Le charbon, précieux filon pour la Mongolie

Après le cuivre et l'or, le charbon est devenu la ressource naturelle sur laquelle se focalise l'attention des investisseurs en Mongolie, grâce à d'abondantes réserves d'excellente qualité et à la proximité de l'énorme marché chinois.
« Le charbon est un sujet très en vue en Mongolie », a déclaré à l'AFP le député Sanjasurengiin Oyun en marge d'une conférence intitulée « Découvrir la Mongolie ».
« Les prix sont en hausse et la demande énergétique chinoise est insatiable. Il est temps de nous diversifier au-delà du cuivre et de l'or pour nous tourner vers nos autres ressources naturelles », affirme-t-il.
L'an dernier, la Mongolie a signé après de longues négociations un accord pour l'exploitation d'un énorme gisement de cuivre à Oyu Tolgoi, ainsi qu'un autre pour une mine d'or, avec l'entreprise canadienne Ivanhoe Mines et le géant anglo-australien Rio Tinto.
Désormais, les stratèges du secteur minier s'intéressent à la mine de Tavan Tolgoi dans le sud du désert de Gobi, l'une des plus vastes réserves de charbon inexploitées de la planète.
Située à 270 kilomètres de la frontière chinoise, elle contient 6,4 milliards de tonnes de charbon, dont environ un quart de coke de haute qualité destiné à la sidérurgie, le reste étant du charbon thermique.
« Les réserves sont énormes ici. Elles sont proches de la surface, facilement accessibles et de haute qualité », a déclaré à l'AFP Graeme Hancock, spécialiste du secteur minier à la Banque mondiale.
« Au rythme actuel, les réserves seraient encore être exploitables dans 10 000 ans », selon M. Hancock.
L'an dernier, le gouvernement mongol avait commencé à recevoir des offres de compagnies minières intéressées par une licence d'exploitation à Tavan Tolgoi.
Le groupe chinois Shenhua, l'américain Peabody Energy, le groupe minier anglo-suisse Xstrata et le brésilien Vale s'étaient déclarés intéressés, jusqu'à ce qu'Oulan-Bator décide de conserver entièrement la propriété de la mine.
L'entreprise d'État Erdenes MGL LLC, chargée de gérer les participations manières du gouvernement et qui détient 34 % d'Oyu Tolgoi, a créé une filiale, Erdenes Tavan Tolgoi (ETT), pour gérer ses actifs liés au charbon. Elle devrait confier le développement de Tavan Tolgoi à une société privée.
Sans attendre l'exploitation de cet énorme gisement, la Mongolie a déjà augmenté ses exportations de charbon, qui ont doublé l'an dernier, a déclaré lors de la conférence qui s'est achevée la semaine dernière, Alexander Molyneux, président de SouthGobi Energy Resources.
« La Mongolie devient logiquement le principal fournisseur de la Chine », selon M. Molyneux, ajoutant qu'en 2010, le géant asiatique devrait importer 39 % de son charbon de Mongolie, contre 11 % en 2009.
La Chine est à la fois le premier producteur et le premier consommateur mondial de charbon, qui couvre 70 % de ses besoins énergétiques. La Mongolie permet à la Chine de réduire sa dépendance vis-à-vis de l'Australie. Selon M. Molyneux, environ 47 % des importations chinoises de charbon devraient venir d'Australie cette année, contre 66 % en 2009.
Mais Oulan-Bator cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine et prévoit la construction d'une ligne de chemin de fer reliant sur 4 500 kilomètres le désert de Gobi à un port de la côte pacifique russe pour acheminer le charbon vers le Japon et la Corée du Sud.
« Le gouvernement a adopté un plan pour construire un chemin de fer vers la Russie. C'est notre priorité », a déclaré le chef de l'Autorité mongole des ressources naturelles, Batkhuyag Dorjpurev, lors de la conférence.
Une décision plus géopolitique qu'économique, selon les analystes, même si M. Dorjpurev promet la construction d'une autre ligne vers la Chine dans un deuxième temps.