Ce programme, soutenu par l'armée américaine, est déjà en cours dans les provinces du Wardak (centre) et de l'Oruzgan (Sud), des bastions de l'insurrection menée par les talibans. « Il sera étendu très vite au reste du pays », notamment dans le sud, le sud-ouest et l'est du pays, où se trouvent les fiefs insurgés les plus durs, a promis le vice-ministre. M. Mangal a évoqué une force de 10 000 hommes, sans préciser si cela devait augmenter par la suite. Un chiffre modeste au regard de la taille de l'armée (134 000 hommes actuellement) et de la police (100 000 hommes), qui peinent déjà à maintenir la sécurité dans le pays sans les forces internationales. Ces nouvelles forces dépendront du ministère de l'Intérieur et toucheront l'équivalent de 60 % du salaire des policiers, qui perçoivent environ 200 dollars, un salaire en bas de l'échelle. Ils seront formés pendant trois semaines par des officiers de police et équipés en armes, à moins « qu'ils n'apportent les leurs », selon M. Mangal.
Le commandant des forces américaines et internationales, le général David Petraeus, et le président afghan Hamid Karzaï avaient trouvé un accord début juillet sur la création de cette « force de police locale ». Les États-Unis cherchaient en effet depuis 2009 à favoriser la création de ces milices dans l'espoir de favoriser une rébellion tribale à grande échelle contre les insurgés. Mais le président Karzaï estimait à l'époque qu'il s'agissait d'une « mauvaise idée » qui allait « encore plus ruiner le pays ». Nombre d'observateurs soulignaient qu'il valait mieux renforcer la police, souvent considérée comme inefficace et très corrompue, et l'armée plutôt que refaire l'erreur du gouvernement prosoviétique de la fin des années 1980. Pour appuyer ses forces de sécurité défaillantes, celui-ci avait créé des milices tribales qui finirent par se retourner contre lui, ouvrant la voie à une féroce guerre civile à laquelle elles se livrèrent de bon cœur. Aujourd'hui, le gouvernement prend bien soin de parler de « force de police » placée sous le commandement du ministère de l'Intérieur, et non de « milices tribales ».