Le chef de file des députés dissidents Italo Bocchino avait peu avant annoncé l'aval de son groupe Futur et Liberté (FLI) fort de 34 députés en affirmant avoir le sens du « devoir » et vouloir que « la législature se poursuive » jusqu'en 2013. M. Bocchino a cependant réclamé pour FLI le droit de définir avec le parti berlusconien Peuple de la liberté (PDL) et son allié de la Ligue du Nord le contenu des projets et lois à mener à bien dans les deux années et demie à venir. Les « finiens » ont au passage annoncé la création d'un parti autonome du PDL.
Le matin, dans un discours inhabituellement modéré, M. Berlusconi avait multiplié les gestes d'apaisement, en qualifiant par exemple de « nécessaire et légitime » le débat au sein de la majorité et en reconnaissant l'importance d'un « Parlement libre et fort ». Au terme de son intervention, il a appelé « à la cohésion nationale », demandant à « tous les modérés et réformateurs », y compris au sein de l'opposition, de continuer de « travailler ensemble ».
À aucun moment de son discours, M. Berlusconi, qui a fêté hier ses 74 ans, n'a mentionné M. Fini, le président de la Chambre des députés, qu'il a chassé du PDL en juillet parce qu'il ne supportait plus ses prises de distance. Le départ de Fini a privé le Cavaliere de sa majorité absolue garantie à la Chambre (316 sur 630). « Il y a beaucoup à faire pour terminer ce qui a été commencé », a indiqué M. Berlusconi, se disant par avance certain du feu vert du Parlement car « personne au sein de la majorité ne trahira l'engagement sur l'honneur pris face aux électeurs » en 2008. Même l'opposition a noté le caractère rassembleur de son discours, après des semaines d'invectives entre les deux ex-alliés, le parti Italie des valeurs (IDV) estimant qu'il ressemblait à une « bénédiction urbi et orbi » du pape.
Mais l'ancien magistrat anticorruption et chef d'IDV, Antonio di Pietro, a mené une violente charge contre M. Berlusconi qu'il a qualifié d'« illusionniste sans scrupule », de « violeur de la démocratie », l'accusant de vouloir se maintenir au pouvoir uniquement pour échapper à ses ennuis judiciaires. Dans son discours, le Cavaliere a énuméré cinq projets-clés à accomplir d'ici à 2013 : justice, fédéralisme, plan pour le Sud, fiscalité, sécurité. Le fédéralisme sera une « charnière pour l'unité du pays » et bénéficiera « à toutes les régions et surtout au Sud », a-t-il assuré. Conformément à sa ligne politique, il a promis moins d'impôts pour favoriser la recherche scientifique, les entreprises, les familles ; tout cela sans alourdir l'énorme dette du pays. Sur le dossier brûlant de la justice sur lequel de nombreuses dissensions l'opposent aux « finiens », il s'est limité à annoncer une réforme pour « réduire la durée des procès », très longue en Italie. M. Berlusconi s'est montré consensuel aussi sur l'immigration, autre sujet de discorde avec M. Fini, se bornant à se féliciter d'une chute de 88 % des débarquements de clandestins. En matière de sécurité, il a souligné les succès de son gouvernement dans la lutte antimafia qui dispose des « normes les plus efficaces du monde ». Il a également annoncé un plan d'investissement de 21 milliards d'euros pour le Sud, promettant notamment l'achèvement d'ici à 2013 de l'autoroute entre Salerne et Reggio de Calabre, sujet récurrent de la politique italienne depuis 40 ans.
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