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Nos Lecteurs ont la Parole

Créer, disent-ils

Par Amine JREISSATY
Être célibataire ou en attente d'un mari est pour les Libanaises l'occasion de déployer leur talent.
Talent de femmes d'intérieur, de mannequins, de fashionistas, mais surtout de créatrices. Créatrices de quoi ?
Elles font tout ! Des sacs, des chaussures, des bijoux, des serre-tête, des chaussettes, des barrettes et surtout des vêtements !
- Yihhh elle est belle ta robe !
- Merci hayete, c'est mon desiiiiiiiiiiiiiiign !
Oui, elles se veulent créatrices... Je dirais même « designeeeeer ». Et le meilleur, c'est qu'il y en a tellement que l'alphabet n'y suffit pas. De « A by Anna » à « Z by Zizi » en passant par « B by Bahiya », « Chi by Chiara » et on en passe, elles sont partout, tellement nombreuses que tous les goûts, toutes les classes sociales et toutes les catégories de femmes (belles, moches, grosses, minces, extravagantes, classiques) y trouvent leur compte.
Oui, elles ont pensé à tout !
Le plus désolant, c'est qu'elles prennent la place des vrais créateurs. Des créateurs qui ont étudié la mode, qui ont suivi des études coûteuses pour créer et vivre du don qu'ils ont.
Ces gens-là sont écrasés par celles que « papa finance ».Celles qui, parce que « papi » a de l'argent, et parce qu'elles partent à Paris deux fois par mois, s'estiment assez expérimentées pour acquérir l'inspiration et faire une « collectiooooon ».
Ces jeunes talents sont envahis par celles qui, par une grâce du ciel, sont nées belles (et ont fait faire quelques belles photos par un bon photographe) et se disent enfin prêtes pour lancer leur propre marque... Celles qui, après avoir fait de la finance, du droit, ou même avoir travaillé dans l'alimentaire, lâchent tout et partent faire un mois, trois mois, six mois, ou parfois prennent la peine de faire un an de mode parce qu'elles adorent faire du shopping.
Désolé ! Elles ne sont pas tellement futées pour comprendre qu'être fashionista ce n'est pas comprendre la mode, ni y travailler ni même en vivre.
Elles ne connaissent même pas la différence entre mode et tendance.
Alors que les créateurs, ceux qui ont tout donné pour y accéder, sont soit enterrés sous cette marée de « nanas », soit se prennent pour les rois de la mode.
Alors ceux-là sont juste extra. Ils copient les robes de tous les grands et osent se dire : ana designer coutuuuure. Mais ils ne savent pas que, pour être créateurs de haute couture comme ils se veulent, il faut que toute leur collection soit à 80 % faite à la main. Et qu'il faut avoir un minimum de 70 couturières (dont, comme chez Chanel par exemple, une première d'atelier pour les robes, une pour les tailleurs et une pour la robe de mariée). Pour eux, c'est du n'importe quoi.
Ce qui m'éclate le plus, c'est de voir sur mon chemin (en allant à Rabieh) sur ces façades d'immeubles, des nouveaux prodiges de la mode qui se veulent haute couture... avec des campagnes publicitaire à faire pleurer toute personne qui a du goût !
Ils se veulent « privé » (à la Armani), quand toutes les clientes sont publiques. Ils se veulent « haute couture » quand ce qu'ils donnent est le plus bas de ce que j'appellerai « potable ». Oui, c'est triste.
Que deviendra cette industrie qui pèse (en revenu annuel) 300 milliards de dollars ?
Pour ceux qui ne le réalisent toujours pas, la mode est l'industrie qui englobe le plus de domaines au monde : les célébrités (qui ne sont qu'un objet de présentation), les festivals (de Cannes, de Venise, de Deauville), les Oscars, les MTV Music et Movie Awards, les NRJ Music Awards, les Molière, les vidéo-clips, les agences de mannequins, les photographes, les medias, les boîtes de pub, les journalistes, les boîtes d'événementiel, sans oublier la politique.Tout cela est relié à la mode. Et on ose encore dire que ce domaine est « limité".
Dieu du ciel! C'est un des seuls domaines au monde où la routine n'existe pas, où l'épanouissement est journalier. Oui, la mode fait parti du quotidien de chaque être humain. De 7 mois à 77 ans, la mode est une école journalière.
Être célibataire ou en attente d'un mari est pour les Libanaises l'occasion de déployer leur talent. Talent de femmes d'intérieur, de mannequins, de fashionistas, mais surtout de créatrices. Créatrices de quoi ? Elles font tout ! Des sacs, des chaussures, des bijoux, des serre-tête, des chaussettes, des barrettes et surtout des...

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