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Lifestyle - Hotte d’or

Lactose

J'ai quitté Faraya comme une voleuse. D'abord parce que l'Apollon du désert voulait d'autres nuits comme celle que nous avons passée. Une nuit nécessairement orpheline puisqu'une fois digérée sa peau ambrée et musquée je me suis ennuyée comme une âme en peine. Ensuite parce qu'il faisait encore plus chaud que sous le soleil du point le plus exposé du désert d'Arizona. Je suis allergique à la chaleur. Diaphane je suis née, diaphane je vis, diaphane je mourrai. Arrivée à Beyrouth, j'ai immédiatement giflé Louisa - et avec elle tout le Portugal : à mon service depuis quinze ans, cette cruche avait omis de brancher la climatisation. Et dire qu'elle est traitée comme une tsarine. Que je l'habille, après chaque ménage de printemps de mon dressing-room, encore plus follement que Sarah Jessica Parker dans Sex and The City. Tout va à vau-l'eau. J'ai exigé avec force glapissements qu'elle me prépare ma piscine des jours de canicule. Pendant qu'elle s'exécutait en pleurnichant, je téléphonais pour prévenir que je serai légèrement en retard au déjeuner littérature & gossip que nous tenons chaque lundi avec quelques bonnes amies. Éblouissante dans ma tenue préférée (celle d'Ève), les cheveux lâchés et des goggles Adidas sur les yeux, je grimpais dans ma piscine : ma maxibaignoire en marbre Spadaccini rouge remplie de Veuve Clicquot et de glaçons dans laquelle je me suis enfoncée en apnée pendant deux minutes. Je suis une grande sportive. Après quelques mouvements de champagne-gym et quelques lampées de mon liquide de vie, je me suis laissée sécher par Louisa puis me suis enduite de mon soin hydratant Super Aqua-Day de Guerlain dont les effluves se marient savamment avec ceux créés il y a des années par Barbe Nicole de Ponsardin. Le restaurant où nous avions rendez-vous est à deux minutes à pied de chez moi. Au bout d'exactement 45 secondes, en eau, en nage, en rage, je suis retournée chez moi. Je beuglais littéralement lorsque j'ai ordonné à Louisa de préparer ma piscine des jours de surcanicule. Nouvelle Ève, je me mets à genoux, prêtresse d'Aphrodite sur son Carrare carmin, et Louisa me déverse pendant trois minutes chrono et moi m'en fomentant minutieusement 3,5 litres de lait d'ânesse précieusement ramenés de son haras-asinerie békaaiote par mon amie Michèle de Freige. Parce que ce que mes chères aïeules Cléopâtre, Poppée (la femme de ce délicieux Néron) et Pauline Bonaparte, entre autres, ne savaient pas, c'est que le lait de cette charmante créature protège aussi des températures gargantuesques. Une fois ointe, je me suis rhabillée (un minishort Viktor & Rolf, un marcel-marinière Jean-Paul Gaultier et des sabots Chanel) en chantonnant un air dont ma nourrice vénitienne abusait pour m'endormir quand je n'y arrivais pas : Un jour d'une ânesse / Le lait me rendit la santé / Et je dois à cette circonstance / Davantage aux ânes qu'à la faculté. Voilà. Miam miam.
margueritek@live.com
J'ai quitté Faraya comme une voleuse. D'abord parce que l'Apollon du désert voulait d'autres nuits comme celle que nous avons passée. Une nuit nécessairement orpheline puisqu'une fois digérée sa peau ambrée et musquée je me suis ennuyée comme une âme en peine. Ensuite parce qu'il faisait encore plus chaud que sous le soleil du...
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