Rechercher
Rechercher

Liban - Éclairage

Chacun brandit ses cartes comme à la veille d’une grande bataille...

Pour la première fois depuis près de deux ans, les Libanais se sentent pris au piège, comme s'ils évoluaient dans un cercle vicieux, sans issue. L'équation paraît impossible à résoudre : d'un côté, le Hezbollah (et ses alliés) rejette totalement toute possibilité d'être accusé, ou même vaguement soupçonné, à travers quelques-uns de ses membres de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Certains de ses cadres vont même jusqu'à déclarer que même la crainte d'une discorde entre chiites et sunnites ne peut pas le faire changer de position. De l'autre, la communauté internationale - et plus particulièrement les États-Unis, la France et hier la Grande-Bretagne - ainsi que certains pays arabes comme l'Égypte, qui ne veulent rien entendre et maintiennent leur appui au TSL, assurant que rien ne peut arrêter son fonctionnement. Entre les deux, le Premier ministre se trouve dans une position très inconfortable, tiraillé entre les exigences du Hezbollah et désormais de la Syrie, et celles de la communauté internationale et d'une partie non négligeable de ses proches. D'une part, il ne peut pas renoncer au TSL qu'il a réclamé à cor et à cri pendant cinq ans. Même si, selon des rapports parvenus à l'opposition, des préparatifs militaires seraient en train d'être effectués dans certaines régions, notamment à Tripoli et dans le Nord, où les partisans de l'opposition seraient minoritaires. Le plan prévu, selon les rapports parvenus à l'opposition, consisterait à s'en prendre à ses partisans ou aux permanences des partis de l'opposition au Nord dès le premier indice d'une action de protestation quelconque sur le terrain de la part des partisans de l'opposition à Beyrouth et au centre-ville en particulier. Il ne serait ainsi pas question de se laisser faire, et si l'opposition, et en particulier le Hezbollah, est en mesure de contrôler rapidement la capitale (ou en tout cas les secteurs à dominante musulmane), il existe bien d'autres régions du pays où il n'est pas en mesure de remporter la bataille militaire, même si les régions druzes sont neutralisées à cause de la position de Walid Joumblatt.
En un mot, chaque camp brandit ses cartes comme à la veille d'une grande bataille qui serait en définitive un Waterloo pour tout le monde.
Mais derrière ces foudres annoncées, il existe un autre son de cloche, plus raisonnable, qui affirme que la situation au Liban reste contrôlée par l'accord syro-saoudien. Selon des sources (relativement) neutres, c'est vrai que l'Arabie saoudite s'est sentie doublement flouée par l'abandon par la Syrie et par la Turquie de son candidat pour la présidence du gouvernement irakien Iyad Allaoui, contraint désormais à obtenir une petite part du gouvernement de coalition en gestation. C'est vrai aussi que la Syrie a clairement montré qu'elle n'avait aucunement l'intention de desserrer ses liens avec l'Iran, comme l'avaient espéré certaines parties arabes. Mais cela ne signifie pas pour autant que l'Arabie saoudite compte renverser la table au Liban, sachant qu'au cours des derniers mois, la Syrie a consolidé sa position au pays du Cèdre et y détient désormais une grande partie des cartes. Ce qui signifierait que le moindre faux pas pourrait se retourner contre ses propres alliés libanais et les affaiblir encore plus. Ce que Riyad ne souhaite absolument pas, elle qui connaît bien les réalités libanaises, sans doute plus que son allié égyptien qui pousse vers un durcissement des positions. Les mêmes sources neutres affirment que l'Arabie saoudite sent qu'elle a perdu une manche en Irak et qu'elle n'est pas en mesure d'éteindre le feu qui continue de couver sous la cendre au Yémen. Elle n'est donc pas disposée à subir un autre revers au Liban et préfère maintenir vaille que vaille l'entente avec la Syrie pour préserver le calme dans le pays du Cèdre.
À partir de cette constatation, il est plus facile d'y voir un peu plus clair dans l'étape à venir. La tension est grande, certes, les dérapages possibles et les préparatifs accélérés, mais nul ne veut, ou ne peut, dépasser un certain plafond, qui serait de nature à modifier totalement le système libanais. Un responsable du Hezbollah a d'ailleurs déclaré il y a quelques jours que le Liban se trouve face à deux modèles régionaux : celui de Gaza, où le Hamas contrôle la totalité de la bande, et celui de l'Irak, où la nouvelle minorité qui a longtemps tenu le pouvoir s'est inclinée devant le nouveau rapport de force, tout en restant dans le paysage politique. Or, le Hezbollah ne cherche pas à suivre l'exemple du Hamas. C'est dire qu'il préfère la formule irakienne... qui exige des concessions de la part du pouvoir actuellement en place, notamment au sujet du dossier des faux témoins et de l'action du TSL. Selon le cadre du Hezbollah, ce contentieux peut se régler sans même un changement de gouvernement ni de grandes secousses... En dépit des positions extrêmes et des escalades verbales, qui restent toutefois sous le plafond syrien, les fenêtres restent encore ouvertes.
Pour la première fois depuis près de deux ans, les Libanais se sentent pris au piège, comme s'ils évoluaient dans un cercle vicieux, sans issue. L'équation paraît impossible à résoudre : d'un côté, le Hezbollah (et ses alliés) rejette totalement toute possibilité d'être accusé, ou...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut