que tous les observateurs objectifs sont d'accord pour dire que la Chine est un facteur de paix et de stabilité dans le monde.

LIU Zhiming
Ambassadeur de Chine au Liban

Ces derniers jours, la Chine était sous les feux de l'actualité, concernant, notamment, sa position sur le taux de change de la monnaie chinoise, mais aussi à propos du changement climatique et sur la capacité militaire chinoise. L'ambassadeur de Chine au Liban, Liu Zhiming, a tenu à faire une mise au point sur ces 3 sujets, au nom de son droit de...

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