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Culture - Musique

Les nouveaux (Vi)Kings du jazz

Il s'appelle Nils Peter Molvaer (à prononcer Molvair). Il vient du pays des fjords. Et c'est cet excellent trompettiste nordique, accompagné de deux de ses compagnons, que Karim Ghattas a choisi pour donner le coup d'envoi à la saison Liban-Jazz. Une saison qui s'annonce forte.

Nils Peter Molvaer, une trompette nordique aux sons bien chauds. (Marwan Assaf)

Sans relâche, sans répit même. Comme des battements de cœur qu'aucune arythmie ne pourrait atteindre. C'est ainsi que Niels Peter Molvaer, entouré de ses deux musiciens (un guitariste et un percussionniste) a entraîné l'audience du Music-Hall, durant une heure trente, vers un espace fusionnel et intergalactique. Comme un brasier glacé, les notes chaleureuses mais électriques, bouillonnantes mais métalliques, éruptives et volcaniques, mais sourdes et feutrées, épurées mais caracolantes, envahissent l'espace et s'y installent.
Sur fond d'écran, où les faisceaux de laser hauts en couleur, tel des lavis, suintent, se resserrent, s'harmonisent puis se séparent et se dispersent, l'organique joue avec le physique et le visuel épouse le sonore.

Climats molvaeriens
Molvaer utilise souvent la sourdine à sa trompette, c'est ce qui rappelle, dit-on, le son de Miles Davies dans les années 70-80, sans pourtant être formatée sur cette musique. Mais ce Norvégien, virtuose de la composition, a réussi au fil du temps à créer son propre paysage sonore tout en évoquant plusieurs univers et en l'émaillant de références musicales différentes. Si le jazz est omniprésent, les perfusions rocks ou techno, ou encore le souffle orientaliste comme dans ce dernier album Hamada, ne manquent pas de brouiller les cartes et rendre ces musiciens libérés de tout label ou étiquette. La guitare devient soudain contrebasse sous le coup de l'archet et le simple cuivre, puissant et créateur, génère des sons de darbouka. Et toujours cette trompette «molvaerienne», aérienne et lunaire, qui charrie des milliers de sons et de tonalités.
C'est dans cette profonde nuit noire que les trois artistes, tout en rompant les liens avec le public (comme s'ils pénétraient une autre stratosphère), vont se fondre dans la pluie torrentielle de notes et de couleurs, laissant leurs ombres se profiler tantôt sur la scène, tantôt sur l'écran. Une sorte de mysticisme musical. Malgré cette distanciation de la présence physique (et certainement pas musicale), le public y adhère fortement. C'est qu'il a compris que les artistes sont au seul service de l'art musical. L'audience est d'ailleurs modestement invitée à y pénétrer. Plus besoin de bavardage ou de présentation, les morceaux s'enchaînent inspirés de plusieurs albums créant des climats différents.
Nils Peter Molvaer et ses acolytes, ces musiciens venus du pays le plus écologique du monde, parlent de la terre et des ses remous, de l'air et de ses turbulences, du feu et de ses flammes.
Sous les geysers de sons et de lumières, le temps s'est soudain arrêté. Et s'est fait musique.
Sans relâche, sans répit même. Comme des battements de cœur qu'aucune arythmie ne pourrait atteindre. C'est ainsi que Niels Peter Molvaer, entouré de ses deux musiciens (un guitariste et un percussionniste) a entraîné l'audience du Music-Hall, durant une heure trente, vers un espace fusionnel et intergalactique. Comme un brasier glacé, les notes...

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