Salamé invité d’honneur à une conférence à la Banque centrale d’Italie

Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, s'est rendu hier à Rome afin de participer en tant qu'orateur principal à une conférence réunissant de hauts responsables bancaires et des experts financiers au siège de la Banque d'Italie.
Lors de son intervention, M. Salamé s'est penché sur la crise financière mondiale, soulignant notamment la nécessité de concentrer entre les mains d'une seule autorité - à savoir les banques centrales - l'ensemble des responsabilités et prérogatives liées à la supervision et la protection de la stabilité financière. Il a ajouté que les banques centrales devraient utiliser à bon escient les instruments dont elles disposent afin de prévenir ou de gérer toute crise financière, nonobstant la nature des prérogatives qui leur sont conférées.
Plus en détails, présentant, en parallèle, le modèle libanais, le gouverneur a insisté sur la nécessité d'établir un système de gestion des cours des devises, qui empêcherait toute fluctuation démesurée néfaste au commerce international et aux institutions financières en général, ainsi que la conclusion d'un accord qui limiterait les fluctuations des taux de change. « De telles mesures permettraient de sonder la volonté de coopération visant à éviter à l'avenir toute crise financière et économique, sans parler des problèmes sociaux qui en découleraient », a-t-il affirmé.
M. Salamé a ensuite préconisé l'unification des autorités de contrôle, de telle sorte que les commissions de contrôle, les institutions financières et les organes de lutte contre le blanchiment de capitaux soient sous la tutelle d'une seule et même autorité, la Banque centrale, « ce qui consolide la stabilité, renforce la confiance et permet d'éviter les nombreuses crises et les risques croissants qui y sont associés et qui menacent les marchés », selon lui. Autre point soulevé, la nécessité de distinguer entre le rôle des banques commerciales et celui des banques d'affaires. À cet égard, le gouverneur a indiqué que les liquidités étaient essentielles pour la continuité de l'activité bancaire : « Les fonds de la banque commerciale assurent cette continuité, notamment dans les opérations de crédit et le marché du travail », a-t-il noté, mettant également en relief l'importance des institutions de garantie des dépôts, « dont le rôle consiste à tranquilliser les déposants ». « Toutefois, le fait d'anticiper les crises, d'y faire face rapidement et d'adopter les solutions saines demeure une condition sine qua non empêchant la récurrence de la crise que nous vivons actuellement », a-t-il ajouté.
Enfin, parmi les risques à prévenir, M. Salamé a cité l'inflation, « qui peut survenir en raison du volume de liquidité injecté par les États, gouvernements et banques centrales, ce qui conduirait à une hausse des taux d'intérêt et à une baisse des prix des obligations souveraines et commerciales, qui constituent une part importante des avoirs des banques et de la richesse des particuliers et sociétés ». « Quant à la baisse actuelle des taux d'intérêt, celle-ci pousse nombre d'investisseurs à acheter n'importe quel produit, faisant fi des risques y afférents et espérant réaliser un bénéfice quelconque, quoique incompatible avec le degré du risque », a-t-il conclu.
Par ailleurs, M. Salamé entamera sa tournée transatlantique après la conférence de Rome, se rendant d'abord à Chicago, où il sera reçu et honoré par l'ensemble du corps professoral universitaire de la ville, ainsi que par le président de la Banque fédérale de Chicago. Le gouverneur se rendra ensuite à Washington pour participer aux réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM).