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Liban - Interview

Charaf Abou Charaf : Laissons la politique loin des affaires ordinales

Cardio-pédiatre, le nouveau président de l'ordre des médecins, le Dr Charaf Abou Charaf, est connu pour sa modestie et sa franchise. Soucieux du bien du médecin et de l'institution qu'il présidera jusqu'en 2013, il affirme ne pas vouloir mêler la politique aux affaires de l'ordre.

Le Dr Charaf Abou Charaf: «J’ai été soutenu durant ma campagne électorale par un groupe politique, mais l’une des conditions que j’avais alors posées, c’était d’agir au sein de l’ordre en tant qu’indépendant.»

«Je ne suis pas venu mettre en cause ce que mes prédécesseurs ont fait, mais compléter ce qu'ils ont déjà entamé.» D'emblée, le nouveau président de l'ordre des médecins de Beyrouth, Charaf Abou Charaf, coupe court à toutes les rumeurs qui ont suivi son élection à la tête de l'ordre et selon lesquelles, il va rouvrir le dossier de la Maison du médecin.
«Après avoir discuté avec l'avocat de l'ordre et le Dr Georges Aftimos (ancien président), j'ai constaté que ce dossier a été clos de la meilleure manière judiciaire possible, insiste le Dr Abou Charaf. Cela ne veut pas pour autant dire que nous innocentons le responsable, même s'il ne l'est qu'indirectement, et qu'il n'y a pas eu des dilapidations, mais la justice a tranché et je me conforme à sa décision. Nous pouvons enfin tourner la page et nous occuper de ce qui intéresse vraiment le médecin.»
Le Dr Abou Charaf compte ainsi s'attaquer aux problèmes chroniques dont souffrent les médecins - la relation avec la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS) et les hôpitaux privés, à titre d'exemple - qui étaient l'une des priorités des anciens présidents de l'ordre. «Ce genre de problèmes chroniques ne peut être résolu par la force et la confrontation, mais par la diplomatie et le dialogue, explique-t-il. C'est ce que nous essayons de faire à travers des rencontres intensifiées avec toutes les parties concernées afin d'aboutir à un compromis qui satisfasse les deux parties. Le problème reste toutefois la corruption constatée dans les administrations publiques, qui empêche le responsable, aussi bien intentionné soit-il, de mener les réformes nécessaires. Malheureusement, c'est un problème inhérent à toutes les institutions de l'État. Mais il ne faut pas pour autant baisser les bras et se laisser aller au désespoir. Personnellement, je suis convaincu que si chaque partie mettait un peu du sien, nous pourrons faire la différence. Mais il faudrait aussi ne pas mêler la politique à ces problèmes qui sont avant tout des revendications d'ordre ordinal.»
Au nombre de ces revendications, figurent notamment la relation des médecins avec la CNSS dans les différents domaines (hausse des honoraires, amélioration du statut du médecin, règlement des factures, sécurité sociale après l'âge de la retraite...) et avec les hôpitaux de façon à garantir les droits des deux parties. «Près de 70% des médecins font moins que 1000 dollars par mois, déplore le Dr Abou Charaf. Il s'agit surtout des médecins qui sont dans les régions périphériques. Cette situation pousse un grand nombre d'entre eux à choisir une activité supplémentaire pour joindre les deux bouts, ou même à émigrer. Malheureusement, à l'heure actuelle, nous n'arrivons pas à assurer les garanties et les opportunités qui se présentent à l'étranger tant pour le médecin que pour sa famille. Le Libanais est sujet à une inquiétude constante, en raison de l'instabilité surtout sécuritaire.»

Programmes socioculturels
L'amélioration de la retraite du médecin est un autre projet à l'ordre du jour du programme du président de l'ordre. «La retraite du médecin est déplorable, constate le Dr Abou Charaf. Il touche actuellement 600000 LL par mois. Nous cherchons des ressources pour alimenter la caisse de façon à pouvoir augmenter la retraite jusqu'à 1000000 LL mensuels, dans un premier temps. Nous avons plusieurs propositions que je pense seraient approuvées, comme l'augmentation des cotisations annuelles dans une proportion de 50% et du droit d'adhésion comme l'ont déjà fait d'ailleurs d'autres ordres et syndicats, l'usage du timbre sur les factures hospitalières et les ordonnances en espérant pouvoir unifier le format de ces ordonnances dans les prochains mois. J'œuvre également à domicilier les indemnités mensuelles de la retraite et d'obtenir un prix de groupe pour un plan de retraite.»
Le Dr Abou Charaf estime par ailleurs que pour réussir dans la réalisation des projets, il est important d'éloigner la politique des affaires ordinales, pour «le bien de l'ordre et du médecin». Rendant hommage à son prédécesseur, le Dr Georges Aftimos, qui a réussi à garder l'ordre à l'abri de la politique, le Dr Abou Charaf s'est engagé à poursuivre dans cette ligne, «bien que certaines parties veulent le contraire». «J'ai été soutenu durant ma campagne électorale par un groupe politique (le Courant patriotique libre, NDLR), que je remercie, mais l'une des conditions que j'avais alors posées c'était d'agir au sein de l'ordre en tant qu'indépendant, affirme-t-il. Je suis libre en tant que personne d'appuyer le parti politique que je veux, mais mes affinités politiques ne doivent pas interférer dans les affaires de l'ordre. D'ailleurs, nous avons besoin des hommes politiques pour qu'ils appuient nos projets au sein du Parlement ou au Conseil des ministres, mais non pas au sein de l'ordre.»
En marge des soucis ordinaux, le Dr Abou Charaf prévoit de tirer profit de la salle des conférences de la Maison du médecin, «qui est dotée d'un important équipement technologique». Pour ce faire, des contacts seront établis avec différentes parties pour organiser des soirées musicales et littéraires, expositions, etc., «sauf les activités politiques». Une partie des revenus de ces soirées alimentera la caisse de l'ordre et une autre partie sera versée au profit d'organisations non gouvernementales, dont les activités sont centrées sur le soutien des patients et de leurs familles.
«Je ne suis pas venu mettre en cause ce que mes prédécesseurs ont fait, mais compléter ce qu'ils ont déjà entamé.» D'emblée, le nouveau président de l'ordre des médecins de Beyrouth, Charaf Abou Charaf, coupe court à toutes les rumeurs qui ont suivi son élection à la tête de l'ordre et selon...
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