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Culture - Exposition

Raymond Depardon présente « sa » France à la BNF

Après avoir longuement sillonné l'Hexagone dans un fourgon blanc aménagé, le photographe Raymond Depardon dévoile « sa » France, un pays fait de cafés de sous-préfecture, de commerces périurbains, de maisonnettes modestes, où la couleur s'affiche sans complexe, écrit Pascale Mollard-Chenebenoit de l'AFP.

Raymond Depardon présente une autre France.

Cette France un peu «ingrate, bricolée», selon le photographe, est à découvrir à partir de jeudi dans une exposition à la Bibliothèque nationale de France, dans le XIIIe arrondissement de Paris.
La BNF présente jusqu'au 9 janvier une sélection de 36 tirages argentiques en couleur de très grand format. Les photographies ont été prises à la chambre 20X25, offrant une vision frontale.
Le projet a démarré en 2004. «J'ai choisi de travailler sur les zones faibles», celles auxquelles on ne prête pas attention, celles que souvent on n'aime pas voir, explique le photographe dans un entretien à l'AFP.
Le cinéaste, qui aimait beaucoup la géographie à l'école, a procédé par élimination : pas d'évocation du monde rural, sur lequel ce fils de paysan a déjà beaucoup travaillé. Pas de centre-ville car «c'est compliqué d'y garer son camping-car», indique-t-il en souriant. Pas de banlieues non plus car il s'agit d'un autre type de travail qui «demande à être introduit», relève-t-il.
Restait «la France du milieu», «de l'entre-deux». Celle dont on ne parle «que lorsqu'il y survient un fait divers ou une catastrophe naturelle», souligne Depardon. Une France «sans pittoresque», «pas très gaie», mais «pas déprimée» pour autant, estime le photographe.
«Avec des couleurs incroyables», que l'on n'utiliserait pas dans les centres-ville par «crainte du mauvais goût», poursuit-il. D'après ses observations, le rouge est désormais très présent dans le paysage. Parti du nord, il semble selon lui gagner le sud.
Devantures de café carmin, salons de coiffures ripolinés en turquoise. «Ce sont des couleurs presque politiques. Elles disent "je veux exister"», considère Depardon.
Sa France a parfois un petit parfum d'années 1950. «C'est mon faible», reconnaît le photographe, âgé de 68 ans. «Ça fait tilt pour moi, ces années formica», poursuit-il.
L'aventure a représenté l'équivalent d'un an de travail. Le photographe a acheté un fourgon tout aménagé. Puis après quelques repérages, il s'est lancé sur les routes, en solitaire, en commençant par le Pas-de Calais. Des expéditions d'une quinzaine de jours à chaque fois.
«Je me garais sur les places de village. Un matin, je me suis retrouvé en pyjama au beau milieu d'un marché qui venait de se monter», se souvient-il avec amusement.
Le photographe plantait sa chambre devant les maisons, les commerces et glissait la tête sous un voile photographique rouge. «Les gens venaient me parler. Les jeunes surtout étaient fascinés par ce procédé.»
Depardon inscrit son œuvre dans le sillage des photographes américains Walker Evans (1903-1975) et Paul Strand (1890-1976), auxquels il rend hommage dans l'exposition.
Pour parler de «sa France», il a choisi de photographier des constructions, des routes, pas des hommes.
Mais ses photos parlent des gens modestes qui habitent ces maisons, ces petits immeubles et font vivre ces commerces.
Depardon, qui habite le centre de Paris, confie une certaine «tendresse» pour ces lieux intermédiaires. Il affirme qu'il pourrait habiter ce genre d'endroit. «Parfois je suis tenté de quitter la capitale», confie-t-il. «Ces gens ont de l'air. Et ils voient l'horizon.»
Le livre, coédité par la BNF et le Seuil, permet de faire un tour de France plus complet. Il comporte plus de 300
photographies.
Cette France un peu «ingrate, bricolée», selon le photographe, est à découvrir à partir de jeudi dans une exposition à la Bibliothèque nationale de France, dans le XIIIe arrondissement de Paris.La BNF présente jusqu'au 9 janvier une sélection de 36 tirages argentiques en couleur de très grand format. Les photographies ont...

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